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29/03/2024 00:51
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DIJON : Gérald Darmanin s'enquiert des résultats de l'opération «place nette XXL»

Ce jeudi 28 mars, dans le quartier de la Fontaine d'Ouche, le ministre de l'Intérieur a échangé avec le préfet de la Côte-d'Or, le procureur de la République et le maire de Dijon à propos du bilan intermédiaire de l'opération avant de décorer les trois policiers intervenus lors de l'agression au couteau survenue au collège Édouard Herriot.
Depuis le 25 mars dernier, une opération d'ampleur mobilise des centaines de policiers et de gendarmes pour lutter contre le trafic de drogue, les atteintes aux biens et aux personnes ainsi que les incivilités. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dénomme cela une opération «place nette XXL». Elle devrait durer au moins trois semaines.

Ce jeudi 28 mars 2024, le locataire de la place Beauvau a effectué un déplacement à Dijon pour noter les premiers résultats policiers et judiciaires des inspections et contrôles en cours.

La présentation s'est faite sur la place de la Fontaine d'Ouche quasiment vide d'habitants et très largement sécurisée par des policiers tandis que des agents des force de sécurité intérieure poursuivaient leur action non loin de là, avenue du Lac.


Le ministre a été accueilli par François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, François Patriat (REN), Didier Martin (REN), Benoît Bordat (FP), Philippe Frei (REN) et Didier Paris (REN), parlementaires de la Côte-d'Or, ainsi que Michel Neugnot (PS), premier vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, François-Xavier Dugourd (LR), vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or, Nathalie Koenders (PS), première adjointe au maire de Dijon, Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon, Bruno Gallot, directeur interdépartemental de la police nationale de la Côte-d'Or, et le général Sylvain Laniel, commandant de la région de gendarmerie Bourgogne-Franche-Comté.

«Viser les dealers mais pas seulement»


«Elle a pour objectif principal de viser les dealers et tous ceux qui font des trafics de stup' mais pas seulement», indique le préfet de la Côte-d'Or alors qu'un plan de synthèse de l'opération a été scotché sur le capot d'une voiture de police.

«D'une façon générale, on vise également tous ceux qui sont à l'origine de troubles interquartiers ou qui pourrissent la vie des habitants, dans les transports ou par un certain nombre d'incivilités, ce qui nous conduit à enlever les épaves et à fouiller dans tous les endroits possible», poursuit Franck Robine.

Un bilan intermédiaire de 67 interpellations


Bruno Gallot expose alors le bilan intermédiaire établi au cours de ce quatrième jour de l'opération. 2.238 policiers et gendarmes mobiles ont été engagés, 5.357 personnes ont été contrôlées ainsi que près de 3.000 véhicules et 67 interpellations ont été réalisées.

Ces dernières correspondent à des «ciblages judiciaires» définis à partir de procédures en cours : 50 en zone police et 14 en zone gendarmerie. Les objectifs policiers sont donc d'ores et déjà atteints.

À cela s'ajoutent 3 interpellations réalisées par les gendarmes locaux lors de contrôles de consommation de stupéfiant dans des flux routiers aux principaux points d'entrée de la métropole dijonnaise.

Le général Sylvain Laniel relève que les gendarmes sont amenés «à prolonger sur l'ensemble du territoire ces opérations coordonnées entre police et gendarmerie».

«Certains points de deal sont quasiment fermés»


Des produits stupéfiants, des armes et des sommes en espèces ont également été saisies.

«Certains points de deal sont quasiment fermés parce que les dealers ne peuvent pas vendre et que les clients ne peuvent pas venir», précise Bruno Gallot.

Par ailleurs, 82 entreprises seront également contrôlées par des services comme ceux notamment de la douane, de la répression des fraudes ou encore de l'URSSAF.

«Les moyens sont mis en œuvre, on a des résultats certains», indique le directeur de la douane avec «plusieurs dizaines de kilos de tabac saisis».

