Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> OPINION > De gauche
16/03/2025 05:49
752 lectures

DIJON : La CGT dénonce le «dispositif répressif» mis en place par Nathalie Koenders contre les livreurs à vélo

Avançant des «troubles à l'ordre public», la maire de Dijon a signé, le 17 février dernier, un arrêté interdisant le stationnement des livreurs ubérisés au centre-ville. Les militants syndicaux dijonnais de la CGT revendiquent la création d'un local d'attente.
Communiqué de l'union locale CGT de Dijon du 15 mars 2025 :

Il y aura donc des contrôles de police avec les risques que l’on connaît tous, liés à l’OQTF pour un très grand nombre de ces travailleurs alors que la CGT demande la régularisation de tous les travailleurs sans papiers selon le principe : ils vivent ici, ils travaillent ici, ils restent ici.

Leur métier c’est dehors, par tous les temps, et c’est par mauvais temps qu’il y a le plus de commandes. Marqué par ses temps d’attente, aussi. Un métier sous la domination d’un capitalisme moderne, le monde de l’ubérisation. On parle de plongée dans la précarité, de régressions sociale comme au XIX ème siècle avec le retour du travail à la tâche, en fait.

DISPOSITIF RÉPRESSIF

Avec cet arrêté, que l’on peut qualifier de dispositif répressif, on est dans la continuité de la loi immigration écrite sous la dictée de la droite et du Rassemblement national : réduire les revenus des travailleurs, les contraindre à vivre sous la menace compris celle de l’expulsion car les livreurs à vélo sont majoritairement immigrés et souvent sans papiers y, pour ainsi constituer une réserve de main d’œuvre qui n’aura d’autre choix pour survivre que d’accepter la surexploitation.

La CGT aurait espéré d’autre type de mesure de la part d’une municipalité dite « progressiste ».

PRÉCARITÉ, LABORATOIRE DE RÉGRESSION SOCIALE, COVID

Leur statut, ou plutôt leur absence de statut, est un moyen extraordinaire pour peser sur l’ensemble des revendications du monde du travail, pour faire accepter toutes les remises en cause sur l’argument : « voyez, il y a pire que vous » ». En ce sens, le combat des livreurs est celui de tous les travailleurs dans la mesure où le secteur de la livraison à domicile, qui depuis l’autorisation du principe d’ubérisation du travail , a introduit et légalisé le travail précaire, sous rémunéré, non socialisé, en dehors de tout respect de la notion de temps de travail.

Pendant les confinements liés à la COVID 19, ils ont été en première ligne, exposés à tous les risques , ils ont même sauvé de la catastrophe économique, par la vente à emporter, de nombreux restaurants dijonnais, et bien au-delà de la traditionnelle restauration rapide.

Ainsi leur maintien dans cette situation de précarité, sans statut protecteur, c’est la remise en cause du travail rémunéré et socialisé mais également du temps de travail ,défini comme temps disponible pour l’employeur selon le code du travail.

La fiction de l’indépendance est en décalage total avec leur travail réel

Les livreurs sont des travailleurs indépendants, des autoentrepreneurs, qui paient leurs cotisations sociales comme des entrepreneurs. Ce ne sont pas des salariés (couverture très réduite notamment sur AT/MP le risque le plus important pour eux). Pourtant, le lien de subordination avec les plateformes est évident : les livreurs ne sont pas libres de fixer leurs tarifs, rien à voir avec un contrat commercial. Et s’ils refusent des commandes, les plateformes les débranchent. Une forme de licenciement pour faute, sans contestation possible. Des salariés sans les droits des salariés.... Beaucoup sont exploités par la sous-location de leur licence ou de leur compte.

Sans statut salarié, les plateforme se soustraient, alors que le lien de subordination existe bien, à leurs obligations en terme de Sécurité, Santé, Conditions de Travail(SSCT) : équipements de protection individuels(EPI), pas de prise en charge ni couverture en cas d’accident de travail, outils de travail pas assurés, aucune mesure de prévention qui contraindrait l’employeur.....

Revenus

Combien gagne un livreur à vélo ? Pour la majorité d’entre eux, « de 500 à 800 euros par mois », . Difficile à estimer cependant, tant les situations sont différentes. Celle des travailleurs sans papiers, notamment, contraints de reverser une partie de leurs gains au titulaire de l’inscription sur la plateforme : pour résumer « ils ont juste de quoi survivre ».... en dessous du seuil de pauvreté.

Ce que demande la CGT pour les travailleurs de plateforme

Mme Koenders argue qu’il semblerait difficile d’identifier des d’interlocuteurs. Ce serait ignorer complètement qu’il existe des élections professionnelles sur ce champ d’activité, et que la CGT, est très largement représentative au sein de l’Autorité des Relations sociales des Plateformes d’Emploi (ARPE). Bien sûr, nous sommes conscients que la municipalité n’a pas forcément compétence sur l’ensemble du champ des revendications de la CGT, encore faudrait-il en discuter au préalable de toute décision.

Ainsi l’Union Locale CGT de Dijon reste disponible pour discuter, travailler et négocier avec la municipalité , au moins sur la question du local et la question de l’aide à la démarche de régularisation des sans papiers qui travaillent.

-local :
L’UL CGT de Dijon réclame un local qui devrait leur être ouvert par la ville dans le centre de Dijon, afin qu’ils puissent attendre à l’abri des intempéries, recharger leur outil de travail, et pourquoi pas une aide aux démarches administratives.

-Régularisations, lutte contre le racisme, conditions de travail : régularisation des sans papiers. Les livreurs travaillent, on l’a vu pendant la covid, par exemple...

Les référents des plateformes – toujours le lien de subordination de type salariat – protègent toujours le client, parfois vraiment raciste, et pas le livreur ». Et la mauvaise note d’un client réduit l’activité proposée au livreur.

-Prix des courses, calcul du temps de travail : De quoi se nourrir et se loger. C’était l’exigence mise en avant lors de la grève nationale des 2 et 3 décembre. « Comme les temps d’attente ne sont pas comptabilisés, on peut être connecté pendant huit heures et gagner une dizaine d’euros. » D’où la revendication CGT d’une prise en compte de l’attente, en même temps que d’une augmentation de la course elle-même. Avec une demande complémentaire : l’expertise de l’algorithme qui calcule temps et rémunérations, expertise toujours refusée par les plateformes.

-L’opacité de l’algorithme : Le déblocage des comptes, aussi. Ils peuvent se retrouver dans l’impossibilité de travailler, sans savoir pourquoi . Encore une illustration de la fiction du « travailleur indépendant ».

-Assurance, couverture sociale : La prise en compte des assurances par les plateformes, l’extension de la couverture sociale en tant que salariés mais aussi la possibilité pour les livreurs d’attendre à l’abri, de recharger les téléphones...


Votre météo à Dijon
Votre météo en Bourgogne
Infos-dijon.com - Mentions légales