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29/03/2024 00:52

SÉCURITÉ : «La drogue à la papa, ça n'existe plus», alerte Gérald Darmanin

«Fumer son joint, prendre son rail de coke, c'est participer à un trafic qui exploite les enfants, qui torture les personnes et qui finance le terrorisme», a déclaré le ministre de l'Intérieur depuis le quartier populaire de la Fontaine d'Ouche, ce jeudi 28 mars, à Dijon, où une opération «place nette XXL» est en cours.
«Je suis venu soutenir les policiers, les gendarmes et les douaniers», déclare Gérald Darmanin en arrivant place de la Fontaine d'Ouche, ce jeudi 28 mars 2024.

Le ministre de l'Intérieur s'est rendu à Dijon où se conduit, depuis le 25 mars dernier, une opération «place nette XXL», principalement pour lutter contre le trafic de drogue, sous l'autorité du préfet de la Côte-d'Or pour le versant policier et du procureur de la République de Dijon pour le versant judiciaire.

«Nous mettons durablement de côté des trafiquants notoires»


Cinq autres opérations similaire ont lieu sur d'autres territoires. À ce jour, 1.357 interpellations ont été réalisées – dont 67 dans la métropole dijonnaise – soit un résultat d'ores et déjà supérieur à l'objectif de 750 «ciblages judiciaires».


«Je constate énormément de déferrement et de mandats de dépôt», relaie le ministre, «nous mettons durablement de côté des trafiquants notoires».

«Les quartiers populaires subissent le trafic», poursuit Gérald Darmanin, «nous devons rendre le calme, l'ordre et la paix publique aux quartiers populaires qui ont besoin de l’État pour faire vivre leurs enfants». «La moindre des choses est d'avoir une réponse extrêmement fermes à ceux qui s'adonnent aux règlements de compte.»

«Les policiers et les gendarmes, c'est les urgentistes de la situation»


«Un proverbe africain évoque le fait qu'''il faut tout un village pour élver un enfant», cite Gérald Darmanin alors qu'un quart des personnes placées en garde à vue à Dijon depuis le 25 mars dernier ont moins de 18 ans. «Les policiers et les gendarmes, c'est les urgentistes de la situation. Ils ne sont pas là pour régler structurellement des problèmes qui relèvent de l'éducation, de la présence parentale ou de l'autorité de la vie éducative.»

L'exemple de la cité de La Parternelle


Concernant les effets potentiels dans la durée, Gérald Darmanin prend l'exemple de la cité de La Paternelle, à Marseille, où l'opération «place nette» a été expérimentée pendant deux ans : «aujourd'hui, il n'y a plus aucun point de deal, aucun dealer, alors que la police est partie et ne fait plus que des rondes». «En restant très longtemps sur un territoire, en interpellant systématiquement, en trouvant les caches, en trouvant les responsables, en expulsant des logements sociaux ceux qui pourrissent la vie des autres locataires qui veulent vivre du fruit de leur travail, (…) nous avons débarrassé un quartier de la drogue.»

Moyens humains, technologiques et internationaux


«Partout où qu'ils soient, dans des points de deal physiques que nous faisons disparaître, mais aussi des points de deal numériques, puisque nous avons désormais les moyens technologiques et les moyens humains de faire des enquêtes sous pseudos, ou des livraisons à domicile, puisque nous multiplions les opérations partout sur les grands centres urbains, nous traquons les livreurs, les dealers de drogue», assure le ministre.

«Nous allons chercher, en coopération internationale, ceux qui dirigent ces points de deal à Dijon, à Marseille ou ailleurs, qui n'habitent plus sur le territoire nationale parce qu'ils ont souvent un mandat d'arrêt international», précise-t-il. «Je me rendrai de nouveau dans les pays du Maghreb et aux Émirats Arabes Unis pour faire avancer les extraditions et les interpellations, comme on l'a vu très récemment au Liban et au Maroc où on a arrêté deux grands barons de la drogue.»

Le ministre de l'Intérieur défend les «augmentations d'effectifs» des forces de sécurité intérieure dont celles liées à la loi de programmation de son ministère.

«Le travail national que nous faisons, c'est aussi un travail technologique», expose-t-il, «la sonorisation, l'accès aux téléphones des trafiquants, la façon dont on utilise l'intelligence artificielle, nous permettent de gagner énormément de temps». «C'est un problème d'effectifs locaux – ils augmentent et vont continuer à augmenter –, une aide nationale d'enquêteurs et surtout un travail international qui est moins visible.»

«La lutte contre la drogue, c'est une lutte pour la paix publique»


Les «gros bonnets de la drogue» sont à la tête de chaînes qui emploient des centaines de personnes. Des réseaux qui «torturent des enfants pour faire des guetteurs, qui prend de l'argent pour faire de la prostitution où des gamines de 15-16 ans sont sous la coupe de gens qui sont armés, qui fait de la circulation des armes, qui est désormais commune avec le terrorisme». «Quand on attaque le trafic de drogue, (…) on attaque un réseau criminel qui veut financer les autres activités illicites : le terrorisme, la prostitution, les cambriolages, la contrebande de tabac...»

«Il faut bien comprendre que la drogue à la papa, ça n'existe plus», développe le ministre, «la consommation de la drogue a radicalement changé». «Ceux qui évoquent la dépénalisation et la légalisation se trompent de 40 ans. Aujourd'hui, le taux de THC [NDLR : la principale substance psychoactive du cannabis] n'a rien à avoir avec ce que fumait les gens qui venaient du Larzac. Aujourd'hui, (…) c'est avec l'argent du cannabis et de la cocaïne qu'on finance notamment des laboratoires qui créent cette drogue de synthèse (…) qui est extrêmement présente aux États-Unis d'Amérique où le fentanyl, à 5 dollars la dose, est la première cause de mortalité.»

«La lutte contre la drogue, c'est une lutte pour la paix publique», martèle-t-il, «fumer son joint, prendre son rail de coke, c'est participer à un trafic qui exploite les enfants, qui torturent les personnes, qui créent des règlements de comptes et qui finance le terrorisme». «Tant qu'il y aura des consommateurs, il y aura de la drogue. La réponse à la drogue, ce n'est pas plus de policiers, c'est que les Français peuvent tous y contribuer en arrêtant de consommer du cannabis et de la cocaïne. (…) Je peux vous assurer que c'est une politique populaire parce que c'est les gens des quartiers populaires qui subissent, parfois, la consommation bourgeoise.»

Propos recueillis par
Jean-Christophe Tardivon

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