Une formation au commandement était organisée, ce mercredi 14 juin, sur les hauteurs de Volnay. L'exercice de sécurisation de sapeurs-pompiers dans des véhicules aspergés d'eau s'est révélé impressionnant.
La situation : un feu survient dans un secteur comportant des arbres et des broussailles à quelques centaines de mètres de pavillons récents surplombant les vignes de Volnay. La mission : circonscrire l'incendie et protéger les pavillons.
À 11 heures 25, ce mercredi 14 juin 2023, des officiers sapeurs-pompiers du Service départemental d'incendie et de secours de la Côte-d'Or (SDIS) lancent un exercice de formation : «- On a de nombreux appels d'un lotissement situé à proximité, - Bien reçu ! Ma fréquence de départ en tactique est la 604», grésille le talkie-walkie.
Parmi les observateurs, on compte Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, Hubert Poullot (LR), vice-président du conseil département de la Côte-d'Or et président du SDIS, ainsi que Pascal Bouley (sans étiquette), maire de Volnay.
Formation feu de forêt niveau 3
L'exercice mobilise 27 agents dont 12 stagiaires et engage 8 véhicules feux de forêt – dont un camion citerne feux de forêts de classe super doté d'une lance-canon et d'une «piscine» déployable – et 4 véhicules tout-terrains.
Parmi les officiers sapeurs-pompiers stagiaires, huit sont Côte-d'Oriens, un vient de Haute-Saône, deux de la Meuse et un de la Haute-Marne.
Tous ont déjà une formation de niveau un correspondant aux fonctions d'équipier présent dans un véhicule et une formation de niveau deux correspondant aux fonctions de chef d'agrès dirigeant un véhicule et ses équipiers.
La semaine précédente, la première partie du stage de niveau trois s'est déroulée à l'École d'application de Sécurité civile à Gardanne (Bouches-du-Rhône) avec plusieurs séances en simulateur notamment.
Apprendre à commander un groupe d'intervention
Ce jour, chaque stagiaire sera au moins une fois présent dans le véhicule de commandement pour apprendre à diriger quatre véhicules d'intervention depuis ce poste et devenir ainsi chef de groupe. La formation repose sur de l’analyse de zone sur cartes, de la tactique opérationnelle, de la gestion opérationnelle et du commandement.
En dehors des stagiaires, les autres personnels sont des conducteurs, des formateurs – trois Côte-d'Oriens et un venant des Haute-Alpes – et des observateurs. Les stagiaires seront évalués par les formateurs.
L'équipe de formateurs est supervisée par le capitaine Jérôme Theurel, conseiller technique départemental pour les feux de forêt. Elle a la connaissance complète du scénario de l'exercice et distille progressivement les informations aux stagiaires.
Les écarts par rapport à la réalité ? Il n'y a bien sûr aucun feu, les lances ne seront pas chargées en eau ou en mousse et, du fait de la chaleur, les agents mènent l'exercice en vêtements à manches courtes alors qu'ils seraient en tenue complète pour les protéger en cas d'incendie réel. Sans oublier la présence d'autorités et de journalistes évoluant autour des sapeurs-pompiers.
«- CCF 2 et 3, vous prenez à droite»
«- Tu peux faire avancer le groupe, je me trouve à l'origine du feu. - CCF 2 et CCF 3, on fait mouvement», crachote le talkie-walkie et les camions avancent sur le chemin de terre en direction d'un véhicule représentant le point de départ du feu de végétation et sa direction de propagation.
Le stagiaire doit reconnaître le terrain, trouver un chemin d'accès pour lancer les opérations d'extinction en s'imaginant entouré de flammes d'une dizaine de mètres de haut avec un rayonnement de 800°C.
«- CCF 2 et 3, vous prenez à droite. - Reçu pour nous. - CCF en stand-by, je fais le point avec le chef». Les véhicules manœuvrent autour du point de départ, s'avancent au milieu des arbres puis font demi-tour tandis que le stagiaire étudie la carte. Un largage d'eau par hélicoptère bombardier d'eau Super Puma est simulé.
Dans le ciel de Volnay, se trouve tout au plus un drone dont les images sont reçues au niveau du poste de commandement, resté en retrait au niveau des pavillons, et relayées jusqu'au centre opérationnel par l'équipe de communication du SDIS.
«Le camion est la zone de survie»
Le départ du feu neutralisé, les engins font de nouveau mouvement pour protéger les pavillons. Là, un élément impressionnant du scénario est déclenché : simuler un feu atteignant des véhicules, obligeant à actionner les sprinklers extérieurs pour rafraîchir la cabine et les pneus.
«Le camion est la zone de survie», explique le contrôleur général Régis Deza, directeur du SDIS, «on forme les pompiers à revenir le plus vite possible dans le camion».
Des masques individuels permettent de respirer dans la cabine. Le dispositif tient dix minutes grâce à 600 litres d'eau réservés aux gicleurs du camion.
«On fait de l'investissement dans le matériel mais il faut aussi protéger nos personnels», appuie Hubert Poullot en signalant que désormais, tous les nouveaux camions sont équipés de ce dispositif.
Arrivée d'un chef de colonne
Les camions et les personnels sortis de leur difficulté, les stagiaires imaginent être rejoints par des renforts pour attaquer le feu dévalant la pente cette fois. Puisque désormais deux chefs de groupe sont engagés, un chef de colonne est mobilisé pour les encadrer et commandé les moyens aériens.
Le stagiaire-chef de groupe donc doit expliquer la situation au formateur-chef de colonne prenant le commandement des opérations, le stagiaire devenant son adjoint pour le reste de l'exercice.
«On est sur un feu de végétation dense, haute, en pente descendante. On a eu un vent qui nous a frôlé, on a fait une opération de retour», explique le stagiaire. «Au départ sur le feu, flanc gauche, je ne pouvais pas le traiter parce que je n'avais pas d'accès, donc on a eu Puma 21 qui a fait un premier largage. Toutes les six minutes, il peut faire une rotation puisqu'il peut écoper dans le lac à Beaune. Sur le flanc droit, j'ai demandé de jalonnement de manière à rester sur le flanc. Le Puma m'a précisé qu'on avait un certain nombre d'habitations et que le feu menaçait. L'idée est d'aller faire une défense de point sensible au niveau des habitations parce que le feu est virulent.»
«Une vraie mobilisation de l'encadrement»
Un bilan qui marque la fin de la première partie de l'exercice pour le stagiaire en question et permet au préfet d'aller échanger avec les équipes, notamment les télépilotes de drones. Le SDIS envisage d'atteindre prochainement dix télépilotes de drones pour qu'au moins un tel agent soit disponible chaque jour.
In fine, le contrôleur général Régis Deza salue «une vraie mobilisation de l'encadrement qui vient se former».
Jean-Christophe Tardivon