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29/03/2024 14:52

SANTÉ : Selon le Docteur Nicolas Prisse, «être capable de dire non» permet de lutter contre «les éventuelles futures addictions des adolescents»

Le président de la MILDECA s'est rendu, ce vendredi 29 mars, au collège Le Parc, à Dijon, pour suivre un atelier développant les compétences psychosociales des enfants. «C'est ce qu'on fait de mieux en matière de prévention», a commenté celui qui est placé sous l'autorité du Premier ministre.
Le déplacement était prévu de longue date mais il arrive opportunément au moment où une opération «place nette XXL» se déroule dans la métropole dijonnaise pour lutter contre le trafic de drogue (lire notre article).

Ce vendredi 29 mars 2024, le Docteur Nicolas Prisse, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) s'est rendu au collège Le Parc, à Dijon, pour suivre un atelier réalisé avec des élèves de 6ème sur la prévention des addictions et le développement de compétences psychosociales.


Le président de la MILDECA était accompagné notamment par Marie Faverjon, coordinatrice de l'action territoriale de la Mission, la commissaire divisionnaire Célia Bobet, chargée de mission police, Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, et Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté.

«On met en place des actions pour que les élèves soient bien ensemble»


La délégation a été accueillie par Jean Bondu, principal de l'établissement depuis la rentrée de septembre 2022. Le collège Le Parc compte 350 élèves venant des quartiers voisins. Il compte une classe relais à l'échelle de la ville. Il accueille également une section sportive de natation qui, elle, attire des élèves au-delà de la métropole.

De plus, un jardin est mis à profit pour des activités pédagogiques qui mobilisent jusqu'à 70 élèves sur l'année afin de cultiver les végétaux, gérer le compostage et apporter des légumes à la restauration scolaire, en lien avec les recommandations du conseil départemental de la Côte-d'Or.

«L'établissement est impliqué sur la question du bien-vivre ensemble», assure le principal qui accueille «un public hétérogène». «On met en place des actions pour que les élèves soient bien ensemble, notamment à dépasser la classe et à être ensemble lors du temps du déjeuner.»

Le programme «CPS addictologie Unplugged»


Lors de la rentrée de septembre 2023, le collège Le Parc a mis en place le programme «CPS addictologie Unplugged» pour les 90 élèves de 6ème.

Ce projet de prévention des addictions via le travail des compétences psychosociales (CPS) est porté par la Société d'entraide et d'action psychologique (SEDAP) en lien avec l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté et la direction des services départementaux de l'éducation nationale de la Côte-d'Or (DSDEN).

Des programmes similaires existent, avec des adaptations, pour les élèves de maternelle et d'école primaire.

La Côte-d'Or compte quatre écoles et sept collèges conduisant ce type de programme.

«Avoir confiance en soi et savoir dire non»


L'atelier du jour «avoir confiance en soi et savoir dire non» est animé par l'infirmière Aurélia Violette, membre de la SEDAP. Les objectifs théoriques sont que chaque élèves identifie identifie les circonstances dans lesquelles il a confiance en lui, qu'il renforce sa capacité à dire non et qu'il développe le respect pour les droits et opinions d'autrui. En fonction de quoi cela développe la capacité de résistance et de négociation ainsi que la pensée critique et l'auto-évaluation.

L'atelier lancé, Aurélia Violette demande tout d'abord aux élèves d'envisager au sens large ce dont ils sont capables, ce dont ils sont responsables et ce pourquoi ils sont appréciés.

Dans un second temps, ils jouent une réaction définie à l'avance face à une tentation venant de l'extérieure : refus, évitement, formulation d'une excuse ou d'une condition...

«Le but est que vous mainteniez votre non», explique Aurélia Violette qui vérifie cependant que les élèves se sentent à l'aise avec la proposition attribuée. «L'objectif est de prendre conscience comment on dit non et ce qui est facile ou pas. (…) Parfois, la pression est tellement forte qu'on dit oui.»

