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29/03/2025 05:54
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DIJON : Le collectif des Jardins de l'Engrenage réagit à l'inauguration du premier bâtiment de Garden State

«Sous le béton, la Terre», scandent les militants anticapitalistes et écologistes qui rappellent l'histoire de la contestation du projet immobilier, menée jusque dans les urnes des élections départementales.
Communiqué du collectif des Jardins de l'Engrenage du 28 mars 2025 :

Le complexe immobilier Garden State est inauguré ce vendredi 28 mars 2025 par la Maire de Dijon, le préfet et le ministre du Béton et du Bitume, également président de la Métropole dijonnaise.

Il a réussi à trouver un moment dans son emploi du temps chargé, entre deux régressions écologiques et trois arrangements pour faire triompher les idées réactionnaires qu’il tente de dissimuler en revendiquant son adhésion à un Parti qui n’a de Socialiste que le nom, alors qu’il est depuis le début de cette formidable aventure qu’est le règne de notre bien aimé président Macron, l’un de ses plus fervents soutiens.

Il l’invite pour ses déplacements de campagne, le soutient dans les médias, mène avec zèle sa politique et est toujours le premier à appliquer ses lois régressives,voire à les anticiper.

Privatiser, surveiller, détruire sont des verbes que François et Emmanuel conjuguent à tous les modes.

Mis dans la gêne financière par la cession de son poste de maire à son héritière, bientôt réduit à faire la quête devant la cité de la Gastronomie, le gouvernement n’a pas oublié de récompenser celui qui a toujours été fidèle au président en lui  confiant le poste bien rétribué de Ministre des Grands Projets Inutiles.

Ne parlez surtout pas à François Rebsamen de Nouveau Front Populaire ou de justice sociale et environnementale, vous risqueriez de gâcher son déjeuner à La Tour d’Argent, et vous n’imaginez pas comme Bruno Retailleau n’aime pas que ses invités ne touchent pas à leur canard à la royale.

Partageant un même goût pour la résolution des conflits sociaux ou environnementaux par la douceur et le dialogue, on raconte que c’est la délicatesse légendaire exercée durant la destruction des Jardins de l’Engrenage (situés en lieu et place de l’actuel ensemble Garden State) le 20 avril 2021, qui inspira à Gérald Darmanin, grand ami de Nathalie Koenders, le déchaînement de violences aveugle des forces de l’ordre lors de la manifestation contre les Méga Bassines en 2023 dans le marais Poitevin.

Déjà en 2018, lors de la Grande Révolte des Gilets Jaunes, François et Nathalie avaient brillé par leur souci des aspirations populaires, en mettant tous les moyens à leur disposition au service de la répression.

Nathalie Koenders justement, fraîchement passée de numéro deux à numéro une de la ville, s’est vue obligée d’annoncer l’arrêt du projet immobilier Venise 2 qui aurait irrémédiablement noyé sous le béton les deux hectares des Berges du Suzon, inestimable patrimoine naturel dijonnais.

Cette annonce intervient après une décision de la justice, ordonnant l’annulation pure et simple du permis de construire délivré par son administration, pour défaut d’information (des arbres pas sérieusement dénombré, nous dit-on), ce qui est assez rare et constitue un sérieux camouflet infligé à la politique du tout béton, pourtant bien rodée depuis des décennies. Merci aux courageux amis de la nature qui ont lutté pour arracher cette victoire.

Reconnue de tous pour sa capacité à tout oser, elle affirme que ce n’est pas la contestation qui l’a fait reculer, mais le « bon sens ».

Ne nous attardons pas sur le mépris de la justice et de la volonté populaire qu’elle affirme. Soulignons plutôt le courage de cette noble édile à reconnaître publiquement qu’avant cette date, elle n’en était point dotée, de « bon sens ». Ce dont au demeurant personne ne doutait, et le doute risque de planer encore longtemps.

