La politique pourrait bien s'inviter dans les futurs ateliers de quartier. Ce vendredi 28 janvier, le tirage au sort a été favorable à des opposants notoires à François Rebsamen. La première adjointe au maire de Dijon a cependant salué la «transparence» de l'opération en souhaitant que chacun soit guidé par «l'intérêt général».
En un clic, les ateliers de quartiers ont été constitués ce vendredi 28 janvier 2022. Sous contrôle d'huissier, un algorithme a établi en partie la composition de chaque atelier de quartier avec l'objectif de parité femmes-hommes et de représentativité des habitants.
La Ville de Dijon entend ainsi renouveler le dispositif de démocratie participative en faisant évoluer les anciennes commissions de quartier. Présidée par Nathalie Koenders (PS), première adjointe au maire de Dijon, la cérémonie s'est déroulée en public. Une soixantaine de personnes étant présentes salle Devosge.
«Relever les défis démocratiques»
«La Ville de Dijon a souhaité donner un nouvel élan à cette participation citoyenne», déclare Nathalie Koenders en ouvrant la cérémonie. «Les Villes sont des échelons de proximité et ce sont les administrations les plus proches des habitants. (…) C'est pour ça que le mandat d'élu local est un des mandats les plus beaux puisqu'on doit améliorer la vie des gens au quotidien tout en ayant une perspective pour l'avenir pour notre ville», poursuit-elle.
«On a besoin de cette démocratie participative qui vient enrichir la démocratie représentative. (…) Le dialogue, la coconstruction, sont vraiment des opportunités pour relever les défis démocratiques», considère la socialiste.
«La démocratie participative ne se résume pas aux anciennes commissions de quartier et aux futurs ateliers de quartier. Ça commence d'abord par le dialogue que vous pouvez avoir avec vos élus municipaux : chaque élu est à votre écoute par le biais des permanences de quartier, lorsque vous nous interrogez par mail ou via les réseaux sociaux maintenant. C'est aussi les consultations que la Ville peut mener sur certains projets pour prendre votre avis pas sur tous les projets parce qu'il y a des projets où c'est compliqué de demander l'avis des citoyens parce qu'ils ont été décidés par un programme ou d'autres moyens», développe Nathalie Koenders.
Ainsi, les Dijonnais seront prochainement consultés sur le projet éducatif global, la stratégie alimentaire du territoire, le réaménagement de la bibliothèque Mansart, la désimperméabilisation des cours d'écoles ou encore la réfection du stade de la Maladière.
«Les futurs ateliers de quartiers sont vraiment représentatifs de la diversité des habitants»
«Maintenant les habitants vont pouvoir davantage concourir à l'enrichissement de l'action publique locale au sein de ces futurs ateliers de quartiers qui sont vraiment représentatifs de la diversité des habitants et qui sont plus variés dans leur mode de désignation et d'animation. C'est ainsi que la Ville de Dijon pourra renforcer le dialogue avec les habitants et répondre au défi de la transition écologique et du vivre-ensemble», envisage Nathalie Koenders.
«Les ateliers de quartier sont des lieux de dialogue privilégié entre les habitants, des lieux de réflexion et de travaux puisque nous allons continuer à travailler aussi sur les budgets participatifs et leur rôle sera de stimuler les échanges et les liens entre les habitants d'un quartier autour de la mise en œuvre de projets concrets», ajoute-t-elle.
«C'est une soirée qui lance le début de ces ateliers de quartier», réagit finalement Nathalie Koenders à l'issue de l'opération. «Ça s'est fait de façon transparente, rapide et tout à fait aléatoire.»
Des militants libertaires s'inscrivent dans la démocratie participative
L'intérêt pour ce nouveau dispositif de démocratie participative a été bien compris par des opposants à la politique de François Rebsamen (PS), le maire de Dijon. Plusieurs se retrouvent tirés au sort et maintenant membres des nouveaux ateliers de quartier.
Ainsi deux associations libertaires farouchement opposées à la politique urbanistique du maire de Dijon apparaissent dans les listes de membres. Les Amis des Jardins de l'Engrenage, qui contestent le projet immobilier Garden State de l'avenue de Langres, seront représentés par une personne à l'atelier de quartier Varrennes-Toisond'Or-Joffre. Les Amis des Lentillères participeront également à Chevreul-Parc.
La «transparence» du tirage au sort
Si les habitants peuvent évidemment avoir des opinions voire des engagements politiques et s'inscrire dans la démocratie représentative, des noms de candidats aux dernières élections municipales sont particulièrement remarquables.
Ainsi l'écologiste Laurent Monnot, qui était colistier de Stéphanie Modde (EELV), est désigné membre d'un l'atelier de quartier. Le centriste Sylvain Comparot était, lui, tête de liste aux municipales. Déjà engagé dans la précédente commission de quartier, le sort lui a été de nouveau favorable dans le quartier Université.
«Ça montre effectivement que le tirage au sort se fait de façon transparente», commente sobrement Nathalie Koenders. «Maintenant, ce que je souhaite, c'est ce ne soit pas un outil politique mais qu'on soit là vraiment pour suivre l'intérêt général, les projets du quartier et j'espère que ce ne sera pas utilisé par certains pour leur propre ambition personnelle.»
Jean-Christophe Tardivon
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