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Ce mercredi 19 février, à Dijon, Pascal Grappin et Ludovic Bonnot ont présenté la stratégie consistant à «faire un barrage à la fois à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite». Le président de la fédération départementale a désigné Franck Ayache comme chef de file de l'UDI à Dijon.
«Il y a un risque existentiel sur l'UDI». Les héritiers de la démocratie chrétienne en sont conscients. Dans toute la France, les troupes militantes au contact des citoyens se mettent en ordre de marche pour préparer les deux prochains cycles d'élections dans les territoires : municipales et sénatoriales en 2026 puis départementales et régionales en 2028.
En Côte-d'Or, l'UDI présente quelques atouts : une cinquantaine d'adhérents à jour de cotisation mais 300 sympathisants capables de se mobiliser, quelques maires, la sénatrice Anne-Catherine Loisier et le président du conseil départemental de la Côte-d'Or François Sauvadet.
Pascal Grappin présente la stratégie
Ce mardi 19 février 2025, à Dijon, Pascal Grappin, président de la fédération de la Côte-d'Or de l'UDI, maire de Villebichot et président de la communauté de communes Gevrey-Chambertin-Nuits-Saint-Georges, entouré de Franck Ayache et Ludovic Bonnot, a présenté la stratégie locale du parti centriste.
Tout d'abord, une méthode : le rassemblement des forces républicaines entre les deux «extrêmes» constitués notamment de La France insoumise et du Rassemblement national. Ensuite, un objectif : obtenir des élus qui contribueront à orienter l'action publique des communes et intercommunalités. Enfin, un danger à éviter : que les «extrêmes» n'emportent des territoires.
«Faire un barrage à la fois à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite»
Le 7 décembre dernier, Pascal Grappin a vu son mandat à la tête de la fédération départementale être renouvelé ; il était seul candidat et avait le soutien de François Sauvadet qui avait renoué avec le parti en 2022 (
lire notre article). Le conseil national du 8 février dernier, a donné le coup d'envoi formel de la préparation des élections municipales de 2026.
«Il faut mettre en place une organisation qui permettra de faire un barrage à la fois à l'extrême-gauche et à l'extrême-droite», explique Pascal Grappin, «on souhaite être en capacité de mettre en place un grand rassemblement».
Le centriste intègre les Écologistes dans l'extrême-gauche et attend que le congrès du Parti socialiste, en juin prochain, débouche sur une «clarification» sur sa capacité à demeurer «un parti de gouvernement».
La «prouesse» du gouvernement de François Bayrou comme modèle
«Au niveau national, c'est quand même une prouesse d'arriver à mettre sous le même chapeau Valls, Rebsamen, Bayrou, Darmanin et Retailleau», analyse le centriste, «quand c'est dans l'intérêt du pays, pour faire barrage à ceux qui veulent plutôt le détruire que le construire, il faut être capable de mettre en place un système identique au moment des municipales». «Dans bien des communes, où on ne fait pas de politique politicienne au moment des municipales, il y a des personnes de tout bords autour de la table. (…) On se met d'accord sur des éléments d'intérêt commun.»
Déjà en 2020, à Dijon, l'UDI avait soutenu la liste conduite par Sylvain Comparot (AE) aux côtés de La République en marche, sans atteindre le second tour.
Au niveau national, aux élections européennes de juin 2024, l'UDI, pourtant longtemps associé aux Républicains, avait choisi de s'engager dans les élections européennes de juin 2024 aux côtés de Renaissance, le parti fondé par Emmanuel Macron, obtenant ainsi un siège au Parlement européen pour Valérie Devaux (groupe Renew Europe).
Cinq délégués de circonscription
À l'approche des municipales, Ludovic Bonnot se félicite d'avoir vu une «nouvelle génération» pousser la porte de la fédération. Étant lui-même chargé d'animer la première circonscription, les quatre autres délégués de circonscription sont : Pierre Fouquet (deuxième), Alexis Jeannet de Thandt (troisième), Charles Mortiers (quatrième) et Nicolas Alexandre (cinquième).
Le 5 mars prochain, ces cinq délégués se réuniront pour préparer la déclinaison des orientations départementales et échangeront avec Franck Ayache qui compte plusieurs campagnes à son actif ainsi qu'une expérience de conseiller municipal à Dijon, alors dans l'opposition.
«Monsieur Rebsamen s'est considérablement recentré»
«À un moment donné, il faudra qu'on parle du programme», enchaîne Pascal Grappin qui souhaite contourner les conflits d'«égos» à Dijon, arguant d'un «vrai danger» de victoire d'un candidat «extrême», «ce n'est pas se rassembler pour des postes, ni pour des postures, c'est se rassembler pour mettre en commun des idées et développer un plan d'action».
«Il faut dire qu'à Dijon, Monsieurs Rebsamen s'est considérablement recentré», glisse Pascal Grappin qui note que le ministre de l'Aménagement du territoire et de la Décentralisation du gouvernement de François Bayrou supervise notamment deux ministres issus des rangs de l'UDI : Valérie Létard au logement et Françoise Gatel à la ruralité.
Mieux, il y a même un «rapprochement» entre François Rebsamen et François Sauvadet, scellé par un contrat apportant un financement du Département à des projets de la Ville de Dijon (
lire notre article). Néanmoins, cela n'empêche pas Pascal Grappin de se demander «si Madame Koenders s'est recentrée autant».
«Maintenant, la patronne à Dijon, c'est Nathalie Koenders !»
