Synergie avec le Cap Vert, équipement, fréquentation, tarifs... la directrice d'agglomération des Cinémas Pathé Gaumont a passé en revue, le 22 septembre dernier, les différents enjeux liés à l'implantation du multiplexe au sein de la Cité de la Gastronomie.
«J'ai eu le plaisir de grandir à Dijon», indique Valérie Sutter. Il s'agit donc d'un retour aux sources pour cette cadre de l'industrie du cinéma qui intervient sur le versant de la rencontre des films avec le public.
Le jeudi 22 septembre 2022, la nouvelle directrice d'agglomération des Cinémas Pathé Gaumont a répondu aux questions d'
Infos Dijon.
Des débuts comme agent de cinéma au Gaumont
Durant ses études en droit à l'université de Bourgogne, Valérie Sutter commence à travailler comme agent de cinéma au Gaumont – devenu depuis l'Olympia – car compatible avec les cours. «J'aimais le cinéma», souligne-t-elle, «la directrice m'a permis d'évoluer, elle mettait le pied à l'étrier».
Chemin faisant, la carrière se dessine au sein de Gaumont qui recrute durablement Valérie Sutter. Elle quitte Dijon en 1999. En 2001, arrive la fusion avec Pathé. Valérie Sutter parcourt la France avant de s'installer à Toulon pour diriger le cinéma Pathé Liberté. Puis, elle regagne la région parisienne : Boulogne-Billancourt, Levallois-Perret et enfin Paris, au Gaumont Convention.
«On a la chance en France d'avoir une diversité de cinémas très importante»
«J'ai eu la chance de travailler dans des cinémas différents : des multiplexes de périphérie avec des programmations très populaires avec beaucoup de blockbusters, et des cinémas de centre-ville avec des programmations généralistes ou des lignes éditoriales plus art et essai comme au Gaumont Convention.»
«Ça permet d'explorer tous les aspects du cinéma et de se rendre compte que le public est capable d'aimer tout. C'est ce que j'aime particulièrement dans ce métier-là, c'est qu'on touche tout le monde et qu'un même spectateur peut aimer à la fois un blockbuster et un film d'art et essai. Il y a une curiosité. On a la chance en France d'avoir une diversité de cinémas très importante.»
«Le challenge d'ouvrir un nouveau cinéma à Dijon dans l'environnement de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin, je trouvais que c'était très intéressant et que c'était un beau projet.»
«Créer une synergie» entre le Cap Vert et le Pathé Dijon
À Dijon, Valérie Sutter gravit effectivement encore un échelon puisqu'elle est désormais directrice d'agglomération , c'est à dire qu'elle supervise le cinéma Pathé Dijon – qui a ouvert le 5 mai dernier au sein de la Cité internationale de la Gastronomie et du Vin – et le ciné Cap Vert à Quetigny. Ce dernier est dirigé par Pascal Vanin.
«Mon rôle est de créer une synergie entre les deux cinémas et de mettre en place les stratégies du siège sur l'agglomération», précise Valérie Sutter. Régulièrement, des séminaires rassemblent les cadres de toute la France. «Même si on est dans la même entreprise, si on a les mêmes outils, chaque cinéma a sa structure, son environnement, son équipe, son public... On ne fait pas les mêmes choses. C'est un métier humain, on est dans l'air du temps, on ressent la société. (…) On est montreurs d'images.»
Fauteuils confortables, projecteurs laser, son Dolby Surround 7.1
Le cinéma Pathé Dijon compte 13 salariés dont deux responsables d'exploitation, un responsable technique et un technicien polyvalent pour gérer le suivi du bâtiment et les projections. Si le responsable des ressources humaines a été muté en interne au sein du groupe, les autres membres de l'équipe ont été recrutés localement.
La capacité de l'équipement est de 1.200 fauteuils répartis en 9 salles allant de 66 à 290 fauteuils. «Le confort des fauteuils et l'inclinaison des dossiers ont vraiment été étudiés pour que ce soit optimal et que, même si vous êtes au premier rang, vous soyez bien installé», signale la directrice.
Toutes les salles sont équipés de projecteur au laser. Les cinémas équipés de cette technique vantent «une luminosité éclatante avec un spectre plus large, des couleurs plus naturelles et des niveaux de contraste plus élevés, tout en consommant moins d'énergie» qu'avec les lampes au xénon. Côté son, il s'agit de systèmes Dolby Surround 7.1.
Deux salles permettent des projections 3D. «L'expérience 3D au cinéma, c'est vraiment quelque chose à vivre», s'enthousiasme la directrice, «la salle de cinéma est à son top pour ce genre de film comme 'Avatar'».
Le hall est relativement épuré avec un grand espace dégagé, rythmé par des «rideaux de verre» dessinés par l'architecte Pierre Chican, la billetterie avec des agents est à droite, la billetterie automatique à gauche, tandis que les distributeurs de confiseries et autres pop-corn sont au fond.
«Pour la Fête du Cinéma, le public était au rendez-vous»
En rachetant le groupe Ciné Alpes en 2019, les Cinémas Pathé Gaumont ont hérité d'un projet déjà défini avec ce qui pourrait apparaître comme deux handicaps : une implantation à l'opposé du parking silo desservant la Cité et une entrée côté Village gastronomique, tournant donc le dos à la ville.
La directrice balaie l'argument : «il y a l'entrée principale et l'entrée par la rue Alice-Guy |NDLR : Alice Guy (1873-1968) est considérée comme la première femme réalisatrice de cinéma]. (…) Les personnes traversent. (...) Avec la signalétique, cela permet de bien identifier le cinéma. (…) On n'utilise plus d'affichage papier». Les accès de la Cité tiennent compte des horaires du cinéma.