«Plus d'une demi-douzaine» de personnes ont déjà fait l'objet d'un mandat de dépôt


Concernant le volet judiciaire, le procureur de la République de Dijon précise que les cibles judiciaires sont «des gens ancrés dans la délinquance, jeunes, souvent avec des antécédents judiciaires».

«La plupart des gardes à vue sont encore en cours», signale-t-il. À ce jour, 20% des personnes interpellées et placées en garde à vue ont ensuite été présentées au parquet pour être déférées devant un juge et «plus d'une demi-douzaine» de personnes ont déjà fait l'objet d'un mandat de dépôt.

À noter qu'un quart des personnes placées en garde à vue ont moins de 18 ans. «La réponse pénale des mineurs est un enjeu important», pointe Olivier Caracotch, «le code de justice pénale des mineurs, adopté récemment, permet une réponse beaucoup plus rapide que par le passé, avec un cadencement de la réponse du tribunal, une déclaration de culpabilité, une période de suivi et le prononcé d'une peine en fonction des faits, de la personnalité mais aussi de l'évolution de la personne».

Plusieurs comparutions immédiates devraient avoir lieu dans les tout prochaines jours grâce à des «renforts de permanence». «Nous sommes tout à fait disposés à apporter des réponses rapides et fermes», assure le procureur de la République de Dijon.

Parallèlement, le préfet de la Côte-d'Or rappelle que, dans les dossiers de violences supposément liées à des règlements de compte, puisque quatre fusillades sont survenues dans l'agglomération dijonnaise depuis le 13 mars, 11 personnes ont été mises en examen.

Mise en œuvre de la réforme de la police judiciaire


Le directeur interdépartemental de la police nationale de la Côte-d'Or applaudit la réforme de la police judiciaire qui, avec un commandement intégré, «permet d'engager massivement la filière investigation et la sécurité publique ensemble et de mieux les coordonner» tandis que «la filière judiciaire dispose d'une force de frappe bien plus importante» (lire notre article).

De plus, l'unité nationale d'investigation est venue appuyer le travail des policiers locaux durant plusieurs jours pour traiter «des dossiers d'envergure». Un «renfort essentiel», selon le préfet de la Côte-d'Or.

Le problème des guetteurs installés durant des heures aux points de deal


«Une telle opération était indispensable», réagit François Rebsamen qui souhaite qu'«elle dure le plus longtemps possible».

Au passage, le maire de Dijon sensibilise les parlementaires à la problématique des guetteurs qui s'installent confortablement aux abords des points de deal durant plusieurs heures : «si on pouvait trouver des moyens de qualification pénale de responsabilité». «C'est un élément très déstabilisant dans les quartiers.»

De l'interdiction d'attendre assis dans la rue sans attenter aux libertés publiques


La proposition est reçue avec circonspection notamment par Didier Paris, magistrat judiciaire de profession, membre de la commission des lois de l'Assemblée nationale, qui envisage que cela représenterait une atteinte aux libertés publiques.

«Il faut le caractériser d'une manière réelle et que ce soit un trouble à l'ordre public caractéristique», réagit le député, «interdire à un mineur de s’asseoir sur une chaise et d'attendre, c'est aussi interdire à toute personne de s'asseoir et d'attendre, y compris une personne âgée qui est devant chez elle».

«[La majorité présidentielle] a pris des textes qui permettent de poursuivre en  délit automatique de voie publique ceux qui bloquent les cages d'immeuble, je vois bien à quel point c'est extrêmement difficile à mettre en œuvre, d'une part parce que la police ne peut pas être partout, tout le temps, et d'autres part, parce que c'est difficile à caractériser», développe-t-il. «L'idée, on ne peut pas être compte mais je pense que ce n'est pas par ce biais-là qu'on va interdire le trafic de drogue.»

«Occuper» les plus jeunes après l'école participe de la prévention


«Les éducateurs de rue font un travail de prévention», met en avant François Rebsamen qui défend sans relâche la prévention spécialisée, «ça s'adresse à ceux qui sont plus jeunes, 9-10-11 ans». «Mais ceux qui ont déjà 13-14-15 ans, malheureusement, pour certains, ils sont déjà rentrés dans la petite délinquance et c'est plus difficile à arrêter, après il faut de la dissuasion, de la répression et des sanctions.»

