«S'il faut créer de la réserve d'eau, on en créera», a assuré le président du Département de la Côte-d'Or, ce mardi 25 février, à Paris, après avoir obtenu satisfaction au sujet de la loi d'orientation agricole.
La Côte-d'Or n'a pas de stand au Salon international de l'Agriculture mais le Département a des idées. Chaque année, François Sauvadet (UDI), président de la collectivité, programme une déambulation pour aller à l'écoute d'agriculteurs côte-d'oriens, en particulier des éleveurs, et faire passer des messages durant ce «formidable moment de rencontres et de retrouvailles».
Ce mardi 25 février 2025, dès sa première étape auprès des éleveurs ovins, François Sauvadet a communiqué sur une idée qui a abouti en matière de ressource en eau, portée il est vrai par l'intermédiaire de Départements de France, association d'élus qu'il préside depuis 2021. La toute nouvelle loi d'orientation agricole autorise les Départements à intervenir dans ce domaine.
La délégation pose avec des habitants de la Côte-d'Or invités au Salon de l'agriculture
La journée a débuté en retrouvant des Côte-d'Oriens pour une photo souvenir sous la «grande cerce» à l'entrée du Salon de l'agriculture. Une centaine d'habitants, invités par le Département après avoir tenté leur chance à un jeu-concours lancé sur les réseaux sociaux, étaient partis à 4 heures du matin pour rejoindre en car Paris Expo.
La pluie battante ayant incité les heureux gagnants à s'égayer dans les différents pavillons, il ne restait plus qu'une poignée d'habitants à poser derrière la banderole de la communication institutionnelle.
Avec eux s'affichaient donc François Sauvadet, rejoint par Paul Mourier, préfet de la Côte-d'Or, Jacques Carrelet de Loisy, tout nouveau président de la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or, et des vice-présidents de la collectivité dont Marc Frot (LCOP), chargé de l'agriculture.
Éleveur de moutons dans l'Auxois, «Julien Pané est un exemple pour l'agriculture française»
Première étape au niveau du stand de l'Organisation de sélection ovine nord qui accompagne les éleveurs de moutons île-de-France, race présente notamment dans le nord de la Côte-d'Or. L'OSON est présidé par Julien Pané qui conduit un cheptel de 500 têtes dans l'Auxois.
«Je veux dire ma confiance dans la qualité des relations que nous avons nouées avec la chambre d'agriculture», a déclaré François Sauvadet, «nous avons fait de l'agriculture une priorité». «Même si l'on a pas la compétence économique strico sensu, nous avons un accompagnement fort.»
«Nous sommes fiers de ce que vous faites», a-t-il adressé aux représentants de l'OSON, se souvenant que ses propres parents et grands-parents avaient dans leur exploitation des moutons Île-de-France.
«Julien Pané est un exemple pour le département et pour l'agriculture française», a-t-il lancé, «c'est quelqu'un qui était petits-fils d'agriculteurs et qui a choisi de reprendre une exploitation et, en quelques années, dans le mouton, qui est le monde de la compétition – on est ici aux championnat du monde de l'alimentation et de l'élevage –, il a réussi à remporter un prix de championnat et un prix d'ensemble, un des prix les plus prestigieux car prix d'éleveur». «Si jeune dans le métier, arriver à un tel niveau d'excellence, il y a un mot : c'est la passion ! Continuons de faire de la Côte-d'Or une terre d'excellence.»
Un «travail d'équipe» entre le Département, la chambre d'agriculture et la filière ovine
«La filière ovine peut vous dire merci», a réagi Julien Pané à l'adresse du président du Département. «En Côte-d'Or, on maintient l'élevage ovin, on en crée, il est dynamique. C'est un travail d'équipe entre le Département, la chambre d'agriculture, le syndicat ovin et toute la filière ovine.»
«Nous voulons des agricultures rentables pour des installations durables»
Pour sa part, Jacques Carrelet de Loisy s'est félicité que la Côte-d'Or présente «une longue histoire» en matière d'élevage. «La mandature de la chambre d'agriculture qui commence est marquée par l'installation d'une commission ''transition climatique et énergétique'' qui aura un regard tout particulier sur la gestion de l'eau.»
«Nous voulons des agricultures rentables pour des installations durables», a martelé celui qui a porté la liste de la FNSEA aux élections professionnelles en Côte-d'Or, soutenu notamment par les Jeunes Agriculteurs.
Pas de «tabou» sur la création de réserves d'eau pour les éleveurs
Devant les éleveurs, François Sauvadet a rappelé les «défis» auxquels le monde agricole est confronté : transmission des exploitations – «on a besoin de redonner confiance dans l'avenir pour que des jeunes s'installent à nous» –, évolutions de la consommation – «en achetant Côte-d'Or, les consommateurs soutiennent les éleveurs de Côte-d'Or» – et le changement climatique.
Le président du Département a développé ce dernier point sous l'angle de la ressource en eau pour les éleveurs : «on a une problématique de quantité d'eau et de qualité d'eau». «On sera très engagé à vos côtés, s'il faut créer de la réserve d'eau, on en créera, il n'y a pas de tabou là-dessus.»
