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07/04/2022 12:54
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PRÉSIDENTIELLE : «Emmanuel Macron, c'est la France de 2030. Marine Le Pen et Éric Zemmour, la France de 1930», martèle Éric Dupond-Moretti

À Dijon, ce mercred 6 avril, François Rebsamen recevait les ministres Jean-Baptiste Lemoyne et Éric Dupond-Moretti pour un meeting de soutien à Emmanuel Macron devant 300 personnes. «J'ai des convictions de gauche et je vais voter Emmanuel Macron», a déclaré le maire de Dijon.
Un meeting de soutien à la candidature d'Emmanuel Macron, deux jours avant la fin de la campagne du premier tour. Quatre ministres ou anciens ministres au micro. Plus de 300 personnes présentes. Ce mercredi 6 avril 2022, la salle Devosge à Dijon a vibré au gré des punchlines de François Patriat et du lyrisme d'Éric Dupond-Moretti.

Ce n'était pourtant pas la foule des grandes jours dans cette campagne qui se déroule dans un contexte de rebond épidémique de la Covid-19 et de conflit en Ukraine. 300 personnes, c'est deux fois moins qu'au temps de la campagne de 2012 notamment mais c'est deux fois plus que lors des meetings similaires qui se sont tenus ces derniers jours à Auxerre ou à Chalon-sur-Saône.


Peu de militants socialistes dans le public


Les Marcheurs de la première heures et les Jeunes Avec Macron constituent le noyau du public. Autour d'eux, cela va des anciens Républicains ayant suivi Édouard Philippe dans la création de son parti Horizons en octobre dernier jusqu'aux toujours socialistes désormais membres de la Fédération progressiste cofondée récemment par François Rebsamen, en passant par le Modem.

Les parlementaires LREM de Côte-d'Or sont présents : Fadila Khattabi, Didier Martin, Didier Paris, François Patriat. Ainsi qu'Éric Alauzet, député du Doubs, Frédéric Barbier, député du Doubs, Barbara Bessot-Ballot, députée de la Haute-Saône, et Michèle Crouzet, députée de l'Yonne.

L'équipe municipale du Modem est venue en nombre : François Deseille, Danielle Juban, Nora El Mesdadi et Georges Mezui avec Marie-Thérèse Pugliese à proximité. Seules deux adjointes socialistes de François Rebsamen s'affichent : Nadjoua Belhadef et Françoise Tenenbaum. Le Parti radical avec Jean-Philippe Morel. Territoires de Progrès avec Muriel Vergès-Caullet. Une partie de l'opposition municipale de Dijon, rassemblée autour d'Alain Chrétrien, délégué régional d'Horizons en Bourgogne-Franche-Comté : Claire Vuillemin et Henri-Bénigne de Vregille.

À leurs côtés, Ludovic Rochette, maire de Brognon, qui figurait sur la liste de la majorité présidentielle conduite par Denis Thuriot aux dernières régionales. D'autres maires participent : Samia Djemali (nouvellement élue à Corcelles-lès-Cîteaux), Jacques-François Coiquil (Auxonne) et Catherine Sadon (Semur-en-Auxois et conseillère régionale). Mais pas Dominique Grimpret, maire d'Ahuy, où devait se tenir initialement le meeting.

La présence de deux ministres fait de la soirée un meeting régional et bon nombre de participants viennent de différentes parts de la Bourgogne-Franche-Comté. Les socialistes qui étaient de toutes les campagnes précédentes du PS et qui pourraient aujourd'hui suivre François Rebsamen sont rares.

Parmi eux, l'argument de «contrer l'extrême-droite» fait mouche, d'autant plus que la crainte d'une victoire de Marine Le Pen circule dans la fédération locale. Plusieurs diront avoir été touchés, «les larmes aux yeux», par le poids des mots de Éric Dupond-Morreti, convoquant des heures sombres de l'histoire de France pour battre en brèche la notion de «dédiabolisation» du Rassemblement National.

