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08/07/2022 03:23

SÉCURITÉ : «Nous aimons la police», lance Thierry Falconnet

Lors d'un débat sur la tranquillité publique ce mardi 5 juillet, associant justice, police et municipalité, le maire de Chenôve a indiqué ne plus employer l'expression «vivre ensemble» et a demandé à l’État «plus de moyens» pour la police nationale.
Le maire de Chenôve Thierry Falconnet (PS) a tenu la troisième réunion sur la tranquillité publique depuis 2015 avec l'objectif de mener un «dialogue démocratique et républicain» dans une période de tension avec les forces de sécurité intérieure.

À ses côtés se trouvaient Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon, Jean-Claude Dunand, directeur départemental de la sécurité publique de Côte-d'Or, et Joëlle Boileau (PCF), adjointe au maire déléguée à la tranquillité publique. La réunion se tient en présence de plus de 160 personnes à la mairie de la commune.

Un débat «sans faux semblant»


«Incivilités, atteintes aux biens et aux personnes, rodéos d'engins motorisés, vitesses excessives et dangereuses, débordements et infractions routières graves lors de mariage, trafic de stupéfiants, troubles à la tranquillité et à l'ordre public...» Thierry Falconnet liste d'emblée «autant de faits qui empoisonnent notre quotidien, autant de transgressions de la loi».

Le ton est donné, le débat se fera «sans faux semblant», sans invective non plus, dans une ambiance attentive, d'abord pesante avant de devenir propice au dialogue, chacun s'attachant à pointer les problèmes même s'ils ne seront pas toujours assortis de solutions si ce n'est de combler le «manque de moyens».

Thierry Falconnet demande de «plus de moyens» pour la police


«Faire de Chenôve une ville apaisée est un de nos engagements de campagne», rappelle Thierry Falconnet, «agir sur les questions de tranquillité publique est une des priorité du mandat que je conduis avec la majorité municipale».

Pour cela le maire salue l'action de la police nationale sous l'autorité du préfet. «Nous aimons la police», lance alors le socialiste qui, lors des élections législatives, a soutenu la NUPES initiée par Jean-Luc Mélenchon, aux propos sur les forces de l'ordre faisant régulièrement polémique.

En ce qui concerne la police municipale, faisant l'objet de la «reconnaissance» et du «soutien» du premier édile, celui-ci s'insurge dans les «menaces personnelles» visant un agent et sa famille ainsi que devant l'incendie du poste de police, un «attentat contre une institution républicaine».

Chenôve constitue un «territoire vulnérable» : «pauvreté, précarité croissante, absence de mixité et tensions sociales constituent, avec d'autres facteurs, un terreau favorable au développement de l'économie parallèle».

Dans ce contexte, le vice-président de l'association Villes et banlieues de France relaie l'appel du Marseille sollicitant «plus de moyens» pour la Police nationale, cela toujours en écho à la tribune diffusée lors des violences urbaines à Chenôve en 2019. Entre temps, une partie de la commune est devenue territoire de reconquête républicaine, donnant la priorité pour la venue de renforts de CRS en cas de besoin.

Plus de policiers municipaux


Pour sa part, la majorité municipale a décidé d'augmenter le nombre de policiers municipaux de 8 à 12 avec la perspective de les équiper d'armes létales et d'étendre les horaires de travail en soirée et le week-end. Le poids de l'histoire faisant que les policiers municipaux ne sont pas en fonction le samedi mais le dimanche matin pour accompagner la tenue du marché.

«Je réitère la demande adressée par tous les maires de France de moyens humains et matériels supplémentaires pour assurer sur le terrain dans de bonnes conditions les opérations de lutte contre la délinquance et de maintien de l'ordre qui sont de la responsabilité de l’État. (…) Il en va de notre capacité collective à faire respecter partout et par tous les lois de notre République. Il en va de la crédibilité de nos institutions et de la confiance, malheureusement entamée, (…) que nos concitoyens place dans ses institutions», déclare Thierry Falconnet dans un contexte de faible participation aux élections.

