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13/01/2024 22:28

SANTÉ : Gabriel Attal applaudit la «vraie coordination entre médecine de ville et hôpital» du CHU Dijon Bourgogne

Ce samedi 13 janvier, le Premier ministre s'est rendu à Dijon en compagnie de la ministre de la Santé. Il a apporté une annonce dans sa besace : «32 milliards d'euros supplémentaires dans les cinq ans qui viennent» seront investis dans le système de santé.
Pour son déjà quatrième déplacement en quatre jours, ce samedi 13 janvier 2024, le nouveau Premier ministre a choisi de se rendre au CHU Dijon Bourgogne avec Catherine Vautrin, ministre chargée de la Santé notamment, pour une présentation de plusieurs services des urgences.

Les deux membres du gouvernements ont été accueillis par une importante délégation. Étaient présents notamment lle préfet de la Côte-d'Or Franck Robine, le maire de Dijon François Rebsamen (PS, FP), tous les parlementaires de la Côte-d'Or à l'exception du député Hubert Brigand (LR), la conseillère régionale de Bourgogne-Franche-Comté chargée de la santé François Tenenbaum (PS, FP), la vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or Emmanuelle Coint (LR) ainsi que des représentants de l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté à commencer par son directeur Jean-Jacques Coiplet, sans oublier le directeur du CHU dijonnais Freddy Serveaux.


«95% des postes ouverts sont pourvus», indique François Rebsamen


«On a un CHU tout à fait exemplaire», s'enthousiasme François Rebsamen en recevant le Premier ministre. «On a ici des équipes qui sont reconnues à l'international dans des domaines très particuliers au classement de Shanghai.»

«95% des postes ouverts sont pourvus», indique celui qui est également président du conseil de surveillance de l'établissement de santé, «ici, 98% des absences sont compensées». «Ce sont des chiffres importants qui montrent l'engagement du personnel soignant et paramédical. Par exemple, on fait appel à des personnes qui sont à la retraite et qui reviennent travailler même sur des temps partiels», se félicite-t-il.

Le directeur du CHU s'attache à «donner une image réaliste» du travail des soignants


«La communauté hospitalière du CHU de Dijon est pleinement engagée dans sa mission de service public de réponse aux besoins de santé, non seulement pour la métropole et le département de la Côte-d'Or mais, plus globalement, pour l'ensemble de la région Bourgogne et le département de la Haute-Marne [NDLR : des établissements de santé de la Haute-Marne font partie du GHT21-52 dont le CHU Dijon Bourgogne est le site de support]», renchérit Freddy Serveaux.

Au cours de la visite, le directeur du CHU s'attache à «donner une image réaliste» de l'organisation et des conditions de travail dans l'établissement de santé. «Il y a des choses qui sont difficiles mais le CHU de Dijon est un établissement où nous sommes toujours volontariste pour dépasser les contraintes et essayer de trouver des solutions pragmatiques, positives pour rendre le service à la population de la meilleure manière possible.»

Freddy Serveaux insiste sur la télé-expertise en matière d'accident vasculaires cérébraux parmi «les plus importants de France» ainsi que sur la télé-expertise des urgences pédiatriques qui sera prochainement mise à disposition des services d'urgences de l'ensemble de la Bourgogne et de la Haute-Marne.

Au gré de la déambulation, le directeur met en avant le dispositif qui permet à 200 médecins du CHU dont l'exercice se déroule de façon partagée avec d'autre établissements de santé de Bourgogne. Ces missions externes représentent l'activité à temps plein de 50 médecins.

«L'unité d'urgences pédiatriques est magnifique», s'enthousiasme Gabriel Attal


Le Professeur Frederic Huet, chef du pole pédiatrie du CHU Dijon Bourgogne, présente plus spécifiquement l'activité des urgences pédiatriques fréquentée, en moyenne, par 25.000 enfants chaque année avec des pics journaliers pouvant concerner 80 patients.

Le pédiatre alerte le Premier ministre sur la proportion grandissante d'enfants qui n'ont «jamais vu de médecin traitant». Ils seraient 30% à se présenter aux urgences pédiatriques.

Autre problématique croissante, «le mal être adolescent» : «les ados n'hésitent plus à venir accompagnés voire seuls avec des démarches suicidaires». L'unité est organisée pour prendre en charge de tels patients.

La présentation des locaux rénovés en 2023 fait dire à Gabriel Attal que «l'unité d'urgences pédiatriques est magnifique» (lire notre article). Cependant, le chef du gouvernement entend les alertes : «sur la santé mentale des jeunes et des ados, il faut qu'on avance pour mettre davantage de ponts entre l'école et l'hôpital».

