
«Le plaisir, la jouissance de pouvoir s'exprimer, c'est plus fort que la peur», a déclaré le dessinateur lors d'une conférence, ce mardi 4 mars, à Dijon, tout en défendant «l'esprit Charlie», la liberté d'expression et une certaine «fermeté» en matière de laïcité.

«Charlie a fait des petits», s'est félicitée la rédaction du journal satirique quand Martin Lom, étudiant à Sciences Po Lille, a créé l'association Génération Charlie en 2024 pour aller à la rencontre des étudiants.
Dix ans après l'attaque terroriste islamiste du 7 janvier 2015 ayant tué douze personnes dont huit membres de la rédaction de «Charlie Hebdo», Génération Charlie a organisé un tour de France des universités qui a fait étape, ce mardi 4 mars 2025, sur le campus dijonnais de l'Université Bourgogne Europe.
Laurent Sourisseau dit Riss, dessinateur et directeur de publication de «Charlie Hebdo», a exposé sa vision du travail mené par la rédaction, en compagnie de la journaliste Coline Renault et du dessinateur Juin.
Une conférence particulièrement sécurisée
Après une fouille minutieuse par des agents de sécurité, environ 200 personnes ont pris place dans l'amphithéâtre Aristote, le plus grand du campus dijonnais de l'université. Étudiant en master de droit, Maël Bonnaire a animé les débats.
La conférence s'est déroulée en présence notamment d'Amandine Rappenne (Cap 21), conseillère régionale de Bourgogne-Franche-Comté, François-Xavier Dugourd (LR, NE), vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or, et Denis Hameau (PS), adjoint au maire de Dijon.
«Riss incarne cette résistance intellectuelle qui est précieuse dans notre pays», souligne Vincent Thomas
En introduction de la conférence, Vincent Thomas, président de l'Université Bourgogne Europe, rappelle la liste macabre des noms et fonctions des victimes des djihadistes lors des attaques de janvier 2015.
En réponse, les 10 et 11 janvier, 4 millions de personnes participèrent à des «marches républicaines», dans toute la France, en affichant «Je suis Charlie» et faire ainsi vivre un esprit de résistance face au terrorisme islamiste.
«Riss incarne cette résistance intellectuelle qui est précieuse dans notre pays», souligne Vincent Thomas, «celui des droits de l'Homme et de la laïcité et puis de la liberté d'expression en tout premier lieu».
Le directeur de publication de «Charlie Hebdo» est aujourd'hui «un passeur, un pédagogue qui souhaite transmettre un certain héritage au sein de la rédaction».
«La France est attachée à sa presse satirique, impertinente, humoristique qui sait s'acharner avec dérision ou cruauté sur ses élites», rappelle Vincent Thomas. Les journaux satiriques ont connu une forte expansion au XIXème siècle, au gré des variations des lois sur la presse de 1835, 1868 et 1881.
«La liberté d'expression est une sorte de marque de fabrique», revendique le président de l'Université Bourgogne Europe
«Par nature, l'université est un lieu au sein duquel la liberté d'expression est une sorte de marque de fabrique», revendique le président de l'établissement d'enseignement supérieur. «L'université est un sanctuaire républicain où les idées peuvent et doivent se confronter dans le respect, l'écoute et la tolérance. La pensée critique est encouragée et cultivée comme une valeur fondamentale, comme un bien commun.»
«À l'Université Bourgogne Europe, nous avons souhaité prendre notre part de lutte en instaurant une journée de la laïcité et de la tolérance les 16 octobre», remarque Vincent Thomas, en référence au jour de l'assassinat de Samuel Paty.
Pour la première occurrence, en 2024, a été présenté le Guide de la laïcité, édité par France Universités dont Vincent Thomas est corédacteur avec Kenza Jebrane. De plus, un amphithéâtre de l'Institut national supérieur du professorat et de l'éducation a été baptisé du nom de Samuel Paty. «Je me suis dit que les hussards de la République n'étaient pas morts», glisse le président de l'université en se souvenant de l'engagement des étudiants présents lors de cette cérémonie.