«Vous pouvez compter sur l'ensemble des services de l’État»
À son tour, Paul Mourier a salué «l'action résolue du Département de la Côte-d'Or» qui engage 15 millions d'euros annuellement sur des sujets ayant trait à l'agriculture via la compétence d'aménagement du territoire, la compétence économique ayant été confiée à la Région Bourgogne-Franche-Comté.
«Vous pouvez compter sur l'ensemble des services de l’État», a-t-il indiqué au sujet de l'accompagnement des agriculteurs face aux défis évoqués, notamment concernant la ressource en eau et la production d'énergies renouvelables.
«S'il n'y a pas d'eau, il n'y aura pas de vie»
François Sauvadet s'est félicité de voir que la loi d'orientation agricole intégrait un amendement proposé au titre des Départements de France, permettant à cet échelon de collectivité territoriale «intervenir dans le domaine de l'eau à la demande des syndicats et des communes» (
lire le communiqué).
Une disposition législative qui va permettre notamment au Département de la Côte-d'Or de «mobiliser en ressource en eau la réserve des Maillys» ainsi que le réservoir de Grobois pour «faire de l'interconnexion et sécuriser l'approvisionnement en eau d'une large partie de la Côte-d'Or». «Les élus locaux ont marqué très clairement leur volonté que l'on soit à leurs côtés.»
Le président de la collectivité envisage donc la création de syndicats de gestion de l'eau ad hoc avant même les prochaines élections municipales.
«C'est un enjeu considérable, d'abord pour les habitants», a-t-il insisté, «on est face à un changement climatique que plus personne ne conteste». «Pour nos agriculteurs aussi parce que s'il n'y a pas d'eau, il n'y aura pas de vie.»
L'exploitation des réserves d'eau est contestée
En Côte-d'Or en particulier, le sujet est contesté de longue date par les socialistes de l'opposition départementale qui avaient engagé un recours auprès du tribunal administratif avant les dernières élections départementales, arguant que cela ne relevait pas d'une compétence de la collectivité. D'où la demande d'une évolution législative.
Plus globalement, les tenants de l'écologie politique s'opposent à l'exploitation de nouvelles réserves d'eau.
Quand François Sauvadet croise Jérôme Durain
Hasard des déambulations et des rencontres au Salon, une délégation de la Région Bourgogne-Franche-Comté faisait étape au même moment, en face du stand de l'OSON, sur le stand de l'Organisme de sélection de la race ovine du Mouton Charollais.
François Sauvadet a alors salué de façon républicaine Nicolas Soret (PS), vice-président chargé des finances, Christian Morel (divers gauche), vice-président chargé de l'agriculture, et le sénateur de la Saône-et-Loire Jérôme Durain (PS).
«Vitteaux, c'est une terre de champions», a revendiqué, hilare, le Vittellien alors que le sénateur s'informait des prix reçus par Julien Pané.
Remise de prix à Sauterelle, vache de race Simmental
Deuxième étape sur le Grand Ring des bovins, dans le Pavillon 1, pour le concours général agricole. Là, François Sauvadet a remis le prix de la meilleure fromagère de race Simmental à la vache Sauterelle, élevée par le GAEC Cousandier, dans le Bas-Rhin.
Sauterelle a produit, en première lactation, 8.018 kg de lait avec un taux protéique de plus de 37%.
Reprenant son parcours, le président du Département a salué au passage les éleveurs du GEAC Baudot, à Pont-et-Massène, qui ont présenté le taureau Nénuphar, Charolais de 1,674 kg à la pesée, au concours général agricole.
Remise de prix à Kalia d’Huilly, jument de race Trait Auxois
Troisième étape dans la Carrière des chevaux, dans le Pavillon 6, toujours pour le concours général agricole, concernant les Traits Auxois cette fois. Dans une finale 100% Bourgogne-Franche-Comté, commentée par Alexandra Bailly, présidente de l'Union nationale du cheval Trait Auxois, François Sauvadet a alors remis le premier prix à la jument Kalia d’Huilly, élevée par Éric et Valérie Seuve, en Côte-d'Or, et présentée ce jour par Maxime Duverne et Léane Bizouard.
Venant de l'Yonne, Libellule s'est distinguée en terminant deuxième tandis que Belle de Chalas, élevée en Saône-et-Loire, a complété le podium.
Faisant part de son émotion, François Sauvadet a salué «les jeunes qui s'engagent pour préserver une race». «Le Salon de l'Agriculture est un conservatoire de l'excellence de nos races.»
Le Côte-d'Orien s'est réjoui que le Trait Auxois, «race très rustique avec beaucoup d'esthétique», ait pu trouver «de nouvelles destinations» comme le travail des sols dans les vignes ou encore les randonnées.
Un premier prix pour un lapin de race Rex dalmatien tricolore
Après un déjeuner en compagnie des éleveurs de Traits Auxois, François Sauvadet a terminé sa déambulation auprès des éleveurs de lapins, dans la Ferme pédagogique du Pavillon 4.
Le président du Département a salué Aimé Raulain, dont les Fauves de Bourgogne ont régulièrement reçu le prix du président de la République, et Christian Roy, éleveur à Couternon, récompensé par un premier prix pour un Rax dalmatien tricolore. Ainsi, d'année en année, les lapins des éleveurs côte-d'oriens continuent de briller au concours général agricole.
Jean-Christophe Tardivon
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