«L'hôpital est en train de mourir», alerte une soignante


«Ça fait 27 ans que je travaille, je n'ai jamais vu ça, on cumule les postes qui ne sont pas remplacés», signale néanmoins une soignante qui tient à alerter le Premier ministre qui lui répond que «l'enjeu est de former davantage» à la suite du déverrouillage du numerus clausus car «les postes sont là».

«L'hôpital prend tout, on prend beaucoup de gens, on est obligé de tout absorber», poursuit la soignante, «je ne sais pas si vous en avez conscience mais l'hôpital est en train de mourir». «J'ai parfaitement conscience des difficultés mais aussi des raisons d'espérer», glisse Gabriel Attal en évoquant les rénovations bâtimentaires financées ces dernières années et les revalorisations des rémunérations.

«Ce qu'il faut, c'est que cela se traduise très concrètement pour vous dans vos conditions d'exercice», poursuit-il, «on voit que, là, vous avez une nouvelle unité, récente, maintenant l'enjeu est sur les ressources humaines et sur le fait que vous ayez suffisamment de collègues autour de vous pour être capables de vous soutenir et que vous ne soyez pas, vous, à vous prendre toute la pression.»

Le système d'accès aux soins pour diminuer de 30% les passages aux urgences


Le clou de la visite ministérielle est le système d'accès aux soins (SAS) intégré au Centre 15. Une dizaine d'assistants de régulation médicale complètent l'équipe des médecins régulateurs SAMU 21 pour orienter, en trois étapes, vers des médecins libéraux d'astreinte les patients dont la problématique sanitaire n'apparaît pas relever d'une urgence vitale.

Les praticiens du SAS signalent aux membres du gouvernement qu'ils ont eu à gérer jusqu'à 1.800 appels le 25 décembre dernier.

Cette régulation est vue par le directeur du CHU comme «une bonne solution pour encore mieux prendre en charge les patients».

Avec ce SAS, le CHU dijonnais s'inscrit dans l'objectif de diminuer de 30% les passages aux urgences, de réduire le temps de décrocher du numéro du 15, améliorer le parcours de soins et de développer les prises en charge spécialisées comme les urgences dentaires, les «problèmes sociaux» et la gériatrie.

«Quand les médecins ne se déplacent pas, les gens se retrouvent aux urgences», analyse Christophe Avena


Adjoint au maire de Dijon et médecin de profession, Christophe Avena (PS) salue cette capacité de réponse téléphonique. En revanche, il s'adresse au Premier ministre pour l'encourager à «adapter les moyens sur le terrain».

En particulier, il s'agit d'«inciter de façon importante les médecins à avoir un intérêt à faire de la visite au domicile». «Aujourd'hui, on sait que, vu leur travail, parce qu'ils travaillent beaucoup, c'est très difficile de dégager du temps pour le domicile. (…) Quand les médecins ne se déplacent pas, on déplace les gens donc les gens se retrouvent aux urgences.»

«On commence à mesurer les fruits d'une action qui a été renforcée en direction de l'hôpital», martèle Gabriel Attal


Au cours de ses échanges, le Premier ministre rappelle l'engagement du président de la République de «continuer à investir massivement dans l'hôpital et le système de santé» annonçant «32 milliards d'euros supplémentaires dans les cinq ans qui viennent» dans le cadre «un budget historique pour l'hôpital public» du fait de la hausse du budget de la branche maladie adoptée dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024.

«Même si c'est du temps long, on commence à mesurer les fruits d'une action qui, depuis 2017, a été renforcée en direction de l'hôpital», martèle Gabriel Attal.

«On rattrape des décennies de sous-investissements», analyse le Premier ministre, «évidemment qu'il faut plusieurs années pour que ça se ressente jusqu'à l'aide-soignant, au médecin qui est ici à l'hôpital».

«Évidemment qu'il y a encore beaucoup de difficultés, qu'il faut agir pour l’attractivité du métier», concède-t-il avant d'insister sur «la revalorisation salariale historique» liée au Ségur de la santé.

«On sort progressivement du tout-T2A»


En dehors des investissements, la prochaine étape devrait consister à «transformer le financement» de l'hôpital. «On sort progressivement du tout-T2A», rappelle le chef du gouvernement. Instaurée en 2004, la tarification à l'activité est perçue par ses détracteurs comme un mécanisme encourageant la «course à l'activité» des établissements de santé.