«J'ai des convictions de gauche et je vais voter Emmanuel Macron»


Référente départementale de LREM en Côte-d'Or, Maria-Paz Fave Usach présente les orateurs puis François Rebsamen prend la parole en premier. Il lui revient le rôle de battre le rappel pour les 48 heures à venir : «il faut aller sur le terrain, il n'y a pas que les réseaux sociaux, (…) je trouvais qu'il n'y avait pas beaucoup d'affiches Emmanuel Macron dans la ville». «On s'est un peu perdu de vue», glisse-t-il en évoquant François Patriat qui a suivi Emmanuel Macron dès 2016, «mais on s'est retrouvé».

«Je ne rejoins pas la République en Marche», avertit François Rebsamen, «je suis un homme de gauche, je reste un homme de gauche, j'ai des convictions de gauche et je vais voter Emmanuel Macron», lance François Rebsamen sous un tonnerre d'applaudissements. «Je suis sûr que dès dimanche, Dijon va voter en nombre pour Emmanuel Macron. Dijon est une ville ouverte sur l'Europe, (…) c'est une ville qui toujours a accueilli tous les réfugiés, (…) c'est une ville qui a toujours sur choisir le camp de la République face au péril nationaliste.»

«Une politique keynésienne de relance»


L'ancien ministre du Travail de François Hollande choisit de faire le lien avec François Mitterrand en évoquant le slogan de «la France unie» : «il faut se rassembler». Et de défendre le niveau ««élevé» des prélèvements obligatoires, l'augmentation de la prime d'activité, la stabilité du taux de pauvreté malgré la crise sanitaire grâce à «une politique keynésienne de relance» ou encore le dédoublement des classes en réseau d'éducation prioritaire. La proposition du versement à la source des allocations sociales est saluée par le socialiste.

«Et l'ISF ?» lancera un partisan d'Arnaud Montebourg dans la salle. «On peut toujours faire mieux», répondra François Rebsamen. Ce sera la seule remarque critique surgissant du public.

«Il y aura dans le même temps une retraite de base à 1.100 euros»


Intervient alors François Patriat qui commence par un best of de cinq ans de punchlines avant de prendre un ton plus grave : «le plus dur est devant nous internationalement, en Ukraine, parce que cette guerre va produire des crimes odieux, une tectonique des plaques entraînera des famines, des guerres à venir et des drames à venir». L'ancien ministre de l'Agriculture fait ainsi référence à la déstabilisation du marché des céréalesé dont les conséquences se font déjà sentir au nord de l'Afrique, en Égypte notamment, pays s'approvisionnant auprès de l'Ukraine et de la Russie.

Face aux «pessimistes» et autres «déclinistes», «Emmanuel Macron est le candidat de la vision, de l'optimisme, de la créativité, de l'espoir de la France, de l'espoir des Français», martèle le sénateur. «Il y aura trois âges de la retraite : 55, 62 et 65 en fonction des situations», défend-il à propos de la proposition de réforme des retraites, «il y aura dans le même temps une retraite de base à 1.100 euros».

Rappelant le vote des députés européens du Rassemblement National contre l'accueil de réfugiés venant d'Ukraine, François Patriat analyse que «le programme de Madame Le Pen est un programme qui remet en cause tous les traités européens».

Jean-Baptiste Lemoyne cible «les démagos»


Jean-Baptiste Lemoyne est arrivé en retard mais à temps pour intervenir. Son train a été arrêté en gare de Montbard du fait d'un accident de personne sur la ligne Paris-Lyon, le ministre a fini le trajet jusqu'à Dijon en taxi.

«La majorité à vocation à s'élargir», indique Jean-Baptiste Lemoyne en songeant aux législatives et en voyant l'ensemble des partis représentés dans la salle. «À côté de la France un peu rabougrie que portent Marine Le Pen et Éric Zemmour, on est là dans toute notre diversité.»

À son tour, le ministre du Tourisme défend le bilan du quinquennat comme  Ségur de la Santé et ses déclinaisons dans les territoires en prenant l'exemple de l'Yonne. Ils ciblent aussi les «démagos», comprendre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

«Une période marquée par la trumpisation des esprits»


«J'aime le débat», lance Éric Dupond-Moretti en prenant la parole pour une intervention de 45 minutes. «Dans une période marquée par la trumpisation des esprits, tout est blanc, tout est noir, il n'y plus de nuances, on ne discute plus, les réseaux sociaux nous inondent d'inepties ; ils sont à la fois le merveilleux outil d'une démocratie participative et parfois aussi une poubelle à ciel ouvert.»