«La mémoire demeure»
«Que reste-t-il de l'émotion d'il y a dix ans», enchaîne Vincent Thomas, «le temps passe, l'émotion sans doute s'amenuise mais la mémoire demeure». «L'esprit des journalistes, des dessinateurs, des policiers, des citoyens qui ont perdu la vie parce qu'ils défendaient la liberté d'expression continuent de nous inspirer.»
«Nous sommes fiers de réaffirmer notre engagement envers les valeurs qui sont au cœur de notre République : évidemment les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité mais aussi celle de laïcité», conclut l'orateur.
Pour sa part, Martin Lom, président de Génération Charlie, indique que l'objectif de l'association est de «proposer des temps d'échanges» à des lycéens et à des étudiants autour de «la force de la satire, la liberté d'expression et la laïcité».
«Dans Charlie, il y a un travail sur la forme», indique Riss
«Le but recherché est d'aller vers le lecteur et de discuter avec lui», enchaîne Riss, «après 2015, il était frustrant de ne pas pouvoir organiser de rencontres publiques». Après l'attentat, il a fallu attendre 2018 pour une réunion au théâtre de Strasbourg.
«Aujourd'hui, on fait le journal comme on l'a toujours fait», développe le directeur de publication, «dans Charlie, le dessin et l'écriture, il y a une dimension artistique, il y a un travail sur la forme : comment on met en forme ses idées ? (…) Ce n'est pas des tweets qu'on publie, il y a quelque chose de très personnel, qui doit être créatif.»
«C'est un journal normal», démystifie Coline Renault, «avec une conférence de rédaction, des sujets à réaliser dans le semaine et quelque chose de plus personnels : qu'est-ce que j'ai envie de raconter ?»
Pourtant, «Charlie Hebdo a toujours été un journal marginal, un journal de niche», concède Riss, «si on arrive à fédérer 50.000 personnes sur nos idées, sur nos envies, c'est déjà pas mal». «L'objectif est que notre vision du monde soit présente. Le journal est un lien entre des gens qui ont l'impression d'être tout seuls, ils s'aperçoivent qu'il y a d'autres gens qui pensent comme eux. (…) Avec notre journal, on essaie de donner le goût d'avoir des idées un peu meilleures que certains ont actuellement. (…) Il faut avoir l'espoir qu'il y aura de nouvelles générations, un peu moins affligeantes que ce qu'on voit.»
«Le rire ne doit pas être excluant»
Pas «autocensure» dans la rédaction : «si quelqu'un a envie de dire quelque chose mais il faut trouver la bonne forme et que ce soit pertinent», indique Riss. «Souvent les gens confondent liberté d'expression et ligne éditoriale, chaque média a une ligne éditoriale et une sensibilité politique. (…) À partir du moment où on a des idées claires et des choses à dire, on le dit.»
Alors que Maël Bonnaire relaie un sondage de l'IFOP constatant que 62% des sondés disent qu'on ne peut pas rire de tout, Riss préfère avancer que «le rire a toujours du sens, on ne rit jamais innocemment». «Tout ne fait pas forcément rire. Rire ne veut pas dire se moquer. Le rire ne doit pas être excluant, on peut critiquer avec de la satire. (…) Il y a des gens qui utilisent l'humour comme une arme dirigée contre ceux qui ne sont pas comme eux. Ce n'est pas ça Charlie Hebdo. Ce n'est pas pour ricaner de manière surplombante.»
Pourtant, «Charlie Hebdo n'a jamais fait l'unanimité», reconnaît-il. Il y a ainsi les «grands classique» : en cas de «dessins de Sainte Vierge et de Petit Jésus, il y aura toujours des catholiques qui enverront de l'eau bénite».
«On peut défendre une liberté sans forcément l'utiliser soi-même»
«Il y a plus de gens qui sont sensibles au principe de la satire et de l'humour», analyse le dessinateur, «on peut défendre une liberté sans forcément l'utiliser soi-même». «Il n'y a pas beaucoup de journaux satiriques dans le monde, même dans les grandes démocraties. Ce qui nous semble évident ici en France, n'est pas évident dès qu'on sort de France et surtout quand on sort d'Europe.»