«Depuis le 1er janvier, on a un financement plus diversifié qui tient compte des parcours et de la pluralité des situations à prendre en charge», revendique Gabriel Attal.

«La coordination avec la médecine de ville pour réduire la pression qui pèse sur l'hôpital»


«Enfin, c'est l'enjeu de la coordination avec la [médecine de] ville pour réduire la pression qui pèse sur l'hôpital», envisage-t-il. «En 2020, on a lancé dans un certains nombres de territoires, de manière pilote, le SAS, une nouvelle organisation avec une vraie coordination [entre] médecine de ville et hôpital pour être capable de mieux identifier les situations qui nécessitent une hospitalisation ou un accueil aux urgences et celles qui doivent être prises en charge en ville. (…) Ça améliore le travail de tout le monde et, surtout, l'accueil des Français qui ont besoin d'être soignés.»

«L'hôpital et nos soignants, c'est un trésor national», répète le Premier ministre, «on a une chance inouïe en France d'avoir un système de santé solidaire, un hôpital public, des soignants qui se lèvent tous les matins avec cette vocation d'accueillir les Français, les soigner et de servir leur pays».

La ministre Catherine Vautrin met en avant «la complémentarité entre urbanité et ruralité»


«Nous avons souhaité rendre hommage à celles et ceux qui sont mobilisés pour assurer cet accueil des urgences à tous les âges de la vie, les urgences pédiatriques aussi bien que les urgences des adultes», déclare également Catherine Vautrin.

La ministre de la Santé notamment insiste de la notion de «bassin de vie» pour l'organisation des soins permettant «d'avoir une réponse la plus proche possible». «Ici, où nous sommes dans un département rural, nous avons un lien : l'hôpital à Dijon (…) est un endroit qui rayonne sur toute la ruralité bourguignonne et franc-comtoise. (…) C'est important de mettre en avant ces éléments de complémentarité entre urbanité et ruralité».

Au cours des échanges, la ministre relève tout particulièrement «un travail remarquable» de la part des soignants du CHU dans le champ des urgences psychiatriques.

Le syndicaliste François Thibaut revendique «des salaires plus élevés dans la fonction publique hospitalière»


Parallèlement à la visite, deux représentant syndicaux – de la CGT et du SNSH – ont été reçus par l'équipe de Catherine Vautrin. François Thibaut, secrétaire général adjoint de la CGT au CHU Dijon Bourgogne, évoque en substance les échanges.

«On a fait passer le message qu'il était absolument nécessaire de revoir la problématique des effectifs à l'intérieur des hôpitaux (…) et d'avoir une attention toute particulière à la revalorisation des salaires», indique le syndicaliste à l'issue de la visite. «Les revalorisations qui ont eu lieu jusqu'à maintenant étaient un réajustement par rapport au point d'indice qui n'avait pas bougé depuis des années. Il est nécessaire de prendre en compte aujourd'hui un métier qui devient de plus en plus pénible dans les services de soins avec l'alternance jour-nuit sur le douze heures ou le métier des aides-soignantes qui est très physique avec beaucoup de maladies professionnelles à quarante ans. Pour que les métiers restent attractifs, il faut mieux les payer que les autres. Ça reste une priorité d'avoir des salaires qui soient plus élevés dans la fonction publique hospitalière.»

Si le syndicaliste confirme le faible taux de postes inoccupés, il tempère l'enthousiasme du président du conseil de surveillance : «au CHU de Dijon, la situation s'améliore au niveau des recrutements mais on reste pénalisé par une fuite de nos personnels avec beaucoup de demandes de disponibilité et beaucoup de gens qui partent. Il y aune attractivité du privé sur beaucoup de métiers. (…) On avait beaucoup de craintes sur la désaffection des professions sanitaires, ça s'atténue un petit peu. (…) Les effectifs des services ne sont pas forcément à la hauteur de la tache à accomplir et des besoins des patients et des prescripteurs. (…) Il est nécessaire que l'on puisse donner aux chefs d'établissement les moyens de revoir ces maquettes et d'ouvrir le nombre de postes nécessaires pour que l'on ait assez d'effectifs dans chaque service autour des patients».

Parmi les prochaines actualités, le CHU Dijon Bourgogne prévoit d'inaugurer une unité de thérapie brève pour des patients présentant un risque de suicide ainsi que son nouvel Institut de la fertilité.

Jean-Christophe Tardivon

Gabriel Attal défend la nomination de Catherine Vautrin


Inauguration des nouvelles urgences pour enfants du CHU Dijon Bourgogne




































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