Lors d'une réunion consacrée à la présentation du budget 2025, ce mardi 4 février, dans le quartier Junot, la maire de Dijon a été interpellée sur le projet immobilier prévu en bord de Suzon. Par ailleurs, Nathalie Koenders a fait des annonces concernant des aménagements de voirie.
Jusqu'au 20 février, Nathalie Koenders (PS), maire de Dijon, a prévu de présenter aux habitants le budget de la municipalité pour 2025 ainsi que les grands axes d'action de l'exécutif.
La première de ces neuf réunions, définies par secteur correspondant aux Ateliers de quartier de la démocratie locale, s'est tenue au gymnase François Chambelland, ce mardi 4 février 2025, devant plus de 150 personnes.
De la «politique fiction» à la réalité institutionnelle
L'an dernier, dans ce même secteur Maladière-Drapeau-Clémenceau, il avait fallu pousser les murs de la Maison Maladière pour accueillir une centaine de personnes. Nathalie Koenders s'était alors refusée à faire de la «politique fiction» concernant le fauteuil de maire (
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Cette fois-ci, l'espace du gymnase a permis à la nouvelle maire de Dijon d'accueillir confortablement les habitants et usagers intéressés par la conduite des affaires municipales ou souhaitant tout simplement faire remonter un problème de voirie.
Même les habituelles contestations de la politique urbanistique ont pu s'exprimer dans un climat apaisé, le capital sympathie de la première édile étant palpable.
Présentation du budget 2025
La réunion débute par un exposé didactique des contours du budget primitif pour 2025, voté le 27 janvier dernier. Nathalie Koenders rappelle les principes des volets de fonctionnement et d'investissement, souligne que les collectivités territoriales doivent présenter un budget équilibré quand l’État a la faculté d'engendrer un déficit public.
À presque un an de la prochaine élection municipale, la socialiste signale que «140 sur 150 propositions» du programme de 2020 ont été réalisées. «Certaines ne pourront pas l'être car le contexte évolue», glisse-t-elle en ajoutant des «opportunités» sont également apparue en évoquant l'installation de l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) sans préciser ce que la Ville doit à Emmanuel Macron dans cette décision.
Le budget primitif a été construit selon six priorités budgétaires : la lutte contre le changement climatique – «priorité absolue» –, l'attention à tous les Dijonnais en particulier les plus vulnérables, l'attractivité, l'embellissement de l'espace public et la modernisation de sa gestion, l'amélioration des services public et la rénovation du patrimoine ainsi que la tranquillité publique – autre «priorité absolue».
Le sujet de la taxe foncière
Tout comme lors de ses vœux au Zénith, Nathalie Koenders reste près de son texte et des diapositives, ne faisant que quelques digressions techniques.
Ainsi, la maire de Dijon rappelle que la taxe foncière se décompose en une valeur cadastrale définie au niveau national à laquelle s'ajoute une part municipale qui «n'a pas augmenté les neuf dernières années», sans mentionner l'augmentation de la part métropolitaine survenue en 2022.
Toujours au chapitre des recettes de fonctionnement, la dotation versée par l’État est «historiquement basse à Dijon, nettement en-dessous de la moyenne nationale de villes de même strate». «Elle avait baissé de 10 millions d'euros sous François Hollande, elle a augmenté de 300.000 euros cette année, comme l'an dernier», reconnaît Nathalie Koenders.
Concernant les produits des services municipaux, «nous avons fait des choix politiques qui nous ont enlevé certaines recettes comme le choix de la culture pour toutes et tous et la tarification sociale de la restauration scolaire», explique-t-elle.
«La vidéoprotection sauve des gens»
Au sujet des dépenses de fonctionnement, la responsable de l'exécutif dijonnais analyse qu'il s'agit de «dépenses maîtrisées qui évoluent légèrement à la hausse de 3%» en raison de «mesures nationales» et qu'elles sont destinées à «rémunérer les agents qui assurent le service public».
À ce sujet, l'oratrice relève qu'un récent feu de toiture, survenu le 31 janvier dernier, place de la République (
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Les relations s'améliorent avec le Département, pas avec la Région
Parmi les charges de gestion courante, 17 millions d'euros sont affectés aux subventions aux associations : «nous ne baisserons pas les subventions mais nous ne pouvons pas pallier les baisses d'autres collectivités».