En l’occurrence, des œufs en chocolat simulent des produits stupéfiants à refuser. «T'en veux !?», répète l'élève chargée de les proposer à ses camarades. Des confiseries qui seront distribuées aux élèves une fois l'atelier terminé.

Unplugged, «ce qu'on fait de mieux en matière de prévention»


«Le programme Unplugged fait partie de ceux dont la preuve a été établie qu'ils ont une efficacité sur la consommation de substances psychoactives et donc les éventuelles futures addictions des adolescents», explique le Docteur Nicolas Prisse, interrogé par Infos Dijon. «C'est un programme très documenté en termes de preuve d'efficacité. (…) C'est ce qu'on fait de mieux en matière de prévention. (…) C'est efficace sur la santé mentale, sur l'ensemble des conduites à risque.»

«En travaillant une séance par semaine pendant douze semaines, on atteint des ressorts assez profonds chez les adolescents qui permettent à la fois de contrôler davantage ses émotions, d'être mieux avec soi-même et mieux avec les autres, d'avoir une meilleure estime de soi, de savoir demander de l'aide quand on a besoin», développe le président de la MILDECA. «À terme, on est moins sujet à consommer des substances psychoactives, on est capable de dire non, on est capable également d'augmenter ses résultats scolaires parce qu'on se sent mieux. Le climat scolaire au sein de l'établissement s'améliore. Globalement, la question très sensible, aujourd'hui, auprès des jeunes de la santé mentale s'améliore aussi.»

«C'est gagnant pour les jeunes, c'est gagnant pour l’Éducation nationale, c'est gagnant pour ceux qui, comme moi, se préoccupent de la question des conduites addictives», résume le Docteur Nicolas Prisse. «C'est une des bases, aujourd'hui, de la prévention en France.»

Toutefois, il s'agit d'un programme «exigeant» qui mobilise toute la communauté éducative de l'établissement et demande à former un référent.

«L'âge du collège est un âge de bascule ; cela dit, les déterminants s'acquièrent souvent avant», poursuit le président de la MILDECA, «il y a des familles dans lesquelles on a moins de ressorts qui permettent de se prémunir ou on a plus de situations ''à risques''». «Déjà, si on fait, au début du collège, des ateliers de cette nature, on arrive quand même à limiter les risques, même pour ceux qui ont eu, avant, un peu moins de chance.»

L'atelier de prévention ne cible pas une addiction spécifique


Dans les régions de production viticole en particulier, sont appréhendées «les questions de culture, de terroir et d'économie». «Néanmoins, notre travail prend en compte les conséquences sur la santé, sur l'accidentologie routière, sur les questions de sécurité», souligne le président de la MILDECA. «C'est un équilibre à trouver avec les acteurs locaux et les producteurs.»

Cependant, l'atelier du jour ne se focalisent pas sur un produit ou une pratique, que ce soit la consommation d'alcool ou de cannabis ou même encore l'usage des écrans numériques.

«On est sur des déterminants très élargis qui permettent de lutter contre tous ces produits», insiste le Docteur Nicolas Prisse

«La lutte contre la drogue a bien les deux jambes : la répression et la phase préventive»


«Compte-tenu [de l'opération ''place nette XXL''], cela permet de montrer que la lutte contre la drogue a bien les deux jambes : la répression et la phase préventive et d'éducation des jeunes de façon à lutter contre les addictions et, in fine, lutter contre les trafics le plus efficacement possible», réagit Franck Robine.

Le préfet de la Côte-d'Or rappelle également que, en concertation avec le maire de Dijon, des dispositifs ont été déployés en octobre 2023 pour «occuper les enfants après l'école ou après le collège» avec «une proposition d'activité tous les jours de la semaine».

«On parle du cinquième savoir affectif»


«Il faut jouer sur les deux tableaux, sanctionner mais aussi prévenir», abonde Jean-Jacques Coiplet qui envisage favorablement «toutes les actions qui permettent d'aider celles et ceux qui, à un moment donné de leur vie, vont être confrontés à des tentations». «Il faut agir dès le plus jeune âge. (…) On parle du cinquième savoir affectif, à côté de la lecture et de l'écriture. D'autres pays ont intégré les compétences psychosociales non plus de façon optionnelle mais dans les programmes. En France, c'est en train de se développer.»

