Dijon, lycées, Rebsamen, violence dans la campagne, réforme, Corse, Ukraine, cabinets de conseils, clivage...
Le président de la République et candidat a répondu aux questions des journalistes ce lundi 28 mars.
Pourquoi Dijon ?
«Je suis là pour parler d’un sujet important, qui est l’une des clés de notre avenir, l’école. On a fait beaucoup pour l’école ces cinq dernières années. On l’oublie souvent, les lycées professionnels représentent 30 % des lycéens. Il faut continuer à investir sur l’orientation au collège, on doit mieux accompagner les jeunes et les familles dès la 5ème.
On a beaucoup investi sur les stages de 3ème, et, dès la 5ème, on doit permettre aux élus locaux, aux entreprises de pouvoir présenter les métiers sur lesquels il y a des besoins. On doit penser à notre orientation en fonction des besoins.
Je veux augmenter la période en entreprise et pour rémunérer les stages, en inspirant de ce qu’on a su faire sur l’apprentissage, le lycée professionnel et l’alternance.
On avait moins de 300.000 apprentis au début du quinquennat, on est aujourd’hui à plus 720.000 apprentis malgré la crise. Il faut remettre les entreprises et les débouchés professionnels au coeur du projet.»
«Quand on marche il faut deux jambes, une gauche et une droite»
François Rebsamen à ses côtés
«Quand on marche, il faut deux jambes, une à gauche et une à droite, et il faut en mettre une devant l’autre pour avancer. Je suis heureux que François Rebsamen soit à mes côtés et ait fait ce choix. Je sais tout ce qu’il a fait pour la ville et il n’a jamais été dans le sectarisme. Je ne crois pas non plus que François Patriat soit déséquilibré. C’est la cohérence d’un engagement. On doit investir dans ce qui marche et on doit protéger les plus faibles. C’est la cohérence d’un projet qui compte. On a fait des réformes que les gens de la droite n’avaient jamais voulu, pu ou su faire et elles nous ont permis de financer des politiques sociales que les gens de gauche n’avaient jamais faites, comme dédoubler les classes de CP et CE1 en REP et REP+, comme la politique sociale menée durant le Covid. C’est corriger les inégalités à la racine, l’école et la santé sont prioritaires.»
Emmanuel Macron revient sur la campagne «violente»
«Il y a des dirigeants politiques qui ne sont que que dans la violence et l’invective, je pense que ce n’est pas bon pour le pays. Le candidat que je suis les combat, mais dans la dignité, le respect, c’est ce qu’impose la démocratie. Ceux qui perdent leurs nerfs sont mauvais pour la démocratie et la République. Ils justifient ce dont ils viennent après déplorer les conséquences, la violence et la menace physique. Ça doit tous nous préoccuper. C’est une question citoyenne. On légitime la haine si on accepte cela.»
«Continuer de simplifier»
Un manque de réformes ?
«Je ne crois pas. On a surtout réformé pour libérer les énergies. On a réformé le monde du travail, la SNCF, il y a des résultats tangibles. À côté de ça, j’ai toujours assumé qu’en France nous avons un modèle social qui protège en cas de coup dur. La crise l’a montré.
Il faut continuer de simplifier, de continuer de se désengager de la bureaucratie, mais en même temps garder une école gratuite et obligatoire, un système de santé dont l’accès est gratuit en luttant contre les déserts médicaux, une politique sociale pour protéger les enfants, notre système de retraite par répartition qu’il faut réformer, un système qui accompagne les plus précaires et une branche autonomie, en modernisant tout ça.»
Tensions en Corse
«J’appelle au calme, au civisme, à l’esprit républicain. Je pense aux forces de l’ordre qui ont eu à affronter des violences inexplicables et inexcusables. L’esprit de dialogue doit être restauré au plus vite.»
«Il y a de la part de la Russie un non respect du droit humanitaire»
Opérations humanitaires risquées en Ukraine
«Il y a de la part de la Russie un non respect du droit humanitaire international, qui est normalement intangible même en temps de guerre. Je veux dénoncer ces attitudes et je reparlerai dans les prochains jours au président Poutine.
Nous sommes en train de finaliser la possibilité d’une opération avec les autorités ukrainiennes, elle ne peut se faire avec leur accord et en partenariat avec eux, notamment avec le maire de Marioupol. La volonté est d’y associer la Turquie et la Grèce. J’aurai ensuite à sécuriser les termes opérationnels avec le président Poutine.
Des tanks pour l’Ukraine ?
«Nous condamnons la guerre, nous voulons l’arrêter. Mais nous ne voulons pas l’étendre, et donc personne ne souhaite mondialiser le conflit. Je me suis toujours refusé à quelque forme d’escalade que ce soit qui ferait de la France un pays co-belligérant. C’est aussi ma responsabilité d’éviter cela.»
Trop d’argent aux cabinets de conseil ?
«On a dit beaucoup de bêtises ces derniers jours, on a parlé du milliard. Je vous invite à regarder le détail. Les trois quarts sont pour des prestataires informatiques agissant dans le cyber et l’évolution aux nouveaux risques. L’État a parfois besoin de compétences extérieures pour justement faire face à ses missions.
D’autres pays dépensent plus que nous sur le cyber. Et vous pouvez avoir recours à des prestataires extérieurs. Tout le monde le fait. Le gouvernement ne peut se priver de compétences que d’autres pays peuvent acquérir.
Il faut que les contrats soient faits dans les règles des marchés publics. Si ce n’est pas le cas, il faut aller devant le juge. Les prestations extérieures permettent de garder de la souplesse.»
«Je me bats pour l’unité de la France»
Le clivage politique
«Il y a très clairement un force politique qui rassemble, derrière les valeurs de la République avec des sensibilités différentes mais un projet d’avenir pour le pays. Et il y a l’extrême-droite, toujours là, portée par un clan et qui veut la division. Et il faudra qu’ils nous expliquent leur tandem à la fin.
Je me bats pour l’unité de la France. Les Françaises et les Français choisiront et ils ne peuvent pas déplorer ce qu’ils vont choisir. Dans l’air ambiant, le fond des débats est juste.
Mobilisons-nous tous de manière citoyenne pour créer de l’intérêt. Et le Covid reste un sujet, ne l’oublions pas. Restons vigilants. Protégeons avec des mesures proportionnelles.»
Propos recueillis par Alix Berthier
(Photos Manon BOLLERY)