Les recettes d'investissement laissent apparaître 3 millions d'euros apportés par le Département de la Côte-d'Or pour financer des projets de la Ville de Dijon. Cela marque le rapprochement survenu entre François Rebsamen (PS, FP), présidente de la Métropole de Dijon et ancien maire de Dijon, et François Sauvadet (UDI), président du conseil départemental de la Côte-d'Or.
En revanche, les relations continuent d'être tendues entre François Rebsamen et Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. «La Région, cette année, donne 500.000 euros, on a beaucoup d'aides qui diminuent», glisse ainsi Nathalie Koenders, «il faudrait que notre Région participe un peu plus aux investissements de notre ville».
«Les entreprises ont besoin de la commande publique»
Si 57,3 millions d'euros de dépenses d'équipement ont été inscrits au BP 2025, le montant ressort en baisse par rapport à 2024. Ce financement est «important pour l'économie locale», relève Nathalie Koenders car «les entreprises ont besoin de la commande publique».
Parmi les principaux investissements de l'année 2025, Nathalie Koenders cite 9,7 millions d'euros pour la rénovation des écoles et des crèches municipales, 6,5 millions d'euros pour la rénovation et l'extension de la Maison des associations, 3,5 millions d'euros pour transformer le port du canal en «jardin urbain», 2,5 millions d'euros pour la transformation de la bibliothèque Colette en une «agora citoyenne», 600.000 euros pour la mise en accessibilité de la salle de Flore où se tiennent les conseils municipaux avec l'installation d'un ascenseur fin 2025, 460.000 euros pour l'installation de nouveaux brumisateurs dans les jardins publics, 360.000 euros pour la création de locaux associatifs dans le quartier des Marmuzots et au sein du quartier Heudelet ou encore 300.000 euros pour la création d'un cimetière animalier.
Constatant que la dette a fortement diminué pour atteindre 100 millions d'euros à fin 2024, la maire de Dijon conclut son propos en considérant présenter «un bon budget, sain financièrement, un budget d'action qui permet d'agir dans de nombreux domaines dans tous les quartiers, qui permet de répondre au défi de la transition écologique et de la cohésion sociale».
«Il faut trouver, de façon équilibrée, à construire des logements»
La première question des habitants concerne l'accès au très haut débit par fibre optique et un certain désarroi quand différents interlocuteurs se renvoient la balle avant de réparer une panne. «Orange s'occupe de la fibre optique sur la métropole», indique Nathalie Koenders.
Tandis qu'un habitant exprime son hostilité au projet immobilier Venise II au bord du Suzon, la maire de Dijon ne souhaite pas commenter – «il y a un recours, il y a un appel, c'est auprès de la justice» – mais défend tout de même la démarche du promoteur : «une étude biodiversité quatre saisons a permis d'étudier l'évolution de la faune et de la flore et a montré que le projet prévu n'impactait pas la biodiversité».
«Il faut trouver, de façon équilibrée, à construire des logements», ajoute-t-elle, «j'entends aussi ce besoin de végétalisation, il faut construire avec des îlots de fraîcheur». «Arrêtons d'être égoïste, (…) des demandes de logement, on en a tous les jours.»
La publicité sur le mobilier urbain «rapporte aux finances de la Ville»
Stéphane Dupas s'appuie sur la création de la marque territoriale Dijon Bourgogne pour interroger les responsables publiques sur la place de la publicité dans l'espace urbain. «Je ne viens pas pour faire de la polémique, si je viens tous les ans, c'est que ça n'avance pas», glisse le militant des Amis de la Terre Côte-d'Or.
Du coup, face à cette question enchâssée, Nathalie Koenders réagit surtout à propos de la création d'«une belle marque qui va permettre de faire rayonner Dijon encore et toujours à l'international» et se contente de souligner que la publicité sur le mobilier urbain «rapporte aux finances de la Ville».
Une habitante s'inquiète du sort qu'il sera réservé aux conducteurs de véhicules vieillissants avec l'instauration d'une zone à faible émission de particules polluantes (ZFE) au niveau de la Métropole.