«La multiplicité des produits entraîne la multiplicité des addictions», note le directeur de l'ARS, «les actions comme [Unplugged] ne servent pas à parler du produit mais à travailler sur soi, (…) à avoir la capacité à dire ''non''». «Cette posture du vivre-ensemble permet de former de futurs citoyens qui sauront, demain, argumenter, s'écouter et faire des propositions ensemble.»

Présentation du travail alternatif payé à la journée


La séquence du déplacement du président de la MILDECA au collège Le Parc s'est terminée par une table-ronde sur la prévention des conduites à risque avec la participation des représentants de la SEDAP et de TAPAJ qui s'appuie sur le travail alternatif payé à la journée, notamment destiné aux personnes en situation de rue.

Le Docteur Nicolas Prisse s'est ensuite rendu dans les locaux de l'association dijonnaise Le Renouveau qui a pour but le soin et l’insertion sociale des personnes subissant des addictions.

Jean-Christophe Tardivon

La MILDECA et le CPS
(communiqué)

Placée sous l’autorité du Premier ministre, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives anime et coordonne l’action du gouvernement en matière de lutte contre les drogues et les conduites addictives et élabore à ce titre la stratégie gouvernementale en la matière dans les domaines suivants : recherche et observation, prévention, santé et insertion, application de la loi, lutte contre les trafics, coopération internationale.

La MILDECA accompagne les partenaires publics, institutionnels et associatifs de la politique publique dans la mise en œuvre des orientations, en leur apportant un soutien méthodologique ou financier.

Qu'est-ce que le CPS ?

C'est un programme de prévention fondé sur le renforcement des compétences psycho-sociales (CPS) qui agit tôt et efficacement sur les vulnérabilités et aide les jeunes à faire face aux conduites addictives.

Il leur permet de se sentir mieux avec eux-mêmes, mieux avec les autres et avec leur environnement.

L’efficacité de ces programmes, qui protègent les jeunes contre l’ensemble des conduites à risques, est désormais validée scientifiquement. Il a en outre été prouvé que ces programmes protègent de la consommation ultérieure de substances psychoactives tout en exerçant un effet positif sur d’autres comportements : implication et réussite scolaires, estime de soi, bien-être mental et autres compétences sociales.

S’appuyant sur ces résultats, les pouvoirs publics accompagnent résolument le déploiement, dans tous les milieux de vie des enfants, de programmes coordonnés de renforcement des CPS ainsi que leur intégration aux projets éducatifs.

« Unplugged »

Destiné aux collégiens, le programme Unplugged prévoit neuf séances d’activités et trois séances consacrées à des informations sur les risques liés à la consommation d’alcool, de tabac et de cannabis. Informés également sur les niveaux réels de consommation des jeunes de leur âge et invités à analyser le fonctionnement des groupes de pairs, les élèves développent notamment une plus forte résistance aux influences de leur environnement.

Repères :
Expérimentation de l’alcool, du tabac et du cannabis chez les élèves de 3ème entre 2014 et 2021
• Alcool : 2014 : 79,9 %; 2021: 64,1 %, tendance à la baisse
• Tabac : 2014 : 49,1 %; 2021: 29,1 %, tendance à la baisse
• Cannabis : 2014 : 23,9 %; 2021: 9,1 %, tendance à la baisse
• 3,7 % des élèves de 3ème fument tous les jours contre 12,3% en 2014.
• 44 % des jeunes en 6ème ont déjà expérimenté l’alcool.
• En 3ème, 1 élève sur 5 a connu une alcoolisation ponctuelle importante.
• 15,3 ans est l’âge moyen de l’expérimentation du cannabis.

Le renforcement des compétences psychosociales : pour une prévention efficace à l’école

































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