La ministre des Personnes handicapées a fait étape au CFA agricole de Quetigny, le 2 février dernier, pour rencontrer les partenaires du dispositif «Banc d'essai» préparant au CAP. «L'apprentissage augmente en France et augmente aussi chez les jeunes en situation de handicap», a signalé Geneviève Darrieussecq.
Proposé au CFA du lycée agricole de Quetigny aux jeunes de 14 à 20 ans pour «s'essayer à l'apprentissage et à la vie professionnelle», le dispositif «Banc d'essai» est ouvert à tous les élèves de Côte-d'Or ayant une orientation effectuée par la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH).
Ouvert à tous les métiers, il est financé par le Fonds social européen (FSE) (
retrouver la présentation du dispositif) et porté par les PEP Bourgogne-Franche-Comté. En 2019, la délégation régionale PEP a reçu le prix Argent des Trophées des initiatives FSE.
Une unité d'enseignement externalisé unique en France
Banc d'essai se construit en plusieurs phases. Tout d'abord, les jeunes sont suivis par leurs éducateurs en étant présent trois jours et demi au lycée. Ensuite, ils s'engagent dans l'alternance pour préparer un CAP en passant une semaine de stage en entreprise et une semaine de 35 heures au lycée. Il concerne actuellement une dizaine de jeunes.
Dans le cadre de Banc d'essai a été mise en place une unité d'enseignement externalisé accueillant les élèves en situation de handicap nécessitant un accompagnement renforcé et mobilisant une institutrice ainsi qu'un éducateur spécialisés, en lien avec le référent handicap du CFA.
Unique en France dans l'enseignement agricole, cette unité est gérée par l’Éducation nationale et bénéficie d'un conventionnement avec la Région Bourgogne-Franche-Comté, propriétaire des locaux de l'établissement scolaire.
Les élèves de cette unité sont inclus dans l'environnement du CFA et partagent les lieux de vie des autres apprenants. Leur hébergement relève du Dispositif d'accompagnement médico-social ou DAMS (ex-institut médico-éducatif des PEP de Côte-d'Or).
«Ça nécessite une ouverture d'esprit, des moyens, des locaux», note Linda Barré, directrice du CFA, «il faut être engagé».
«C'est une école inclusive»
L'établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole de Quetigny-Plombières-lès-Dijon comprend en tout 800 apprenants dont 365 au CFA.
Le lycée accueille trois élèves en situation de handicap accompagnés par une tierce personne et doit aménager les épreuves pour une trentaine d'élèves.
Le CFA accueille une soixantaine d'apprenants nécessitant des aménagements d'épreuves dont une vingtaine bénéficiant de la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH).
«C'est une école inclusive comme toutes les écoles, c'est le choix d'accueillir tous les jeunes», indique Béatrice Chevallereau, directrice de l'établissement public local d’enseignement et de formation professionnelle agricole de Quetigny-Plombières-lès-Dijon, chapeautant les deux lycées et le CFA.
Rencontre avec des alternants d'une brasserie pédagogique
Le jeudi 2 février 2023, à l'arrivée de la Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées, chargée des Personnes handicapées, dans les locaux du CFA, les premiers échanges débutent dans une classe avec des alternants du dispositif «Banc d'essai» qui partagent leur intérêt respectivement pour les métiers de cuisine et de services.
Plusieurs effectuent leur alternance au sein de la brasserie pédagogique traits d'union, localisée à Saint-Apollinaire, qui s'inscrit «dans une démarche de pédagogie de projet, elle place les apprenants en situation d’éveil technologique».
Parmi la délégation officielle, on retrouve Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, Fadila Khattabi (RE), députée de la Côte-d'Or, Isabelle Liron (PCF), vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Patricia Gourmand (LCOP), vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or, Stéphanie Vacherot (PS), conseillère de Dijon Métropole, et Mario Luchin (PCF), adjoint au maire de Quetigny.
«Obtenir son CAP mais en prenant son temps»
Le propos se fait ensuite plus institutionnel avec une table-ronde, animée par Linda Barré, pour débattre des modalités et enjeux du dispositif Banc d'essai. «L'objectif est d'obtenir son CAP mais en prenant son temps, en permettant au jeune, en fonction de ses difficultés d'arriver au diplôme», indique la directrice du CFA.
Plusieurs anciens bénéficiaires de Banc d'essai – actuellement employés en CDI socle au sein de Promut, une entreprise adaptée de la Mutualité française bourguignonne SSAM – sont présents pour témoigner de leur parcours.
Participent également aux échanges les représentants de l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH), du fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), des PEP Bourgogne-Franche-Comté, de Promut, de la Mutualité française bourguignonne SSAM, de Pôle emploi, de Cap emploi et des services déconcentrés de l’État concernant la cohésion sociale ou encore l'agriculture.
Articuler les offres d'emploi non pourvues et les compétences des travailleurs en situation de handicap
Les interventions portent sur les interrogations des familles, sur l'intégration au sein des entreprises adaptées, sur l'offre régionale de formation ou encore les besoins en accompagnement social notamment au tournant de la majorité.
«On va aller vers le plein emploi. Il y a beaucoup d'offres d'emploi qui ne sont pas pourvues dans des métiers où ces jeunes semblent avoir des compétences assez formidables. Il faut arriver à mailler les choses», réagit Geneviève Darrieussecq en fin de table-ronde.
«Il n'y a pas de limite d'âge pour l'apprentissage des personnes handicapées»
«J'ai vu des jeunes épanouis», commente la ministre à l'issue des échanges, «des jeunes en situation de handicap qui cherchaient leur voie, d'autres qui semblaient l'avoir trouvée».
«Je crois que ce sont des formations précieuses pour des jeunes en situation de handicap dans des métiers qui sont souvent des métiers en tension – les métiers agricoles, les métiers de la restauration ou de services – donc il faut poursuivre dans ce sens», ajoute-t-elle.
«Il y a un système médico-social qui est à l'intérieur de l'établissement et qui permet à ces jeunes de pouvoir s'orienter utilement et d'accompagner leur vie sociale – transports, logement... – pour faciliter les apprentissages», développe-t-elle. «C'est un beau système.»
«L'apprentissage augmente en France et augmente aussi chez les jeunes en situation de handicap», souligne Geneviève Darrieussecq qui tient à rappeler qu'«il n'y a pas de limite d'âge pour l'apprentissage des personnes handicapées» et qu'«il y a des aides supplémentaires : 4.000 euros qui viennent s'ajouter aux aides du droit commun».
«C'est vraiment une voie qui permet aux employeurs d'aider leurs entreprises d'abord et, ensuite, aider un jeune à pouvoir se professionnaliser», conclut-elle.
Présentation des produits de la halle technologique
La ministre repart finalement du CFA avec un lot de jus de fruits, compotes et confitures confectionné par la halle technologique de l'établissement.
Le prochain rendez-vous d'importance du CFA de l'établissement agricole concerne le concours de meilleur apprenti de France destiné aux jardiniers-paysagistes, le 1er avril, avec, ensuite, en ligne de mire les Olympiades des métiers.
Jean-Christophe Tardivon