Le recteur de l'académie de Dijon a présenté, ce vendredi 1er septembre, les enjeux de l'année scolaire à venir. «Il n'y a pas de poste vacant», a-t-il assuré, que ce soit dans les écoles, collèges ou lycées.
Les équipes du rectorat bourguignon abordent la rentrée scolaire de septembre 2023 avec trois objectifs assignés par le ministère de l’Éducation nationale : «élever le niveau de connaissances des élèves», «protéger et sécuriser les élèves» et «donner beaucoup de marges de manœuvre à nos écoles».
À s'ajoute des mesures concernant les enseignants ainsi que l'a indiqué Pierre N'Gahane, recteur de l'académie de Dijon, ce 1er septembre 2023 en présentant les enjeux de l'année scolaire à venir.
Les exigences ministérielles
Alors que Gabriel Attal a succédé à Pap Ndiaye, le 20 juillet dernier, en prenant d'emblée des mesures concernant cette rentrée, le recteur partage son «enthousiasme» devant «l'arrivée d'un nouveau ministre qui a une réelle impulsion» avec des «signaux très positifs, très mobilisateurs».
La feuille de route ministérielle comporte «trois exigences» : «élever le niveau de connaissances, les savoirs fondamentaux, garantir que nos élèves sont dans des conditions de réussite, protéger et sécuriser nos élèves et notre personnel et donner beaucoup de marge de manœuvre à nos écoles et nos établissements pour innover».
«Travailler sur les fragilités»
«Nous allons continuer à travailler sur les fragilités que nous avons repérées», assure le recteur en se référant au système qui évalue les élèves de la primaire à la seconde.
Un effort particulier est envisagé sur «la réduction des inégalités scolaires liées pour la plupart du temps aux inégalités sociales». Un travail orienté sur les compétences psychosociales : «comment apprendre à nos élèves d'avoir confiance en eux». Ainsi le dispositif «devoirs faits» instauré en sixième deviendra obligatoire.
Une attention particulière sera portée sur les liaison école-collège et collège-lycée pour «lisser le passage de l'un à l'autre afin de permettre notamment aux primaires de rentrer avec beaucoup de sérénité au collège».
Concernant les enjeux d'égalité filles-garçons, des différences de réussite en mathématiques et en français suivant les sexes apparaissent dès le CE1. «Certains pays nordiques arrivent à gommer ces inégalités», relève le recteur, «si on veut demain avoir davantage de filles ingénieures, il faut que l'on travaille très en amont».
«La lutte contre le harcèlement est une priorité présidentielle»
Les enjeux de harcèlement à l'école et en dehors de l'école sont placés au centre des questions de «protection et de sécurisation» : «la lutte contre le harcèlement est une priorité présidentielle».
«Le harcèlement facile à qualifier, on le traite», souligne le recteur, «là où on doit s'améliorer, c'est sur le harcèlement que l'on a un peu de mal à qualifier». Le harcèlement étant défini comme une violence répétée conduisant à placer une personne en situation de souffrance.
Alors que le programme PHARE est généralisé, «un protocole doit nous permettre de mieux prendre en compte ces phénomènes sournois».
Le décret ministériel du 16 août dernier a donné des prérogatives supplémentaires aux directeurs d'établissements allant de la possibilité de suspendre durant quelques jours un élève harceleur présumé, jusqu'à celle de le radier de son établissement.
Durant l'année scolaire 2022-2023, 130 situations de harcèlement ont été traitées dans l'académie de Dijon.
Les numéros à composer
Les élèves, familles et professionnels témoins ou victimes d'une situation de harcèlement entre élèves peuvent contacter le numéro d'urgence gratuit 3020 (ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h, sauf les jours fériés).
Le 3018 correspond à la ligne d'appel nationale des situations de cyberharcèlement (gratuit, anonyme, confidentiel, ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h). Ce numéro se double d'une application numérique (tchat, questionnaire, fiches pratiques et possibilité de stockage des preuves).
Le 0 808 800 197 est le numéro académique de signalement des situations de harcèlement pour rejoindre un référent dans l'académie de Dijon.
L'abaya et le qamis sont proscrits en classe
Le 31 août dernier, le ministère a diffusé une circulaire portant sur le respect de la loi de 2004 concernant les atteintes à la laïcité. Elle a été doublée d'une lettre adressée aux parents : «on fait preuve de pédagogie auprès des parents».
«La laïcité à la française n'est pas toujours comprise», reconnaît Pierre N'Gahane, «on associe les parents pour qu'ils comprennent cet enjeu de sanctuariser notre école».
«Dans une classe, on ne doit ne pas être en capacité de distinguer qui est chrétien, musulman, athée, agnostique...» insiste celui qui a travaillé sur la prévention de la radicalisation au niveau national.
Les «vêtements à destination religieuse» que sont l'
abaya et le
qamis sont formellement proscrits dans les classes des établissements publics. Toutefois, en vertu d'un protocole désormais national, un élève qui se présenterait ainsi vêtu serait accueilli dans son établissement afin que s'engage un «dialogue» avec lui et sa famille, s'il est mineur.
Tout en faisant part de son «extrême vigilance dans l'application de la loi», le recteur assure de «la volonté que nos équipes soient aussi en confiance par rapport à ce sujet». Les inspecteurs ont ainsi été «sensibilisés» à l'enjeu du travail avec les familles.
Durant l'année scolaire 2022-2023, selon le rectorat, 70 faits d'attente au principe de laïcité ont été signalés et traités dans l'académie de Dijon. 60% concernaient les tenues vestimentaires, principalement en Côte-d'Or et en Saône-et-Loire, surtout en collège et lycée. Les autres situations avaient trait à des suspicions de prosélytisme et des contestations d'enseignement. Aucun de ces faits n'a conduit à un contentieux.
90 nouveaux contractuels ont été recrutés
En matière de ressources humaines, le rectorat «donner envie, recruter et fidéliser dans l’Éducation nationale».
Par la voie des concours, 400 stagiaires ont été recrutés dans l'académie de Dijon, moitié dans premier degré, moitié dans le second degré. Le rectorat a même fait appel à des lauréats sur liste complémentaire.
Conformément à la démarche présentée au début de l'année 2022-2023, le rectorat a fait en sorte de ne pas interrompre les contrats des professeurs contractuels durant les vacances scolaires.
95% des contractuels ont été renouvelés et 90 nouveaux contractuels ont été recrutés dès juin dernier (38 dans le premier degré, 52 dans le second degré), placés en immersion dans les classes, accompagnés par des tuteurs enseignants puis formés durant l'été pour la rentrée.
Dans le premier degré, 140 contractuels seront face à des élèves pour la rentrée (soit 1,3% des enseignants) et 405 dans le second degré (4,5% des enseignants).
«Pas de poste vacant»
Dans ce contexte, le recteur assure qu'«il n'y a pas de poste vacant dans le premier degré à la rentrée avec un potentiel de remplacement augmenté» et qu'«il n'y a pas de poste vacant dans le second degré même s'il reste quelques tensions sur des heures d'enseignement», ce qui correspondrait à 0,3% des heures.
Des «tensions» perdurent dans certaines matières : éducation musicale, économie-gestion, aglais, italien, sciences et vie de la terre ainsi que les matières générales dans la voie professionnelle
Concernant le personnel administratif, le nombre de postes vacants est passé de 78 à 24 en un an.
Ainsi, dans l'ensemble, Pierre N'Gahane se félicite d'«une rentrée [scolaire] bien préparée».
Un quart des enseignants ont manifesté leur intérêt pour le pacte
Après la revalorisation conditionnelle – le «socle» allant de 130 à 250 euros mensuels – le «pacte» proposé aux enseignants constitue «un levier qui permet de travailler à la transformation de notre système».
Chaque mission est rémunérée annuellement 1.250 euros brut selon un régime indemnitaire défiscalisé et désocialisé.
Selon les données de juillet dernier, les premières tendances indiquent qu'un quart des enseignants souhaitent s'engager dans ce pacte.
Dans le premier degré, environ la moitié des enseignants envisageraient de prendre une mission supplémentaires et un quart deux missions.
Idem dans le second degré avec même 18% des enseignants de la voie professionnelle qui envisageraient d'opter pour six missions.
Dans le premier degré, les enseignants privilégieraient la coordination de projets pédagogiques, le soutien aux élèves en difficulté et les interventions durant les vacances scolaires. Un quart d'entre eux seraient prêts à aller travailler sur les dispositifs concernant le second degré.
Dans le second degré, les professeurs semblent intéressés par les remplacement de courte durée (27% des réponses), le dispositif «devoirs faits» et la coordination de projets pédagogiques.
«Une académie dynamique et enthousiaste»
En matière d'innovation, le recteur entend «libérer les énergies auprès des équipes éducatives», ce qui se traduit par une participation au dispositif «Notre école, faisons-la ensemble», issu du volet éducation du Conseil national de la refondation.
Durant l'année scolaire 2022-2023, 132 projets de territoires ont été financé pour un montant global de 1,9 millions d'euros issu d'une enveloppe quinquennale de 500 millions d'euros au niveau national.
«Nous sommes dans une académie qui se veut dynamique et enthousiaste et à qui il faut donner les moyens de son audace», revendique le recteur.
Ces projets ont vocation à «inciter les équipes à améliorer le bien-être des élèves, la mixité dans les écoles et la réussite des élèves».
Le recteur cite volontiers l'exemple du collège Denfert-Rochereau, à Auxerre, qui s'est penché sur la fluence oratoire : à partir des tests de fluence en 6ème, des méthodes ont été proposées aux élèves ayant une fluence de moins de 80 mots par minute.
Dans ce cadre, le collège Denfert-Rochereau a reçu une dotation pour aménager un espace convivial au CDI afin de mettre en place la lecture orale en vue de permettre aux élèves de se sentir plus à l'aise et de s'investir dans les apprentissages sans même s'en rendre compte. L'enveloppe en question finance également la formation des enseignants.
«L'école est un levier d'aménagement du territoire»
Autre innovation, une approche triennale de la carte scolaire dans la Nièvre. «L'école est un levier d'aménagement du territoire», estime le recteur en se faisant le relais de propos de la Première ministre qui a pris l'engagement, à la suite d'une visite en mars dernier à La Machine, d'une réflexion avec les élus locaux sur un plan de travail au niveau départemental afin de structurer toute la Nièvre en territoire éducatif rural avec l'objectif de «favoriser une démarche partenariale innovante».
Au travers d'indicateurs de performance, le rectorat évaluera sur trois ans l'évolution de la carte scolaire des premier et second degrés. Il ne s'agit pas de geler les moyens d'enseignement mais d'instaurer une «visibilité» alors que le département présente un enjeu d'attractivité des ressources humaines.
Les notifications pour élèves en situation de handicap sont en augmentation
«La question de l'inclusion est fondamentale», déclare le recteur au sujet de la scolarisation des enfants en situation de handicap.
Malgré la déprise démographique de la Bourgogne, les notifications des Maisons départementales pour les personnes handicapées sont en augmentation.
Dans l'académie de Dijon, près de 10.000 élèves sont reconnus en situation de handicap (+8% par rapport à la rentrée 2022) dont 2.964 sont scolarisée dans les dispositifs spécifiques des classes ULIS.
« Chaque année nous augmentons nos classes ULIS », revendique le recteur avec 155 dispositifs dans le premier degré et 123 dans le second degré. La Bourgogne compte 11 unités autisme dans les écoles maternelles et 7 dans les écoles élémentaires.
Selon les données de la direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO) établies au printemps 2023, l'académie de Dijon présente «un très bon taux de couverture» de scolarisation des enfants en situation de handicap avec 96% des élèves pris en charge individuellement avec l'aide d'un accompagnant d'élève en situation de handicap (AESH), secteurs public et privé confondus, et de 93% pour les élèves bénéficiant d'une aide mutualisée.
Pour les enfants scolarisés dans des structures médico-sociales, le taux de couverture atteint 39% tous âges confondus et même 53% pour les élèves de moins de seize ans.
La moitié des AESH pourraient être CDIsés
Le nombre d'AESH est passé de 2.700 en 2018 à plus de 3.000 pour cette rentrée soit 1.826,52 équivalent temps plein.
«Toute l'attention est portée aux AESH pour s'engager dans un processus de recrutement, de fidélisation et de professionnalisation», assure-t-on au rectorat.
Ainsi, la moitié des 3.000 AESH – atteignant effectivement trois ans d'expérience – pourraient bénéficier d'un CDI d'ici la fin de l'année.
Avec cette rentrée, la rémunération des AESH est revalorisée de 10 à 13%.
«Le sport participe pleinement au bien-être de nos jeunes»
Alors que la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympique Amélie Oudéa-Castéra était invitée à l'échange du ministre de l’Éducation nationale avec les recteurs en amont de cette rentrée, Pierre N'Gahane partage «la forte conviction que le sport participe pleinement au bien-être de nos jeunes». «Il y a un vrai enjeux de santé publique.»
La pratique de 30 minutes d'activité physique quotidienne (APQ), notamment aux moments des récréations, sans avoir à passer une tenue sportive, sera généralisée dans les écoles primaires.
Au collège, un dispositif expérimente «deux heures en plus» de sport dans 700 établissements bourguignons. Un dispositif placé sous l'autorité des professeurs d'éducation physique et sportive.
Des rencontres avec des sportifs pour préparer Paris 2024
En vue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Amélie Oudéa-Castéra a présenté un agenda pour mobiliser les élèves. Des rencontres avec des sportifs de haut niveau, Bourguignons ou non, seront organisées ainsi que, potentiellement, des manifestations sportives.
L'ensemble rythmera les prochains mois selon un calendrier qui reste à établir alors que la rentrée scolaire coïncide avec le début d'une année calendaire sportive puisque la Coupe du monde rugby s'ouvre le 8 septembre prochain.
Jean-Christophe Tardivon
Chiffres clés de l'académie de Dijon
89,1% de réussite au diplôme national du brevet en 2023
91,7% de réussite au baccalauréat général et technologique en 2023
257.283 élèves à la rentrée de septembre 2023 (public et privé)
132.925 dans les écoles
124.358 dans les collèges (72.732) et lycées (51.626)
9.950 élèves reconnus en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire
1.923 établissements scolaires (public et privé sous contrat) dont
1.666 écoles
182 collèges
75 lycées et établissements régional d'enseignement adapté
27.110 personnels dont
8.782 enseignants du premier degré
10.920 enseignant du second degré
7.401 personnels non enseignants
1,7 milliard d'euros de budget annuel