Ce mardi 7 janvier, la maire de Dijon a présidé une cérémonie de commémoration de l'attentat contre le journal satirique. «Les attaques contre ''Charlie Hebdo'' ont rappelé l'importance de la liberté de la presse», a souligné Nathalie Koenders.
Une soixantaine de personnes se sont rassemblées, ce mardi 7 janvier 2025, à Dijon pour marquer les dix ans de l'attaque terroriste islamiste menée contre la rédaction de «Charlie Hebdo», à Paris, pour avoir publié, en 2006, douze caricatures du prophète musulman Mahomet.
L'événement a été organisé dans la cour d'honneur du palais des ducs de Bourgogne à l'initiative de Nathalie Koenders (PS), maire de Dijon.
Parmi les personnes présentes figuraient notamment les députés de la Côte-d'Or Océane Godard (PS), Pierre Pribetich (PS) et René Lioret (RN) ainsi que Michel Neugnot (PS), premier vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Laurent Gobet (sans étiquette), maire de Fenay, Vincent Thomas, président de l'Université Bourgogne Europe, et plusieurs conseillers municipaux de Dijon, de la majorité comme des oppositions.
Les terroristes ont ciblé «la liberté d'expression»
«Il y a dix ans, jour pour jour, notre pays était frappé en plein coeur», a déclaré gravement Nathalie Koenders lors d'une brève prise de parole. «Le 7 janvier 2015, l'attentat contre Charlie Hebdo, suivi de ceux de Montrouge et de l'Hyper Casher, visaient à détruire ce que nous avons de plus précieux : la liberté d'expression, la tolérance, notre idéal démocratique et notre mode de vie».
«Ces attaques barbares avaient pour but de semer la terreur, de nous diviser, d'éteindre la lumière de nos valeurs communes», a-t-elle poursuivi, «mais face à la haine, les Françaises et les Français ont répondu par un élan historique, celui de la solidarité et de l'unité». «Le 11 janvier 2015, des millions de citoyens se sont rassemblés à travers le pays. Ensemble, nous avons montré au monde que, face à la barbarie, la France sait se tenir debout, rassemblée et fidèle à elle-même. Ce jour-là, nous étions tous Charlie.»
Nathalie Koenders rend hommage aux «figures emblématiques de la satire françaises»
La socialiste a alors rendu hommage aux victimes des terroristes, en particulier, «les figures emblématiques de la satire françaises» – les cinq dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski – dont «le courage et l'engagement pour la liberté de la presse résonnent encore». «À travers eux, c'est notre liberté à tous qui était visée : celle de rire et de traiter de tous les sujets avec une liberté de ton même quand cela dérange.»
«L'humour n'est pas l'opposé du sérieux», a-t-elle analysé, «il permet, au contraire, de s'exprimer sur des sujets graves, de porter des messages politiques». «''L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive'', disait Romain Gary. C'est cela l'esprit Charlie. Rappelons-nous que la liberté d'expression est le pilier de notre démocratie. Elle est un contre-pouvoir essentiel contre toutes les formes d'oppression.»
Une minute de silence
«En ce jour de mémoire, réaffirmons avec force que nos valeurs républicaines, forgées dans l'épreuve, ne plierons pas face à l'obscurantisme», a-t-elle exprimé avant de brandir le numéro daté de ce jour, «plus que jamais, nous sommes Charlie».
Les participants ont alors respecté une minute de silence, suivie d'une minute d'applaudissements, puis entonné «La Marseillaise».
Plaidoyer pour la liberté de la presse
En amont de la commémoration, lors d'une cérémonie de vœux à la presse, assortie d'une thématique de défense de la liberté de la presse, Nathalie Koenders a développé la raison de l'organisation de cet événement.
«Presse et pouvoir public, nous sommes confrontés à des défis communs puisque nous partageons une responsabilité qui est importante : une presse libre et une action politique responsable sont vraiment, pour moi, les fondations d'une démocratie forte», a indiqué la maire de Dijon. «Dans nos démocraties, la presse n'est pas qu'un simple observateur – on l'appelle parfois le quatrième pouvoir – et elle est un acteur essentiel de notre équilibre civique. Son premier rôle est, bien sûr, l'information mais elle contribue aussi à garantir la transparence et la responsabilité des autres pouvoirs. Elle offre aux citoyens les moyens de comprendre et de questionner les décisions publiques. Qu'elle relève du service public ou du secteur privé, la presse est vraiment un relais de démocratie.»
«La diversité de la presse permet une diversité de points de vue et de traitements de l'information», a-t-elle développé, «[elle permet] aux citoyens de mieux appréhender les grands enjeux de nos sociétés et [enrichit] le débat public». «Les médias, comme les politiques, font face à une crise de confiance qui est nettement alimentée par la montée des fausses informations via les réseaux sociaux, face aux complotismes, relayés aussi par certains réseaux sociaux, et les discours populistes qui cherchent à affaiblir la démocratie.»
«Dans cette crise de confiance, l'échelon local résiste un peu mieux parce que notre action s'inscrit dans la proximité», a-t-elle assuré.
«Les attaques contre ''Charlie Hebdo'' ont rappelé l'importance de la liberté de la presse»
Alors que les frères Chérif et Saïd Kouachi ont tué des policiers, des journalistes et des dessinateurs de presse, Nathalie Koenders a confié qu'en apprenant l'attaque, le 7 janvier 2015, avoir senti que les terroristes lui prenaient une part de «[sa] culture». «Je me souviens où j'étais il y a dix ans exactement.»
«Cet acte terroriste était motivé par la volonté de punir le journal pour la publication de caricatures jugées blasphématoires», a rappelé la maire de Dijon avant de regretter que les conditions de travail des employés de «Charlie Hebdo» aient été ensuite bouleversées.
«Les attaques contre ''Charlie Hebdo'' ont rappelé l'importance de la liberté de la presse, pilier de toute démocratie ; elle constitue un contre-pouvoir essentiel contre toutes les formes d'oppression, qu'elles soient politiques, économiques ou religieuses,» a-t-elle insisté avant de rappeler que, en 2024, 54 journalistes ont été tués et 500 emprisonnés de part le monde.
Jean-Christophe Tardivon