«Une bonne idée de droite vaut mieux qu'une mauvaise idée de gauche» et vice-versa, lance-t-il en se tournant vers François Rebsamen et François Patriat. Un aphorisme qui reçoit un grand succès à l'applaudimètre de la salle.
«Humaniste mais pas angélique»

Le ministre de la Justice défend également son bilan : peines supérieures aujourd'hui «à ce qu'elles étaient il y a vingt ans», exécution des peines «à hauteur de 93%», «le plus grand budget du ministère de la Justice depuis plus de trente ans», recrutement de 698 magistrats (contre 27 recrutement durant le quinquennat de François Hollande et 142 départs en retraite non remplacés durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy), justice de proximité, code de justice pénale des mineurs, saisie des scooters servant à des rodéos urbains, baisse des stocks d'affaires judiciaires, ouverture des points justice, versement des pensions alimentaires par la CAF, changement de nom de famille...

«Humaniste mais pas angélique», le Garde des sceaux a mis en avant quelques constructions à venir de 15.000 places de prison et de 21 centres éducatifs fermés.

«Marine Le Pen s'est cachée derrière Éric Zemmour»


L'ancien avocat se fait procureur en se plongeant dans le programme de Marine Le Pen : «page 10, sortie de l'OTAN et alliance militaire avec la Russie, montrez-le !», «limiter les réductions de peine à six mois par, c'est fait !», «une vraie réclusion criminelle à perpétuité : Madame Le Pen était avocate mais n'a pas lu les dispositions de l'article 221-3 du Code pénal, ça existe déjà», «sanctionner les mineurs dès le premier acte : c'est le Code de justice pénale des mineurs mais elle n'était pas à l'Assemblée nationale, on ne la voit jamais». «Ce n'est pas très sérieux», conclut-il.

S'adressant tous particulièrement aux Jeunes avec Macron (JAM) en tant que «SAM, senior avec Macron», Éric Dupond-Moretti prend un ton encore plus grave, voire tragique, pour faire l'historique du Front National – «créé par un ancien Waffen SS» – en rappelant les condamnations de Jean-Marie Le Pen «pour incitation à la haine».

Le «senior» revient pourtant au présent pour lister les «fréquentations» de la président du Rassemblement National dont «un nazi», un «néonazi présumé», un ancien membre d’Égalité et réconciliation «mouvement antisémite et conspirationniste».

«Paraît que c'est ringard de dire ça», tempête-t-il, «c'est sûr Zemmour a fait une chose». «Ce sont les mêmes. Avant cette campagne électorale, ils étaient amis. Ils ont les mêmes valeurs, ils ont les mêmes relations, ils ont la même nièce. Je ne peux pas me résoudre à l'idée que notre pays soient dirigés par des gens comme cela. (…) La complaisance médiatique à l'égard de ces gens est insupportable. (…) [Marine Le Pen] est passée sous le radar, elle s'est cachée derrière [Éric Zemmour], ce sont les mêmes. Je regarde le programme d'Emmanuel Macron, je me dis que c'est la France de 2030, ces gens, la France de 1930. (…) Je n'accepterai jamais cela !»

«Emmanuel Macron a aussi besoin de nous»


Adoucissant le ton et réduisant le niveau émotionnel du propos, l'avocat de profession revient sur les sujets d'actualité et la reprise économique qui s'annonçait à l'issue de la crise sanitaire. «J'ai envie qu'Emmanuel Macron soit à nouveau président de la République. (…) Nous avons besoin d'Emmanuel Macron et je crois qu'il a aussi besoin de nous», assure-t-il pour mobiliser.

Alors que fusent les premiers «Macron président» d'un meeting somme toute assez sage, Éric Dupond-Moretti entonne la Marseillaise d'une voix de stentor rapidement suivi par le premier rang qui se lève puis par toute l'assistance.

Jean-Christophe Tardivon

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