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29/01/2025 10:52

APICULTURE : Selon l'UNAF, «le Sénat sacrifie pollinisateurs, santé publique, agriculture et environnement sous la pression de l’agrochimie»

Le syndicat professionnel des apiculteurs réagit au «retour des néonicotinoïdes», des produits phytosanitaires de synthèse suspectés d'être responsables d'«une hécatombe parmi les abeilles et d’effets délétères sur les organismes vivants».
Communiqué de l’Union nationale de l’apiculture française du 28 janvier 2025 :

L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) s’insurge contre l’adoption, le 27 janvier, par le Sénat, d’une loi autorisant l’utilisation de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, et dérégulant le marché des pesticides. Cette décision, dictée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, constitue une attaque frontale contre les efforts entrepris depuis 2016 pour protéger les pollinisateurs, pourtant essentiels aux rendements agricoles, et la santé humaine.

« Sous la pression de certains syndicats agricoles et des lobbies de l’agrochimie, les sénateurs de la droite, d’extrême-droite et du camps présidentiel, ont adopté une mesure qui tourne le dos aux impératifs environnementaux et sanitaires. En réautorisant ces substances toxiques, responsables d’une hécatombe parmi les abeilles et d’effets délétères sur les organismes vivants, les élus placent les intérêts de l’agro-industrie au-dessus de l’intérêt général », a déclaré Christian Pons, président de l’UNAF et apiculteur.

Une menace pour l’apiculture française et la santé des Français

Les néonicotinoïdes, qualifiés de « chlordécone de l’hexagone » par le sénateur Jean-Claude Tissot pendant les débats, sont reconnus pour leur extrême toxicité. Selon des études indépendantes, ils contaminent les sols, les eaux et toute la chaîne alimentaire, mettent en péril des écosystèmes. Une exposition prolongée ou excessive a des effets graves, en particulier chez les enfants et les populations vulnérables, comme cela a été démontré dans la plaine agricole d'Aunis.

Pour l’apiculture française, cette décision est une catastrophe annoncée : ces pesticides systémiques, absorbés par les plantes, intoxiquent les pollinisateurs via le nectar, le pollen et même les cultures ultérieures ou environnantes. Ce retour en arrière va accentuer le déclin des pollinisateurs si utiles, fragiliser les apiculteurs et menacer la production de miel, tout en sapant la transition pourtant inéluctable vers une agriculture plus durable. Tout cela en claire contradiction avec le Plan pollinisateurs mis en oeuvre par l’Etat.

Un passage en force à l’Assemblée nationale

Cette loi, adoptée sous procédure accélérée au Sénat, est désormais transmise à l’Assemblée nationale, où elle risque d’être adoptée, et le gouvernement pourrait céder à la pression des lobbies pour la faire intégrer dans la LOA, en prévision notamment du Salon de l’agriculture. L’UNAF appelle tous les députés à rejeter ce texte rétrograde et irresponsable, et va mobiliser ses adhérents pour interpeller les parlementaires.

L’UNAF prendra ses responsabilités

Si la loi était adoptée et promulguée, l’UNAF utilisera tous les moyens à sa disposition pour empêcher son application. Si nécessaire, nous saisirons les tribunaux, comme nous l’avons fait avec succès dans le passé (Bayer, ..), pour défendre les pollinisateurs et l’environnement contre cette dérive inacceptable. Un procès entre l’UNAF et une entreprise d’agrochimie sur le néonicotinoïde sulfoxaflor est en cours dont nous espérons faire interdire l’Autorisation de mise sur le Marché (AMM).

Nous exhortons les décideurs publics à écouter les citoyens, les scientifiques, les agriculteurs engagés dans la transformation des pratiques, et les défenseurs de la biodiversité, qui rappellent que des alternatives viables existent. L’INRAE confirme que les betteraviers en agriculture biologique obtiennent des rendements très honorables sans l’utilisations de ces molécules toxiques. La France, qui a été pionnière en interdisant les néonicotinoïdes, doit maintenir le cap et défendre une agriculture durable et respectueuse du vivant.

Enfin, lors du Concours des miels de France qui se tiendra le 4 février, l’UNAF alertera les participants sur les dangers de ce texte de loi et les reniements successifs des gouvernements sur la protection de l’apiculture et de la biodiversité.

Le sénateur Laurent Duplomb, cadre de la FNSEA, insulte les apiculteurs

Dans un entretien à la presse, Laurent Duplomb affirme que « les apiculteurs sont dans une posture qui fait fi des réalités scientifiques". L’UNAF tient à lui rappeler que la science a tranché depuis longtemps sur la dangerosité pour le vivant, notamment les humains, de toutes les molécules néonicotinoïdes.

Encore une fois, c’est la biodiversité et la santé des Français qui va pâtir du manque de volonté politique de la France au sein de l’Union européenne de faire interdire tous les néonicotinoïdes ou d’imposer des tarifs douaniers aux producteurs qui les utilisent.

Enfin, si Laurent Duplomb s’intéressait vraiment au sort des apiculteurs français, il saurait que les produits concernés par cette proposition de loi présente des toxicités chroniques et aigües pour l’abeille : mortalité accrue et fragilisation face aux autres menaces et parasites.