Alors que des libertariens américains, comme Elon Musk, prônent une liberté d'expression très étendue, Riss considère que «ce qu'ils veulent, c'est des discours d'extrême-droite, racistes, xénophobes ; ça n'a rien à voir avec ce que l'on revendique». «Cette liberté fondamentale est revendiquée par des partis extrémistes pour diffuser leur propagande extrémiste.»
«L'histoire de l'Europe a montré que l'intolérance et la violence politique commence toujours pas des discours», remarque-t-il, «ce n'est pas aberrant que la loi mette des limites à ça». «Quand vous êtes devant un déferlement de mensonges, la raison est submergée.»
«L’économie de la presse est artificiellement maintenue»
«Faire un journal totalement indépendant économiquement, c'est très difficile», note le directeur de publication alors que le New-York Tmes s'interdit désormais de publier des caricatures.
En France, «l’économie de la presse est artificiellement maintenue», glisse-t-il sans pourtant citer les aides à la presse. Pour cela, l’État mobilise chaque année près de 380 millions d'euros dont 4 millions pour quelques titres de presse en ligne.
«Le tribunal n'a jamais accepté la corrélation entre dessins satiriques et une religion ou le racisme»
«La question de la religion est devenue de plus en plus sensible», relève Riss, interrogé sur les tristement célèbres caricature du prophète Mahomet qui ont servi de prétexte à l'attentat terroriste.
En 2006, «on a décidé de les publier sans même les voir, parce que c'est une question de principe. (…) On l'a fait parce que c'était l'essence même de Charlie Hebdo et par solidarité avec le dessinateur».
«On a toujours pensé qu'on pouvait dessiner sur la religion. (…) On s'est aperçu que la marge de manœuvre pour critiquer les religions de moins en moins grande», remarque le directeur de publication. «Ça rend le rôle de Charlie Hebdo encore plus important.»
Les différents opposants religieux intégristes au journal satirique ont plusieurs fois mobilisé la notion «incitation à la haine» : «c'est une expression fourre-tout, ça peut être la liberté d'expression qui peut être remis en cause», réagit Riss. «Le tribunal n'a jamais accepté la corrélation entre dessins satiriques et une religion ou le racisme.»
«Il faut être ferme» en matière de respect de la laïcité
Concernant l'évolution de la société et la place progressivement prise par l'islamisme, Riss pose deux marqueurs temporels : l'affaire du foulard islamique de collégiennes à Creil en 1989 – «on a vu comment la classe politique n'a pas compris ce qui était en train de se passer, n'a pas vu que la religion allait reprendre une place importante dans la société» – et l'assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine en 2020 – «il a fallu en arriver là pour que des hommes politiques commencent à comprendre que la laïcité était fondamentale, enfin».
«On a l'impression que certains se réveillent un peu tard pour revendiquer la laïcité», insiste Riss, «il faut être ferme».
«Le monde audiovisuel obéit à des règles différentes de la presse papier»
Interrogé sur la fin de la chaîne de la TNT C8, Riss note que «ce qui se joue c'est l'attribution d'un canal de diffusion d'une chaîne». «Dans la presse, il n'y a pas de cahier des charges. (…) Le monde audiovisuel obéit à des règles un peu différentes de la presse papier.»
«La liberté d'expression garantit à chacun de pouvoir s'exprimer», reprend-il. «Je constate que ces gens vont continuer de s'exprimer, ils ne vont pas disparaître du paysage médiatique, la police ne va pas aller chez eux pour les empêcher de faire une chaîne sur internet ou de s'exprimer sur des radios.»
«Réfléchissez à ce que vous dites»
«La jeunesse a sa disposition une possibilité de s'exprimer incroyable, les réseaux sociaux», enchaîne Riss, «la jeunesse est confrontée beaucoup plus tôt à cette responsabilité de s'exprimer et de supporter ce que disent les autres». «C'est beaucoup plus difficile pour les jeunes d'exercer leur liberté d'expression que nous. J'ai fini cet apprentissage lentement au journal. (…) Tout de suite dès les lycées ou le collège, les jeunes ont la possibilité de s'exprimer, c'est assez vertigineux.»
«Réfléchissez à ce que vous dites», conseille le directeur de publication, «anticipez ce que les gens dire sur vous et soyez prêt à l'entendre». «Il ne faut pas non plus avoir peur de s'exprimer, il faut bien penser et concevoir ce qu'on va dire.»