«Il y a une légitimité du sortant», considère le maire de Villebichot, «le sortant porte un projet qu'il a mené au bout pendant un certain nombre d'années avec des points positifs, avec des points négatifs». «Maintenant, la patronne à Dijon, c'est Nathalie Koenders ! [NDLR : maire de Dijon depuis le 25 novembre dernier (
lire notre article)] Ce n'est pas faire allégeance à Nathalie Koenders, c'est se mettre tous autour de la table et on se parle.»
«Je ne doute pas que Madame Koenders va repartir et constituer une équipe», prolonge Pascal Grappin, «il faudra qu'elle s'explique sur un certain nombre de thématiques». «Est-ce qu'on continue de bétonner ou est-ce qu'on travaille un petit peu différemment ?»
Les «priorités» programmatiques de Franck Ayache
Dans la foulée du conseil national, Pascal Grappin a notamment désigné Franck Ayache comme chef de file à Dijon avec Ludovic Bonnot, délégué départemental, pour travailler le projet.
«La stratégie est de regrouper le centre», explique Franck Ayache alors que des échanges sont toujours en cours avec le Modem, Horizons ou encore le Parti radical, en se concentrant sur la situation locale, a priori sans rechercher l'aval des états-majors des partis. «C'est fini ça», selon Pascal Grappin.
Pour alimenter ces discussions, le chef de file de l'UDI a défini des «priorités» : «renforcer la sécurité», «accompagner le vieillissement de la population», «préparer au changement climatique», «la bonne gestion municipale» et «l'attractivité économique». «Ça doit être facile de se mettre d'accord, il n'y a rien de clivant», estime Pascal Grappin.
«On paye le laxisme qu'il y a eu pendant des années»
«Les UDI sont les mieux placés pour traiter la sécurité, on n'est pas dogmatique, on ne va pas faire d'effets de manche, on est humaniste», revendique particulièrement Franck Ayache, «on va pouvoir traiter la sécurité sans déni, sans stigmatisation mais avec efficacité et fermeté, avec aussi l'éducation et la sensibilisation». «L'objectif est d'avoir une ville où les gens se sentent en sécurité, où il y a du lien social, où les gens sont prêts à s'aider, où ils font partie d'une communauté sociale et de projet.»
«Il y a quasiment un couvre-feu place de la République le soir», exemplifie-t-il, «c'est inacceptable que les étudiants ne peuvent pas sortir le soir». «Pour répondre à l'incivilité, soit vous protégez, soit vous évitez.»
Autre exemple mis en avant par Ludovic Bonnot : la ZAD des Lentillères car «il n'est pas acceptable qu'il y ait un quartier qui soit une zone de non-droit où on fait n'importe quoi et où, en plus, des gens insultent et menacent un élu de la République.»
«On paye le laxisme qu'il y a eu pendant des années», commente Pascal Grappin, «essayer de revenir à un ordre établi a minima qui permet à tout le monde de vivre tranquillement paraît quelque chose de contre-nature». «Le laxisme est vraiment ancré.»
«On est parti des incivilités du quotidien et, maintenant, on en est au grand banditisme», abonde Franck Ayache. «C'est valable dans toutes les communes et ça gagne également nos campagnes», alerte Pascal Grappin.
Réactivation du mouvement Construire Dijon autrement
Pour porter la démarche, Franck Ayache et Ludovic Bonnot ont réactivé l'association Construire Dijon autrement dont ils sont respectivement président et secrétaire, Virginie Mougeot étant trésorière. La structure est ouverte aux citoyens sans nécessité d'adhérer également à l'UDI.
Les représentants de Construire Dijon autrement étaient absents au lancement du Printemps dijonnais (
lire notre article) et ont pris acte du fait qu'Emmanuel Bichot avait, de longue date, déclaré sa candidature en vue de 2026.
«C'est tout l'intérêt de rassembler le centre pour peser dans le rapport de forces», glisse Franck Ayache au regard de ces deux dynamiques surtout «si le centre veut continuer à exister et, surtout, que ses idées aient une chance d'être portée politiquement» car, selon Ludovic Bonnot, «il y a un vrai risque existentiel».
Les régionales en perspective
Fort de la «nouvelle génération» arrivée à la fédération, Pascal Grappin articule les deux cycles électoraux à venir afin que les candidats aux municipales soient en mesure de rebondir aux départementales ou aux régionales.
Le souvenir du «coup de Calgon» de Gilles Platret (LR), maire de Chalon-sur-Saône et tête de liste aux régionales de 2021, qui avait négocié alors une alliance avec Debout la France, irrite encore Pascal Grappin.
«Notre ambition est d'avoir un maillage de conseillers municipaux car c'est la base de tout», remarque Ludovic Bonnot, «il faut renouveler ce vivier de futurs élus et de futurs candidats avec un nombre très importants de conseillers municipaux». «L'UDI est le parti des territoires et de la décentralisation, on attache une très grande importance à avoir des élus de proximité.»
Pour structurer la démarche, le parti incite les militants à constituer une fédération régionale à l'échelle de la Bourgogne-Franche-Comté. Dominique Vérien, sénatrice de l'Yonne et ancienne conseillère régionale, pourrait s'impliquer dans la démarche.
Jean-Christophe Tardivon
Pascal Grappin, président de la fédération de la Côte-d'Or de l'UDI
Ludovic Bonnot, délégué de la fédération de la Côte-d'Or de l'UDI
Franck Ayache, chef de file de l'UDI pour préparer l'élection municipale à Dijon