«Quand les premiers dépôts de demande ont été faits en avril et qu’en
octobre aucune réponse n’est apportée aux porteurs de projet pour
démarrer les travaux, les projets sont mis à mal», pointe la FRSEA qui
déclare encore : «Il devient urgent d’apporter des réponses précises aux
agriculteurs,
pour une collectivité qui doit assumer pleinement ses nouvelles
compétences». Très clairement les agriculteurs ne veulent pas regarder
sans rien dire...
Communiqué de la FRSEA de Bourgogne - Franche-Comté :Comité de suivi FEADER Bourgogne Franche-Comté
La profession agricole suspend le dialogue avec la Région
Depuis
plusieurs mois, la profession alerte le Conseil régional sur la gestion
des fonds du FEADER. Il s’agit là de fonds européens structurants et
stratégiques pour l’agriculture, qui, rappelons-le est un secteur de la
plus haute importance pour la pérennité de nos territoires et la
souveraineté alimentaire. Ces fonds sont des outils indispensables aux
agriculteurs pour être résilients et relever les défis, aussi complexes
soient-ils, qui sont devant eux.
C’est pour cette raison que la
profession agricole reste hautement vigilante, qu’elle n’a de cesse de
rencontrer le conseil régional. Mais quand les mesures prises ne sont
plus en face des attentes des agriculteurs, quand il y a une vraie
urgence et un vrai danger pour la pérennité des exploitations de
Bourgogne Franche-Comté, la profession se doit de le faire savoir parce
qu’il en va de son rôle.
La nouvelle PAC a donné de nouvelles
responsabilités aux Régions concernant le deuxième pilier de la PAC. Ces
nouvelles responsabilités doivent être pleinement assumées, pour ne pas
pénaliser les agriculteurs et les entreprises directement concernés.
Voici aujourd’hui, ce qui met en danger les exploitations et voici les
demandes de la profession pour les agriculteurs.
Un paiement des aides face aux investissements déjà réalisés
Si
les difficultés n’ont pas à impacter les bénéficiaires, si la Région
n’a pas anticipé, s’il n’y a pas assez de personnel..., l’essentiel,
aujourd’hui, est de relever le véritable défi de payer les dossiers en
attente aux agriculteurs. Ces fonds d’aide aux investissements ne sont
pas une simple subvention, ils permettent la cohérence économique des
projets d’investissement et sont indispensables à leur réalisation.
Alors quand les investissements ont déjà été payés, mais que le paiement
de l’aide ne vient pas, la situation pour l’exploitation devient
alarmante. La Région doit poser les bases techniques permettant
d’apporter, rapidement, des solutions aux agriculteurs directement
concernés par les retards dans le versement de ces aides. À ce jour,
seulement 300 dossiers ont été instruits par le Conseil régional, les
services de l’État ont repris 211 dossiers qui seront instruits et
financés avant la fin de l’année, sur les 4 000 à traiter d’ici juin
2025.
Pour cela, la profession appelle à mobiliser les compétences en
la matière. Et ces compétences, le réseau des Chambres d’agriculture
les ont. Travailler avec le réseau consulaire est la solution proposée
par la profession. C’est la réponse la plus pertinente aujourd’hui pour
faire face à l’urgence.
Une communication claire et immédiate auprès de tous les porteurs de projet laissant la possibilité de démarrer les projets
Nous
demandons à la Région, de faire preuve d’un peu plus de pragmatisme et
de réalisme. Il est temps de se mettre en marche pour apporter plus de
lisibilité aux agriculteurs qui ont déposé un projet et qui sont dans
l’attente de réponse pour avancer. Quand les premiers dépôts de demande
ont été faits en avril et qu’en octobre aucune réponse n’est apportée
aux porteurs de projet pour démarrer les travaux, les projets sont mis à
mal, et avec les entreprises qui devaient réaliser ces investissements.
Il
est urgent de diffuser l’information auprès des agriculteurs et auprès
des organismes qui conseillent et accompagnent. Nous avons besoin d’un
système simple, lisible et cohérent. Des outils opérationnels comme une
foire aux questions pour faciliter la compréhension des nouveaux
dispositifs, ou encore le logiciel de dépôt, doivent être mis en place
rapidement. Des tableaux bord afin de pouvoir suivre précisément la fin
et le démarrage de ces programmes doivent être élaborés et diffusés.
Une politique d’accompagnement à l’installation des Jeunes Agriculteurs qualitative
Dans
notre région, où il y a le plus jeune département agricole de France,
tous les acquis réalisés, ces dernières années, ne doivent pas être
remis en cause par de fausses bonnes idées !
Le renouvellement des
générations en agriculture est un sujet préoccupant qui mérite d’être
traité avec la plus haute considération. L’enjeu est de taille quand
près d’un exploitant sur deux en Bourgogne-Franche-Comté a plus de 50
ans et seulement deux départs sur trois sont remplacés en moyenne. Pour
faire face à cet enjeu, un dispositif d’accompagnement assure depuis des
années des installations viables, vivables et pérennes.
Au-delà de
la revalorisation du montant de la DJA qui a été annoncée, de nombreux
points restent sans réponse, en particulier sur l’accompagnement. On ne
change pas une équipe qui gagne : regardons le taux de réussite 5 ans
après l’installation : 95 % des jeunes agriculteurs qui se sont
installés avec ce dispositif sont encore agriculteurs avec un revenu
agricole équivalent au moins au SMIC.
Nous demandons alors de faire
perdurer la qualité de ce dispositif en ayant un dispositif d’analyse
sur la viabilité et la vivabilité des projets d’installation objet d’une
demande de DJA avant instruction. Cette analyse doit être conduite par
le réseau consulaire qui est seul à disposer à la fois de la compétence
et de la neutralité pour cette mission. Elle doit être couplée par une
commission professionnelle validant l’instruction et le suivi, d’un
temps à mi-parcours pour une phase diagnostic (économique, humain,
administratif et social) par des conseillers habilités au sein de
structures. Nous demandons une prise en charge partielle de ce suivi
indispensable.
Il devient urgent d’apporter des réponses précises aux
agriculteurs, pour une collectivité qui doit assumer pleinement ses
nouvelles compétences. Nous demandons que les choix politiques faits par
le conseil régional soient revus et qu’on puisse recommencer d’investir
pour le nécessaire développement des exploitations. Ces investissements
sont indispensables à la résilience vis-à-vis de toutes les transitions
qu’on connaît (inflation, transition agro-écologique, transition
énergétique) et permettra d’accueillir un maximum de nouveaux
agriculteurs pour les années qui viennent.