«À Dijon, nous avons une très bonne qualité de l'air», rassure Nathalie Koenders, «il n'y a pas de contrainte pour cette année». «Après, c'est en fonction de mesures de l'air.»
En conseil métropolitain, le vice-président Jean-Patrick Masson (écologiste indépendant) s'était montré également rassurant en avançant que la qualité de l'air de l'agglomération dijonnaise était potentiellement en-deça des normes européennes pour plusieurs années.
«Dijon est une ville fraternelle, ouverte aux autres»
Un habitant exprime son souhait de «parler de l'immigration qui travaille» en précisant avoir réfléchi à «un projet» sans «trouver la solution» pour le voir aboutir.
«Dijon est une ville fraternelle, ouverte aux autres», enchaîne Nathalie Koenders avant d'évoquer une disposition récemment votée pour permettre à des apprentis ayant la nationalité d'un pays en dehors de l'Union européenne d'être recrutés par la Ville en CDD de trois ans, le maximum prévu par la loi.
Depuis l'assistance, Christine Fréquelin, ancienne directrice de l’École des métiers de Dijon Métropole, félicite la municipalité pour «continuer d'aider les apprentis» et rebondit pour préciser que «les maîtres d'apprentissage continuent d'être aidés par l’État», en particulier «les petites entreprises continuent de percevoir 6.000 euros par apprenti».
La piste cyclable sera prolongée route d'Ahuy
Après de récents travaux de voirie réalisés rue de la Charmette pour sécuriser les déplacements des piétons et des cyclistes, la dangerosité du boulevard Maréchal-Gallieni pour les piétons est mise en avant par une habitante en raison d'un trottoir étroit au niveau d'une opération de construction d'immeuble. «On va voir comment davantage sécuriser pour les piétons», réagit Nathalie Koenders.
Interrogée sur la prolongation des aménagements réalisés au niveau de la route d'Ahuy et du carrefour giratoire de la rocade de Dijon, la maire de Dijon annonce que la piste cyclable sera prolongée en 2025 en précisant qu'en se rapprochant du fameux boulevard Gallieni, les cyclistes seront incités à emprunter la rue de Bruges puis la rue de la Charmette pour éviter de passer par le rétrécissement de la route d'Ahuy.
La bande de roulement du boulevard Pascal sera refaite
Alors qu'un habitant proteste concernant les restrictions de couleur pour peindre sa porte de garage tandis que des antennes relais de téléphonie mobile émergent sur les toits, la première édile signale que «le service d'urbanisme n'a pas le droit de s'opposer aux votes des copropriétés» autorisant l'installation de telles antennes.
Pour finir avec un dernier sujet de voirie, la marie de Dijon indique que la réfection de la bande de roulement du boulevard Pascal est au programme des services de la Métropole en 2025.
La réunion s'est terminée par un moment de convivialité durant lequel des habitants ont pu également glisser dans une urne d'autres questions à l'intention de la municipalité.
Jean-Christophe Tardivon
Réunions publiques de Nathalie Koenders, maire de Dijon, sur le budget 2025 de la Ville(communiqué)
- Mercredi 5 février, 19h : quartier Chevreul-Parc – Le Consortium, 37 rue de Longvic, Dijon
- Jeudi 6 février, 19h : quartier Grésilles – Salle Camille Claudel, 4 rue Camille Claudel, Dijon
- Mardi 11 février, 19h : quartier Montchapet – MJC Montchapet, 10 rue Louis Ganne, Dijon
- Mercredi 12 février, 19h : quartier Varennes-Joffre-Toison d’Or – Espace Baudelaire, 27 avenue Charles Baudelaire, Dijon
- Jeudi 13 février, 19h : quartier Bourroches-Port du Canal-Valendons-Montagne Sainte-Anne – Gymnase des Bourroches, boulevard Eugène Fyot, Dijon
- Mardi 18 février, 19h : quartier Université – Campus des écoles ESTP-ESEO, 11 rue Sully, Dijon
- Mercredi 19 février, 19h : quartier Fontaine d’Ouche, théâtre de la Fontaine d’Ouche, 15 place de la Fontaine d’Ouche, Dijon
- Jeudi 20 février, 19h : quartier Centre-ville, salle des États, Palais des Ducs et des Etats de Bourgogne, Dijon