Lors de son intervention d’auto-promotion au Conseil Municipal, comme si les magazines municipaux, les réseaux sociaux, les articles dans les journaux, les panneaux sur les arbres, sur les écoles, les annonces sur les abris-bus, les sucettes publicitaires, les écrans du Tram, les interview sur les radios et les télés, tout cela financé par des charrettes de deniers publiques, ne suffisaient pas à chanter les louanges de la nouvelle élue, Nathalie nous enchante :
« A partir de maintenant, la municipalité identifiera et protégera les grands espaces de pleine terre et ne construira que sur les espaces déjà artificialisés »

Déjà les promoteurs déchirent leurs chemises, Pennequin décide la grève de la faim pour un quart d’heure, Colas et Roger Martin se reconvertissent et s’associent avec Maison Roger pour assurer leur avenir, habitués à rouler les gens dans la farine. Bouygues, Vinci et Eiffage plaquent tout pour faire les transhumances dans les Pyrénées et Ghitti, fou de rage, déchire les photos de ses vacances passées avec ceux qu’il pensait être ses amis.

Soucieuse de ne pas créer une épidémie de crises cardiaques chez ses plus fidèles soutiens, elle s’empresse d’ajouter que ce n’est pas incompatible avec la poursuite et l’intensification de la construction, et que la municipalité est toujours décidée à enrichir les propriétaires de centrales à béton, de carrières de calcaire, les concessionnaires de grues et de camion-toupie, et caetera.

C’est effectivement assez facile de promettre de préserver les grands espaces de pleine terre, quand ceux-ci ont pour la plupart déjà été urbanisés à Dijon ces dernières années par la politique dénuée de « bon sens » de Nathalie et François. Même s' il en reste de nombreux dans le Grand Dijon, promis au béton, que Madame la Maire se refuse à évoquer.

Ensuite, la notion d' « espace déjà artificialisé » est un terme administratif trompeur et mensonger, employé à dessein pour duper la population.

En effet, du point de vue de l'administration dijonnaise, est considéré comme « terrain déjà artificialisé » tout terrain défini d’un seul tenant sur le cadastre qui comporte une habitation, de n’importe quelle taille qu’elle soit. Un terrain, un parc arboré par exemple de 1 000 m2 sur lequel est construit une maison de 60 mètres carrés au sol sera considéré comme « déjà artificialisé ». On voit bien l’hypocrisie, le cynisme de ces manœuvres portées par les tenants du « bon sens ».

Elle évoque d’ailleurs le projet Garden State dans ces termes, afin d’illustrer le « bon sens » qui la caractérise :
« Le projet Garden State, que nous inaugurerons cette semaine, mené à terme précisément parce qu'il concernait un terrain déjà artificialisé, malgré la contestation. Je rappelle d'ailleurs avoir été candidate, et largement réélue, aux élections départementales dans ce contexte de contestation »

Voilà le terrain "déjà artificialisé" sur lequel s'est construit Garden State !



C’est ici qu’il faut nous rappeler ensemble cette histoire sur laquelle sont posées les fondations des immeubles inaugurés vendredi, et ainsi répondre à ces tentatives de réécriture de l’histoire, une histoire qui résonne encore fortement dans les rues de Dijon.

La contestation, c’est la création et la lutte des Jardins de l’Engrenage durant un peu plus d’une année. Initiée au sortir du confinement en Mai 2020 par un mouvement de Dijonnais et Dijonnaises et d’habitants et habitantes du quartier autour de l’avenue de Langres, soucieux de préserver la nature en ville et partout où cela est nécessaire, offrant ainsi une respiration et un espace de convivialité à toutes et tous.

Sur le temps long, la préservation de la terre et des arbres permet de rafraîchir l’atmosphère, et ainsi ralentir le réchauffement climatique, bien plus que la plantation de nouveaux arbres mal plantés et mal suivis.

Les arbres et certaines plantations permettent de retenir l’eau, d’attirer des nuages, de piéger le CO2 et d’offrir un habitat à de nombreuses espèces, protégeant ainsi la biodiversité. La terre est aussi le substrat, la matrice qui nous nourrit, où poussent les céréales que nous mangeons ainsi que les bêtes que nous consommons, ainsi que les légumes et les fruits des arbres et arbustes.

Ces affirmations sont des vérités connues depuis toujours de tous, mais la métropolisation de nos existences à mis ces réalités scientifiques et perceptions à distance. La catastrophe climatique, l’écologie profonde nous pousse à redécouvrir tout cela, et est de plus en plus partagé, même si le spectacle de la croissance infinie mobilise toute ses forces pour empêcher les individus et les peuples de prendre la réelle mesure du problème et du travail à entreprendre pour limiter les dégâts.