«Il faut accepter la contradiction et ne pas tomber dans des facilités intellectuelles», abonde Coline Renault.
«Charlie a toujours été un carrefour pour plein de familles de gauche»
Au moment des questions du public, la première concerne la diversité politique dans les chaînes télévisées. Riss se concentre sur le champ qu'il connaît : la presse imprimée.
«La presse papier de gauche est quand même très faible», analyse-t-il, «où sont les financiers de gauche qui seraient prêts à investir dans un vraie journal de gauche ?»
«On a essayé d'être constant, d'être fidèles à nos valeurs mais c'est vrai qu'autour de nous, beaucoup de choses ont bougé», explique le directeur de publication, sur le thème «dix ans après». «Charlie a toujours été un carrefour pour plein de familles de gauche».
Parallèlement, Juin dessine un portait de Jean-Luc Mélenchon qui s'exclame «Charlie, c'est moi !»
«On a besoin dans notre société de rire»
«Je suis de droite et, en plus, je suis catholique, non-pratiquant», lance alors François-Xavier Dugourd. L'assistance applaudit la provocation de circonstance.
«Je suis profondément attaché à Charlie Hebdo que j'ai connu jeune à un moment où la fac de Dijon était très animée politiquement», ajoute-t-il, «on a besoin de vous». «Nous aussi, on a besoin de vous», réagit Riss avec humour. La séquence d'anthologie provoque de nouveaux applaudissements.
«C'est fondamental dans une démocratie», poursuit l'élu gaulliste, «on a besoin dans notre société de rire, encore bravo». «J'espère que Charlie Hebdo existera encore longtemps dans notre pays.»
«L'affaire Bétharram met en évidence qu'il y a des angles morts sur la vision de la laïcité»
Pour sa part, Amandine Rapenne choisit d'interroger l'orateur sur la laïcité et la place des différentes religions monothéistes en France en prenant l'exemple de l'affaire Bétharram : «j'ai l'impression qu'on a une laïcité à géométrie variable en fonction de la religion».
«Certains de ces établissements catholiques très conservateurs ont bénéficié d'une indulgence même de l’Éducation nationale pendant trop longtemps qui pose question», réagit Riss, «c'est un peu mou la réaction par rapport à ça». «Il y a plein de gens qui mettent leurs enfants dans ces écoles, y compris des gens de gauche, et ils n'ont pas tellement envie qu'on mette le nez dans ce genre d'établissements. (…) Cette affaire-là met en évidence qu'il y a des angles morts sur la vision de la laïcité.»
«Les questions qui se posent sur l'islam, se posent sur toutes les autres religions»
«Sur l'islam, il faut être clair», poursuit-il, «on a commencé à faire des dessins dans les années 90 sur ce qui se passait en Algérie, sur l'islamisme et sur le fatalisme religieux». «L'islamisme est une idéologie totalitaire, fasciste qui assassine les gens.»
«À un moment donné se pose la question de l'islam et la modernité», reprend -t-il, «les questions qui se posent sur l'islam, se posent sur toutes les autres religions». «C'est une question philosophique sur le rapport de la religion et la modernité. Il y a deux niveaux d'approche : la religion en règle générale dans une société démocratique confrontée à la modernité et la violence religieuse. (…) Souvent les gens mélangent tout.»
«C'est une tradition française de faire de la satire»
Une étudiante se présentant comme Iranienne intervient alors pour signaler à Riss que «[son] travail résonne pas seulement en France et va bien au-delà de la France». «Votre courage est vraiment une inspiration pour nous qui luttons contre la dictature», ajoute-t-elle sous les applaudissements respectueux du public.
«C'est une tradition française de faire de la satire, ça touche partout dans le monde», revendique Riss, «l'humour, c'est universel».
À ce moment, Juin diffuse le dessin d'une femme en burqa, semblant contenir une lampe éclairant l'extérieur au travers des fentes des yeux. L'interrupteur est tenu par un homme barbu. La légende est : «pour un islam des Lumières».
«Même en respectant le cadre de la loi, on peut dire quand même énormément de choses»
Une autre intervenante prend le contre-pied en indiquant craindre que ne serait-ce qu'1% de minorités soient potentiellement «touché».
