
La ministre de l'Agriculture est intervenue aux côtés de la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, ce mercredi 26 février, à Paris. «Le loup sera toujours protégé mais dans le strict de respect de l'équilibre avec les éleveurs», a indiqué Annie Genevard après avoir signé un arrêté sur les tirs ciblant le grand prédateur.
Ce mercredi 26 février 2025, à Paris, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard a créé la surprise en participant au temps de discours officiels organisé par la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté Marie-Guite Dufay sur le stand de la collectivité, dans le hall des animaux d'élevage.
La première est issue des rangs des Républicains, la seconde est adhérente du Parti socialiste et toutes les deux sont Franches-Comtoises. Après avoir apporté un recours dans la crise des subventions liées au fonds européen FEADER, Annie Genevard est venue encourager sa compatriote doubiste.
«Ce Salon de l'Agriculture se passe bien», relève Annie Genevard
«Pendant des années, je suis venue au Salon de l'Agriculture comme maire [de Morteau], puis comme conseillère régionale [de Franche-Comté], puis comme députée [du Doubs], aujourd'hui j'y suis comme ministre», a rappelé Annie Genevard en assurant que «la région reste dans mon cœur naturellement».
Après les débordements de l'édition 2024 qui s'était déroulée sur fond de mouvement social des agriculteurs, la ministre a relevé que «ce Salon [de l'Agriculture] se passe bien, dans un climat qui est plaisir et comme un temps de respiration comme un soulagement de pouvoir retrouver le contact avec la population qui aime ses agriculteurs, qui aime son l'agriculture, qui mesure à quel point, dans des moments comme ceux-là, les agriculteurs sont précieux, ils sont même essentiels puisqu'ils nous nourrissent».
Un propos qui fait écho à la communication du Salon qui, sous la forme d'un bilan à mi-chemin, a souhaité rappelé «l’attractivité» de l'événement (
lire le communiqué) alors que certains stands faisaient part de débuts timides, en particulier sur le plan commercial.
Une loi d'orientation agricole adoptée deux jours avant le Salon
«On a pu faire aboutir un certain nombre de textes parlementaires qui étaient attendus», a souligné la ministre.
En effet, la loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture, déposée en conseil des ministres le 3 avril 2024, a été adoptée le 20 février dernier, deux jours avant l'ouverture du Salon. À noter que le Conseil constitutionnel a été saisi pour examiner la loi.
La ministre pour un retour des fermes en polyculture-élevage dans les zones intermédiaires
Devant les Charolaises et Montbéliardes entourant le stand de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Annie Genevard a relevé que «là où l'élevage existe, il structure la vie locale et là où il n'est pas il manque». «Je pense en particulier à ce qu'on appelle des zones intermédiaires, qui étaient des zones d'élevage autrefois et qui ne le sont plus. C'est la moitié des terres de notre région. Dans ces zones intermédiaires qui se sont réorientées vers la production végétale, peut-être faut-il réfléchir à réimplanter de l'élevage dans une disposition qui porte ses fruits, là où elle existe, la polyculture-élevage, c'est une bonne formule.»
«Soyons dans une vision conquérante de l'agriculture»
«Notre région est riche de la diversité de ses productions», a enchaîné la Franche-Comtoise. «Je voudrais dire à tous ceux qui sont prompts à la critique à l'égard de l'agriculture que nous avons, en France, la plus belle agriculture qui soit. L'agriculture la plus vertueuse, la agriculture l'a plus diversifiée. (…) Elle est un atout absolument formidable pour notre pays, non seulement pour notre population qu'elle a pour mission de nourrir, mais aussi dans sa dimension d'exportation. Elle porte une France qui rayonne, qui apporte par l'exportation de la richesse collective donc, ne soyons pas dans une vision décroissante de l'agriculture, mais soyons au contraire dans une vision conquérante de l'agriculture.»
La crise du FEADER est «en passe de se régler» en Bourgogne-Franche-Comté
«Vous avez été éprouvée ces dernier mois par une situation où l’État s'est mis à votre disposition pour vous aidez à en sortir» a glissé la ministre à l'adresse de la présidente de Région, usant d'un euphémisme qui a force de soutien dans le contexte de la crise des aides européennes du FEADER (
lire notre article).
«Je voudrais saluer votre courage, je sais que ça n'a pas été facile. Ça n'a pas été facile non plus pour les agriculteurs. Mais la situation est en passe de se régler, je m'en réjouis», a-t-elle insisté.
Cadrage juridique des tirs de défense visant des loups
«Sujet de préoccupation» incontournable des éleveurs, Annie Genevard a abordé le sujet des prédations imputées à des loups parmi les troupeaux.
«Je viens de signer un arrêté qui assoira juridiquement les tirs de défense que [le préfet sera] amené à prononcer par arrêté et j'espère ainsi que pourra se rétablir un juste équilibre entre une population de loups [et les éleveurs]», a-t-elle indiqué.
«Le loup est une espèce protégée», a reconnu la ministre ajoutant, «on aimerait qu'elle ne soit que protégée et pas strictement protégée». Le 3 décembre dernier, au Comité de Berne, la France a voté en faveur de cette démarche de déclassification de la protection du grand prédateur initiée par la Commission européenne.
«[Le loup] sera toujours protégé (…) mais dans le strict de respect de l'équilibre avec les éleveurs. Je ne peux pas m'accommoder du fait qu'on choisisse l'un contre l'autre. Je veux que l'élevage continue de prospérer sur nos territoires. Je sais la souffrance des éleveurs lorsqu'ils découvrent leurs bêtes agonisante dans leurs champs», a-t-elle exprimé.
«Vigilance» concernant la viticulture
Autre sujet essentiel à la Bourgogne et à la Franche-Comté, la viticulture, que la ministre suit avec «vigilance».
En particulier, le changement climatique, la baisse de la consommation de vin et l'évolution de la réglementation en matière de santé sont autant de phénomènes qui «menacent une des très grande filière patrimoniale de nos pays».
«Il faut avoir la tolérance de laisser s'installer dans nos territoires des élevages»
«Il faut réaffirmer l'importance de produire dans notre pays», a enchaîné la ministre pour élargir le propos, «il y a trop de filières où on est en déficit de production». «Pour cela, il faut avoir la tolérance de laisser s'installer dans nos territoires des élevages. (…) Il faut réhabiliter l'élevage dans toutes les filières. La deuxième chose, c'est la question du revenu. On attire des jeunes s'ils sont sûrs de pouvoir obtenir un revenu de leur activité. Là, ce sont à la fois des allègements de charges – un demi-milliard [d'euros] d'allègement de charges –, des moyens de production pour accéder à la terre et à l'eau et, enfin, la loi Egalim avec les prix.»
Annie Genevard remercie Marie-Guite Dufay
«Merci pour ce que vous faites, Madame la présidente, pour soutenir les productions locales de notre région, qu'elles soient bio ou en conventionnel», a glissé la ministre à l'adresse de la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté. «La restauration collective porte la production.»
Après quelques selfies avec des personnalités présentes, la ministre de l'Agriculture a poursuivi son parcours puisque sa semaine est émaillée de rendez-vous au Salon de l'Agriculture tout en restant ponctués d'obligations gouvernementales.
Jean-Christophe Tardivon