«L’aval des filières se taille la part du lion dans le partage de la valeur ajoutée agroalimentaire», analysent les militants communistes qui font des propositions après «des décennies de libéralisation des politiques agricoles».
Communiqué de la fédération de la Côte-d'Or du Parti communiste français du 13 novembre 2024 :En écho aux évènements survenus au Conseil régional ce vendredi 18 octobre, les communistes de Bourgogne-Franche-Comté comprennent le désarroi des agriculteurs subissant des retards dans le paiement de leurs subventions. Cette situation est notamment due à la décentralisation d’une partie de la gestion des aides PAC sans affecter les moyens humains nécessaires à leur instruction.
La colère est d’autant plus grande que le revenu des agriculteurs français est devenu totalement dépendant aux soutiens publics. Chaque retard dans le versement des aides PAC peut engendrer des graves difficultés financières chez les agriculteurs concernés. En effet, des années 1980 au début des années 2000, les prix garantis ont été peu à peu remplacés par des aides directes. Dans un contexte de ciseau de prix et d'augmentation des consommations de capital, la valeur ajoutée créée par travailleur a fondu. Désormais, dans bon nombre de productions, ce sont les subventions publiques qui font le revenu des agriculteurs. Ainsi, en France, sur 2010-2019, les aides PAC représentent 59% du revenu courant avant impôt des producteurs de grandes cultures, 152% en élevage bovin lait et 195% en élevage bovin allaitant.
Les communistes interprètent cette libéralisation de la Politique agricole commune comme un moyen de tirer les prix agricoles vers le bas et de permettre à l’industrie agroalimentaire et à la grande distribution de s'approvisionner en denrées agricoles payées en deçà des coûts de production. Ainsi, l’aval des filières se taille la part du lion dans le partage de la valeur ajoutée agroalimentaire, s’octroyant la moitié de cette dernière, quand moins de 10% reviennent au producteur d’après l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires. Et cela n’est sans compter la multiplication des traités de libre-échange qui accentuent la mise en concurrence internationale des producteurs en tirant les prix vers le bas tout en menaçant la souveraineté alimentaire de la Nation.
Pour les communistes, il est grand temps d’en finir avec une agriculture où ce n’est pas le travail mais les subventions publiques qui font le revenu.
Dans un premier temps, il est urgent de mobiliser tous les moyens à disposition du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté pour instruire les dossiers en attente en priorisant les profils d’agriculteurs en grave difficulté financière.
Toutefois, cette situation ne doit pas être appréciée uniquement de manière conjoncturelle, tant elle est révélatrice de la crise profonde que traverse l’agriculture française. Si l’on souhaite relever le défi du renouvellement des générations tout en accompagnant la mise en œuvre de pratiques plus respectueuses de l’environnement, il est indispensable de sécuriser le revenu ainsi que les investissements des agriculteurs. Ainsi, les communistes défendent l’instauration de prix planchers, soit un prix minimum versé au producteur.
En parallèle, la mise en place des conférences permanentes territoriales associant la profession agricole, les filières, les pouvoirs publics et la société civile permettraient de fixer un prix d’objectif, couvrant les coûts de production des agriculteurs.
Enfin, le rétablissement du coefficient multiplicateur serait l’occasion d’encadrer les marges de la grande distribution. En parallèle, cette campagne 2024, marquée par les mauvaises récoltes et les épidémies sur les cheptels (MHE, FCO etc.) invite à donner de vrais filets de sécurité assurantiels aux agriculteurs. Ces derniers passeraient par la mise en place d’un régime public agricole d’assurance et de gestion des risques climatiques, sanitaires et environnementaux, géré par les acteurs de l’agriculture et l’État et non pas par le secteur assurantiel et bancaire privé.
Si la priorité est bien de traiter les dossiers en attente, il est urgent de mettre fin à des décennies de libéralisation des politiques agricoles qui ont rendu le revenu agricole totalement dépendant des subventions publiques, confortant ainsi les profits de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution.