La filière automobile résistera-t-elle à l’avènement du tout électrique ou presque ? Alain Joyandet, élu de Vesoul et d’une Franche-Comté «qui a peur» a dit son désarroi. La Région veut elle anticiper les mutations en mettant 37 millions sur la table. Ca ne suffira pas, mais c’est déjà ça.
Passer en quelques poignées d’années d’un modèle thermique au modèle électrique… C’est ce qui est plus ou moins imposé aux constructeurs automobiles. Peugeot est depuis des décennies une des figures de proue de la Franche-Comté et donc désormais de la Bourgogne – Franche-Comté. Une région où la filière automobile pèse pour plusieurs dizaines de milliers d’emplois avec le groupe Stellantis 1er employeur du bassin de Sochaux – Montbéliard, mais aussi à Vesoul, centre mondial des pièces détachées pour Peugeot, mais aussi Citroën.
Autant dire que quand ça tousse du côté de Peugeot, on craint des complications dont les plus pessimistes pensent qu’elles peuvent être fatales.
L’obligation faite aux constructeurs automobiles de passer à l’électrique à marche forcée inquiète. Et pas qu’un peu. Et pas uniquement pour Stellantis, mais aussi pour tous les sous traitants que l’on trouve dans tous les départements de Bourgogne – Franche-Comté.
C’est bien pour cela que mardi, en conférence de presse, Marig-Guite Dufay a annoncé un plan pour la filière automobile.
Nicolas Soret s’est chargé de le détailler ce jeudi matin devant les élus régionaux. Après lui, Alain Joyandet a fait part de ses grosses, grosses inquiétudes. Seule le Rassemblement National a voté contre.
A.B.
Nicolas Soret (PS Vice président)
«S’il le faut on continuera»
«La Région va mettre 37 millions d’euros cette année. S’il le faut on continuera, mais on n’ira pas tout seul. On ira aux côtés de l’Etat et des acteurs. On a la conviction qu’il y a le principe d’une filière.
Nous devons accompagner les entreprises vers les marchés d’avenir. On parle aussi des sous traitants automobile, y compris des garagistes. Ils anticipent avec frayeur».
Alain Joyandet (LR)
«. La France n’est pas un grand pourvoyeur mondial de CO2»
«On ne peut que se féliciter de cette anticipation. On est dans une crise industrielle historique. Il y a ce qui est conjoncturel. A cela s’ajoute la crise qui s’ouvre pour la filière. Je crains que toute la bonne volonté et les moyens mis en œuvre soient insuffisants.
Les déclarations de Monsieur Tavarès sont claires : Décisions hasardeuses, calendrier trop rapide, ça va coûter un argent fou. Et des centaines de milliers d’emplois vont disparaitre. La France n’est pas un grand pourvoyeur mondial de CO2. Je conteste le calendrier. On n’est pas prêt financièrement, ni humainement. On est sur des décisions nationales. Toutes les régions ne vont pas être impactées comme la Bourgogne – Franche Comté. Impactées par le transfert de technologies.
Se pose la question de la production du volume d’électricité. Faut-il appuyer sur l’accélérateur des centrales à charbon. On ne peut pas traiter en aval les conséquences. On peut intervenir au niveau national, sur le calendrier et sur la solidarité nationale.
Pratiquement tous les départements de la région sont impactés. Le berceau de Sochaux – Montbéliard est apeuré. Vesoul, c’est 15.000 habitants et 3500 emplois Peugeot. Si à l’horizon de 10 ans il n’y a plus de pièces détachées, quid de leur avenir.
On voit bien d’où viennent les émissions de CO2 . La France est un bon élève. Doit on se flageller et faire mieux que les pays qui polluent le plus, comme la Chine, les Etats-Unis et l’Allemagne. Militons pour un calendrier plus facile et une péréquation nationale.
Denis Thuriot (majorité présidentielle)
«Accompagner les PME-TPE»
«On ne peut être que consensuel. Il faudra nous pensons à nous intéresser à la formation et la reconversion des salariés. On pourrait accompagner les PME-TPME pour accéder à des nouveaux marchés».
Matthieu Guinebert (PC)
«Pousser les donneurs d’ordre»
«On est là sur la pose de la première pierre. Il n’y a pas de difficultés pour les grands donneurs d’ordres. Cette fiche de route ne le prend pas en compte. Il faut les pousser à revoir les règles du jeu. åIl faut ouvrir le dialogue avec une conférence régionale sur l’emploi».
Jacques Ricciardetti (RN)
«Votre feuille de route c’est la stratégie du déclin»
«C’est un choc. Votre feuille de route, c’est la stratégie du déclin. Il existe Quand Monsieur Tavares dit 10% de productivité par an, c’est des conséquences pour l’emploi. Les 37 millions c’est ridicule.
Tout le monde ne pourra pas se payer une voiture. Les gens modestes devront se contenter des transports en commun. Le tsunami technique ne se contentera pas de mesurettes. Ce qui peut sauver, c’est le recyclage des batteries et des voitures électriques, mais aussi les composants semi-conducteurs. Pas de bla bla, allons droit au but»
Réponse de Marie Guite Dufay : «Les pistes que vous évoquez sont dans le feuille de route».
Nicolas Soret
«10 ans que la Chine est sur l’électrique»
«On n’accompagne pas le déclin. On accompagne la transition !
Monsieur Joyandet, je pourrai éventuellement en partie dresser votre constat. Mais on ne peut pas avoir un raisonnement régional ou national. La Chine cela fait 10 ans qu’ils sont sur l’électrique.
Votre raisonnement c’est de dire que si on peut résister il faut résister. Mais résister ce n’est pas rendre service. Car l’histoire est en marche. On peut interpeller le pouvoir politique. Mais si c’est la 1ère fois que le pouvoir européen impose et choisit une technologie, c’est parce que les normes avaient été contournées par Volkswagen. Nous on ne fait pas le choix de ne rien faire».
Eric Otternaud (EELV)
«Les jeunes ne rêvent pas de voitures»
«Vous êtes dans la stratégie du dernier survivant ! Aujourd’hui il faut 9 heures pour assebler une voiture thermique, demain il faudra 5 heures. Les jeunes ne rêvent pas de voiture».
Jean-Claude Lagrange (Majorité PS)
«Evitons d’employer des mots qui font peur, comme tsunami. Notre anticipation de l’hydrogène est une réponse. Ne regardons pas que ce qui va mal».
Alain Joyandet
«Je ne suis pas l’avocat des patrons. Je ne crois pas qu’il soit utile de tacler Tavares. Sous ses prédécesseurs, Peugeot a failli disparaitre si l’Etat n’était pas intervenu. C’est un grand capitaine d’industrie qui voyage en deuxième classe. On a besoin des dirigeants, des salariés et des organisations syndicales»
Marie-Guite Dufay
«Le sujet, c’est toutes les PME de notre région. Exercer une vigilance c’est voir son implication pour les sous traitants. On a besoin de tout le monde. On attend un effort colossal de l’Etat. Quatre région sont impactées».
Alain BOLLERY