Avant la crise sanitaire, l'objectif de fréquentation était fixé à 500.000 entrées par an. «Post-crise, le marché est tellement mouvant que, pour le moment, on n'a pas de visibilité», indique Valérie Sutter dans un contexte où, au niveau national, pour les premiers mois de l'année 2022, la fréquentation a diminué de 30% par rapport à la même période de 2019.
«Le cinéma doit se réinventer. Lancer un cinéma dans un marché en baisse, c'est un pari. Par expérience du groupe, quand on crée un cinéma, ça prend du temps», analyse-t-elle. «On voit bien qu'il faut que les Dijonnais s'approprient ce nouveau quartier.»
«Quand on a sorti 'Top Gun : Maverick', le public était au rendez-vous. Pour la Fête du Cinéma, le public était au rendez-vous. Les séances du soir atteignaient 80% de remplissage des salles. On a fait de belles séances. Ce qui montrent que les Dijonnais ont bien identifié qu'il y avait un cinéma au sein de la Cité. Il faut qu'il y ait des films qui leur donnent envie de venir», développe la directrice.
Objectif VO pour tous les films étrangers
Les films incontournables – par exemple distribués sur 800 salles en France – sont programmés à la fois au Cap Vert et au Pathé Dijon. Toutefois, Valérie Sutter envisage une «complémentarité» entre les deux sites pour «diversifier l'offre» sans pour autant se fixer de lignes directrices, le public à Dijon étant varié. «On a beaucoup de riverains, de personnes qui viennent à pied», glisse-t-elle.
La VO fait son chemin dans les multiplexes, au gré de l'attente d'un public jeune progressivement habitué aux séries télé diffusées en version originale sous-titrée en français.
Si la programmation en VO reste marginale au Cap Vert, au Pathé Dijon «l'objectif est que tous les films étrangers soient proposés à la fois en VF et en VO, en proposant des horaires différenciés», signale la directrice.
Le Pathé Dijon bénéficie de la programmation du groupe, qui peut, par ailleurs programmer, des réseaux de salles concurrents. Valérie Sutter exclut toute tendance à préempter des copies, une crainte manifesté par d'autres exploitants dijonnais.
«On a une activité qui est réglementée quelque part. Notre service programmation négocie pour tous les cinémas, je ne vois pas comment on pourrait préempter quoi que ce soit», souligne-t-elle en renvoyant au médiateur du cinéma pour d'éventuels arbitrages.
20% de cartes illimitées
En régions, les tarifs des différents cinémas Pathé Gaumont sont relativement homogènes. Ainsi, le Pathé Dijon propose des tarifs sensiblement moins élevés qu'à Paris.
Le plein tarif s'établit à 14,50 euros mais ne concerne que 20% des spectateurs. 80% optent pour un autre tarif dont 20% pour la carte illimitée CinéPass, valable au Cap Vert ainsi que dans tous les cinémas Pathé Gaumont de France.
À noter que les détenteurs de la carte CinéPass peuvent bénéficier d'avant-premières programmées parfois plusieurs mois avant la sortie d'un long-métrage.
Tout comme au Cap Vert, les offres proposées aux comités d'entreprise ou aux comités d'action sociale fonctionnent de «façon très active».
Du 5 au 18 octobre, une opération tarifaire sera valable en ligne : une place achetée au plein tarif sera accompagnée d'une place offerte pour le même film.
«Les spectateurs jouent le jeu» en ce qui concerne le placement numéroté : «il y a des personnes qui prennent toujours le même fauteuil». La numérotation permet d'éviter de venir très en avance lors des séances générant une grande affluence.
«C'est beaucoup plus agréable pour les spectateurs et même pour nous dans notre façon de travailler», commente la directrice. Des agents de salle contribuent à fluidifier le placement.
Avant-première avec l'équipe du film «Mon héroïne»
Parmi les films attendus pour l'automne, la passionnée de cinéma signale le 5 octobre «Novembre» de Cédric Jimenez, le 12 octobre avec une avant-première le 6 «Simone, le voyage du siècle» d'Olivier Dahan, le 19 octobre «Black Adam» de Jaume Collet-Serra, le 26 octobre «Plancha» d'Éric Lavaine, le 2 novembre «Mascarade» de Nicolas Bedos et le 9 novembre «Armageddon Time» de James Gray. «Avatar 2» de James Cameron arrivera le 14 décembre.
Du côté des avant-premières avec une animation, l'équipe du film «Mon héroïne» de Noémie Lefort est attendue le 12 octobre. Le 2 novembre, la venue de l'équipe des «Femmes du square» de Juliem Rambaldi est à confirmer.
Plutôt que des rétrospectives, le cinéma propose également des «reprises» de films emblématiques dont la projection est précédée d'une intervention du critique Philippe Rouyet.
Jusqu'au 4 octobre, se déroule le festival Première avec neuf avant-premières à 9 euros la séance dont la Palme d'or «Sans filtre».
Ensuite, le prochain temps fort sera la participation au festival de courts métrages Fenêtres sur courts, du 5 au 12 novembre.
Jean-Christophe Tardivon
Tarifs du cinéma Pathé Dijon
Tarif normal 14,50 euros
Étudiants et scolaires 10,50 euros
Moins de 14 ans 7,50 euros
Séance en 3D +2 euros
CinéCarte 5 places 44 euros soit 8,80 euros la place
CinéPass 19,90 euros par mois
CinéPass -26 ans 16,90 euros par mois
CinéPass Duo 33,90 euros par mois