
Avec ses homologues de Franche-Comté, le secrétaire régional des Écologistes de Bourgogne commente la loi d'orientation agricole portée par la ministre de l'Agriculture.
Communiqué des Écologistes Bourgogne et Franche-Comté du 5 mars 2025 :
Quelques jours après la clôture du salon de l’Agriculture et l’adoption définitive de la loi d’orientation agricole, les Ecologistes Bourgogne, mobilisés depuis toujours au près des paysan·nes, donnent leurs avis sur les choix opérés par le gouvernement et les droites.
Une opportunité manquée pour avoir enfin une politique agricole rémunératrice et durable
La loi d’orientation agricole, censée être le texte de refonte de notre modèle agricole face aux défis de souveraineté alimentaire, de renouvellement des générations (pour trois agriculteur·ices qui partent, un jeune s’installe) et de bifurcation écologique, ne fait qu’accentuer les erreurs du passé. Au lieu d’offrir une réponse ambitieuse et attendue (85% des paysan·nes sont prêts à se lancer dans la transition environnementale), pour un secteur de plus en plus vulnérable aux aléas climatiques, elle préfère « simplifier » quitte à ce que l'écologie soit sacrifiée.
Un contre-sens historique dans la lignée des politiques menées par les gouvernements successifs, qui, en préférant un productivisme intensif exportateur à la concurrence mondialisée, ont offert des marchés accaparés par quelques-uns, ont précarisé la majorité des agriculteur·ices, ont vidé les campagnes de leurs paysans (2/3 des exploitations ont disparu en 40 ans dont 50% ces 25 dernières années), ont dégradé les sols (60 à 70% des sols européens sont en mauvaise santé), l’eau et détruit la biodiversité.
Des réponses insuffisantes face au ras-le-bol des agriculteur·ices
Trop faibles revenus, prix planchers rémunérateurs, endettement croissant, problèmes de trésorerie, fermes qui disparaissent... Le gouvernement ne prend pas à bras le corps ces enjeux.
Pour preuve, les problèmes de revenu et de prix, causes profondes de la crise du secteur (16% des ménages agricoles sous le seuil de pauvreté, 1 suicide tous les 2 jours), restent sans réponse. De plus, le gouvernement ne s’attaque pas pleinement à la question du renouvellement des générations (d'ici dix ans, plus d’1⁄3 des paysan·nes seront en âge de partir à la retraite) car il n’inscrit pas d'objectifs contraignants ni mesures fortes permettant de réguler le foncier agricole, de limiter l’agrandissement, de lutter contre l’accaparement et de faciliter l’accès au foncier pour la transmission et l’installation. Le gouvernement ne propose également rien pour protéger les agriculteur·ices face aux accords de libre-échange et à l’accroissement aberrant de nos importations (en 25 ans elles ont plus que doublé).
L’écologie comme bouc-émissaire
Dans un contexte d’attaques incessantes contre les agences environnementales comme l’OFB et l’INRAE, les droites ne pouvaient pas nous habituer à mieux. Paroxysme en la matière, l’article 13 de la LOA réduit à une simple contravention de 450€ la destruction d’une espèce protégée ou son habitat (contre trois ans de prison et 150 000 euros jusqu’ici). Seront également inscrits dans le droit, l’exclusion des bâtiments nécessaires à l’activité agricole de l’objectif de zéro artificialisation net (ZAN), l’accélération des décisions des juridictions dans les contentieux sur des projets de bassines, réserves d’eau et installations d’élevage. Enfin, la loi stipule le principe de « pas d’interdiction de substance sans solution économiquement viable et techniquement efficace ».
Ces choix ont de lourdes conséquences pour la santé de tous, l’effondrement de la biodiversité, ainsi que le dépassement des limites planétaires comme le cycle de l’eau et l’artificialisation des sols. Opposer agriculture et écologie mènera à un jeu perdant-perdant. Ca suffit, ce n’est pas digne de notre temps !
Protéger celles et ceux qui nous nourrissent et prendre soin de notre nature commune, telle est notre ambition. La prise en compte des enjeux d’alimentation durable, de protection de notre santé, de juste rémunération des paysan·nes, de préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, ainsi que de lutte contre le changement climatique suppose une transition systémique.
Près de cinq millions d’hectares, soit 1/5e de la surface agricole actuelle, devraient changer de main d’ici à 2030. A l’aune de ce renouvellement de génération, le virage de la transition ne doit pas être manqué. Nous ne pourrons pas la faire sans des agriculteur·ices nombreux·ses et valorisé·es économiquement et socialement. Pour cela, il est impératif de changer les règles du jeu.
Dominique Cornet
Secrétaire régional Les Écologistes Bourgogne
eelvbourgogne@gmail.com
bourgogne.lesecologistes.fr
Evelyn Poix & Philippe Chatelain
Secrétaires régionaux Les Écologistes Franche-Comté
eelv.fcomte@gmail.com
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