C’est de tout cela qu’il s’agissait aux Jardins de l’Engrenage. Sur cet espace en friche, il y avait effectivement des constructions, et des espaces artificialisés. Mais pas partout.

Il y avait aussi des arbres, qui ont été protégés par les jardiniers, et des espaces de pleine terre qui ont été cultivés, des légumes qui sont allés remplir le ventre des riverains, et des jardiniers en herbe qui ont pu profiter de cette saine activité pour trouver un peu d’apaisement au milieu de la métropole marchande.

Prouvant au passage que cette terre n’était pas un tas de caillou ou de béton comme l’affirme Mme Koenders, qui n’hésite pas, quatre ans après, à raconter de nouveau ses salades.

Il y avait un grand jardin partagé, des jardins familiaux où les habitants des immeubles alentours jardinaient avec gourmandise, une petite bicoque qui servait d’habitation pour deux personnes qui n’avaient alors pas de toit, et qui invitaient leurs amis jardiniers à partager leurs repas, repoussant les murs de leur petit salon. Sur une partie artificialisée, les amoureux de la pétanque avaient créé un terrain de pétanque 3 étoiles, haut lieu de convivialité s’il en est, qui devenait parfois piste de danse.

Des marchés ont été organisés, des plantations d’arbres, des chantiers collectifs, des tournois de pétanque, des repas partagés, des fêtes de quartiers, des bourses aux plantes, évidemment de nombreux moments de jardinage, tout cela avec l’investissement et la force des seuls occupants et leurs soutiens.

Et toujours, l’accueil, l’entraide et la bienveillance étaient au centre. Il y avait un grand puits, qui plongeait directement dans la nappe du Suzon , des érables et des tilleuls vénérables, dont l’ombrage protégeaient les oiseaux, les insectes et les gens.

Tout cela a été détruit dans la violence. Une violence sciemment orchestrée par François et Nathalie, et tous leurs amis. L’espoir qui s'était levé était trop beau.

Déjà aux premiers jours de l’occupation, ils avaient dépêché leur police municipale, les pelleteuses de leurs copains promoteurs, des agents des cadres municipaux en dehors de tout cadre légal, prétextant un nettoyage du terrain.

L’opposition déterminée des occupants les avait fait reculer. Les pelleteuses avaient malgré tout rasé le jardin fraîchement initié et dammé la terre. Qu'à cela ne tienne, nous l’avons retravaillé et re-cultivé.

Un an plus tard, la justice ordonnait l’expulsion de la maison. Ne pouvant attendre plus longtemps, ils déclenchèrent 2 mois avant l’expulsion, l’opération de destruction du terrain « artificialisé », c'est-à- dire le jardin. Des dizaines de gendarmes mobiles, des flics locaux trop heureux de casser de l’écolo, des policiers municipaux, durant 4 jours.

Pennequin et d’autres avaient envoyé leurs plus grosses pelleteuses et leurs camions remorques pour littéralement voler la terre, l’« artificialiser ». Des dizaines de rotations durant 3 jours, plus de 500 cartouches de gaz tirées sur un tout petit périmètre, d’innombrables départs de feu, autour et dans la maison, toujours pas expulsable légalement. Leurs cerveaux malades ont donc imaginé de ceinturer la maison avec un mur de 2 mètres 50 de haut fait de briques en béton type Légo.

La résistance a finalement réussi à sauvegarder une bande de pleine terre (qui était censée ne pas exister...), où de nombreuses salades ont été plantées.

Par un hasard du calendrier, les élections départementales avaient lieu juste avant l’expulsion définitive de la maison. Nous décidâmes de nous présenter. Nathalie Koenders était face à nous. Si elle remporta la manche avec un score très honorable, qu’elle n’oublie pas cependant que nous l'avons empêché de gagner au premier tour, en réalisant avec nos maigres moyens, un score très honorable de 14,6%, arrivant troisième.

Elle se targue d'avoir gagné ces élections comme si c’était un plébiscite à sa politique. Nous voyons l’inverse. Malgré sa notoriété, malgré les moyens délirants mis en place, les campagnes de diffamation à notre égard, les relais médiatiques, la longue histoire du parti qu’elle représente, rassurante aux yeux de nombre d’électeurs figés par la peur et la désinformation créé par les tenants du pouvoir pour s’y maintenir, de nombreuses personnes nous ont fait confiance et  ont approuvé notre slogan : Oui à la Nature, Non au Béton !

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