«On est dans un état de droit», réagit Riss, «on sait qu'on peut être poursuivi pour injure, pour diffamation, pour incitation à la haine raciale». «Même en respectant le cadre de la loi, on peut dire quand même énormément de choses. (…) Parfois Charlie Hebdo a été condamné, tant pis pour nous,c 'est qu'on s'est mal débrouillé. (…) On trouvera toujours une forme adaptée au cadre de nos pays, on ne se censurera jamais. (…) Inévitablement, vous allez choquer des gens, vous ne donnez jamais satisfaction à tout le monde.»
«On choisit les dessins les plus originaux»
Une autre étudiante demande «comment sont choisis les dessins». «Le critère est de faire un dessin qui soit compréhensible, clair, pas ambigu et qu'on assume», répond Riss, «il y a rarement des discussions sur le fond, plus sur la forme». «On choisit les dessins les plus originaux, les plus étonnants, les plus percutants.»
Tandis qu'une «illustratrice débutante» s'inquiète du «niveau de compréhension» des dessins, Riss explique qu'«un dessin, s'est un peu une bouteille à la mer». «On essaie de limiter les malentendus mais, après, vous n'êtes plus maître de ce que vous publiez.»
«Le droit à la caricature est assez bien consolidé aujourd'hui»
Un homme se présentant comme un «formateur sur la laïcité depuis une vingtaine d'années» remercie l'équipe du journal satirique pour son «combat pour la liberté d'expression».
Parallèlement, Juin opte cette fois pour humour noir en dessinant un enseignant de la laïcité décapité dont la tête séparée dit «j'essaie de continuer».
Ce même participant demande «qui fait des procès aujourd'hui». «Les procès ont servi à construire une jurisprudence plutôt favorable au dessin de presse et qui bénéficie à d'autres médias», explique Riss, «tous les procès qu'on a eus ont construit un droit assez protecteurs». «On a moins de procès parce que les gens savent qu'ils ont des chances de perdre, (…) le droit à la caricature est assez bien consolidé aujourd'hui.»
«X a le temps d'évoluer»
Alors qu'une tendance se dessine chez les opposants d'Elon Musk de ne plus utiliser le médial social X, anciennement Twitter, Riss se demande «si on se retire de X, en quoi ça va nuire à Musk». «C'est une manière de s'exprimer dont on se prive, (…) c'est à nous de ne pas s'autocensurer sur ce support-là. (…) X a le temps d'évoluer.»
«Le vrai combat, c'est devant les tribunaux», insiste le directeur de publication, «ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas de responsabilité juridique de ces diffuseurs». Et d'appeler à une «bataille par l'Europe» car «il faut revendiquer ce que l'on attend d'eux».
Les «précautions excessives» de rectorats
«Je suis de gauche et laïc», intervient Denis Hameau qui interroge, lui aussi, l'orateur sur l'«autocensure des enseignants» et leur «manque de soutien».
«C'est une question qu'on se pose aussi, le rapport entre toute la hiérarchie de l’Éducation nationale et les professeurs sur le terrain», reconnaît Riss, évoquant des rencontres avec des collégiens encadrées par des rectorats qui prennent «des précautions excessives» pourtant «c'est toujours productif».
«Je me suis dit que j'allais créer du droit avec des dessins satiriques»
À ce sujet, Riss s'est souvenu de ses cours de droit. La référence à «Hara-Kiri» qui avait titré «Bal tragique à Colombey, 1 mort» au moment du décès du général de Gaulle, l'avait marqué.
«Hara Kiri avait créé du droit à l'époque», analyse le directeur de publication de «Charlie Hebdo», «je me suis dit que j'allais créer du droit avec des dessins satiriques, de manière concrète et en se marrant».
«Le plaisir, la jouissance de pouvoir s'exprimer, c'est plus fort que la peur», indique finalement Riss à l'assistance avant de conseiller : «à chaque étudiant de trouver la bonne voie pour se battre pour ses valeurs, c'est l'enjeu d'une vie».
La conférence s'est terminé par une ovation de l'assistance debout suivie de quelques dédicaces.
Jean-Christophe Tardivon

