Sanctionner les parents d'enfants délinquants


«Il y a une expression que j'ai banni de mon vocabulaire, c'est 'le vivre ensemble'», déclare Thierry Falconnet, ce qui jette relativement un froid dans l'assemblée habituée à entendre ces mots dans les discours politique régionaux ou nationaux. «On l'a trop prononcé, pour bon nombre de nos concitoyens, cela ne veut plus rien parce que c'est loin d'être une réalité.»

«Il faut que l'on soit dans l'acceptation des règles communes, je ne parle pas seulement de la loi, je parle aussi des règles de savoir-vivre, de savoir-être. C'est de l'éducation. (…) Je crois foncièrement à la coéducation et au fait que les valeurs sont transmises d'abord par les parents. Elles sont transmises par les éducateur sportifs, (…) bien évidemment transmises par l’Éducation nationale, par l'éducation populaire. (...) À partir de là, déjà, il y a des choses qui sont faites en amont de la commission des infractions, des délits qui doivent trouve rune réponse policière, une réponse judiciaire et une réponse qui mette en perspective la réinsertion, la réparation et le retour à une vie dans les règles de la part de ceux qui ont commis les infractions et les délits», développe le socialiste.

Concernant les enfants délinquants, puisque le sujet des mineurs exploités comme guetteurs reviendra souvent durant la réunion, selon Thierry Falconnet, «ils doivent être sanctionnés de la même manière que les parents doivent être sanctionnés au titre de leur autorité parentale». «Ce n'est pas au maire, à la municipalité, à l’État de se substituer à l’éducation parentale, d'assurer l'éducation des enfants. (…) Je crois beaucoup à l'éducation, à l'accès à la culture, à l'accès aux sports.»

Les questions du public


Dans l'ensemble, la présence de «guetteurs permanents» devant avertir des trafiquants de stupéfiants de l'arrivée de policiers préoccupe grandement les habitants.

Un début de réponse sur les guetteurs viendra du procureur de la République pointant la difficulté à caractériser une infraction, la contravention pour tapage étant peu dissuasif. Pour sa part, Jean-Claude Dunand estime qu'«il ya en moyenne quinze personnes par point de deal».

Une habitante estime à vingt le nombre de «feux de voiture» durant le mois de mars dernier, les élus de la Ville rappellent qu'il existe un accompagnement pour les victimes d'un tel sinistre et invitent à «téléphoner au cabinet du maire» pour obtenir le formulaire à remplir.

Les horaires d'ouverture des commerces, fixés par la préfecture, font également débat, notamment parce que certains commerces, dont un magasin  Carrefour Market, déborderaient régulièrement en nocturne.

Le conseiller municipal d'opposition Philippe Neyaud (LR) intervient également sur le sujet des commerces et revendique globalement «plus de fermeté» de la part de la majorité sur les sujets de tranquillité publique.

«J'ai refusé l'ouverture du Carrefour Market 24 heures sur 24 par rapport aux troubles à la tranquillité publique que cela aurait entraîné», signale Thierry Falconnet en évoquant des négociations avec le groupe Carrefour qui envisagerait de fermer le magasin.

Plusieurs témoignages, en particulier d'une jeune adulte ayant grandi à Chenôve et estimant qu'«il y a quelque chose de beau à faire ici», viennent mettre en lumière des lacunes de communication de la municipalité en matière d'accès aux équipements sportifs et aux animations sportives.

Le sujet du stationnements «anarchiques» est abordé plusieurs fois pour plusieurs secteurs de la commune ainsi que la vitesse excessive des véhicules circulant dans certaines artères.

Des aménagements routiers ont été annoncés par le maire, notamment à l'arrêt du tramway rue Armand-Thibaut pour «apaiser la circulation», à la grande satisfaction du public.

Pour aller au-delà de cette réunion annuelle, un conseil participatif de la tranquillité publique sera mis en place – avec trois réunions par an – pour informer les habitants et recueillir leurs avis sur l'action municipale.

Jean-Christophe Tardivon

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