«En commun avec la Ville, on a porté une attention particulière à partir de la rentrée scolaire pour vraiment occuper tous les jours après les heures de cours pour que, justement, les plus jeunes restent encadrés, scolairement ou par des activités sportives», signale le préfet de la Côte-d'Or, de façon à mettre en œuvre «un aspect de prévention».

Souleiman, tué potentiellement à cause d'un «problème de quartiers»


Avec beaucoup de courage, Sifia, mère de famille habitant la Fontaine d'Ouche, témoigne auprès du ministre de ce qui est arrivé à son fils Souleiman, 19 ans, tué à l'arme blanche à Talant, dans la nuit du 14 au 15 mars dernier.

Pratiquant le jeûne durant le mois de ramadan, Souleiman était «tranquillement posé avec ses copains, comme tous les soirs, pour rentrer avant minuit».

Quand Sifia s'est levée à 5 heures du matin pour se restaurer avant le lever du soleil, elle a constaté l'absence de son fils et que son smartphone était localisé au CHU Dijon Bourgogne. Là, elle a découvert le drame.

Pour Sifia, il ne s'agit pas d'un règlement de compte lié à un éventuel trafic de drogue mais plutôt d'un «problème de quartiers» : après une rivalité entre Fontaine d'Ouche et le Mail à Chenôve serait apparue une rivalité entre Fontaine d'Ouche et le Belvédère à Talant.

«Il n'y avait pas de violence grave mais plus de la parole qui s'échangeait sur les réseaux sociaux», explique-t-elle, «mon fils disait qu'il y avait un truc qui tournait dans les réseaux comme quoi Fontaine d'Ouche était faible et qu'il fallait qu'ils se rendent à Talant pour montrer qu'ils étaient forts, juste faire une balade en voiture. Malheureusement, mon fils s'est trouvé dedans.»

«Mon fils n'avait aucune histoire de drogue», témoigne la mère de Souleiman qui gagnait «un petit salaire» en travaillant au sein de l'Acodege et se préparait à passer le permis de conduire.

«Il faut que ça cesse», déclare-t-elle au ministre qui écoute avec attention, «qu'il n'y ait plus de violence entre ces jeunes-là». «Il y a des familles en deuil, qui souffrent, ça me choque».

Gérald Darmanin décore les trois policiers intervenus au collège Édouard Herriot le 15 mars


Un autre fait de violence survenu récemment dans l'agglomération dijonnaise a retenu l'attention de Gérald Darmanin : l'agression au couteau conduite par un élève à l'intérieur du collège Édouard Herriot à Chenôve, le 15 mars dernier, sans causer de blessure physique, le collégien ayant pu être maîtrisé par des policiers.

Pour sa dernière séquence dijonnaise, ce jeudi, le ministre de l'Intérieur fait donc étape à l'Hôtel de police afin de remettre la médaille de la sécurité intérieure échelon or à chacun des trois policiers de la brigade spécialisée de terrain qui sont intervenus au collège ce jour-là.

À son arrivée, en présence notamment de Pierre N'Gahane, recteur de l'académie de Dijon, et d'Anne-Catherine Loisier (divers centre), sénatrice de la Côte-d'Or, Gérald Darmanin échange avec deux victimes de l'agression, la principale du collège et la professeur d'anglais de l'élève, toutes les deux marquées par les menaces subies ce jour-là.

«Vous avez été très courageuses face à quelqu'un armé d'un couteau», réagit le ministre tandis que le préfet salue «le sang-froid des policiers» qui sont «repartis au travail le soir».

«La principale a eu le geste efficace, (…) les mesures de précaution ont été prises immédiatement», enchaîne François Sauvadet (UDI), président du conseil départemental de la Côte-d'Or, collectivité responsable de l'entretien et de la sécurité des collèges publics (lire le communiqué).

«On travaille sur l'accompagnement», signale François Sauvadet. «Tout le monde a été très protecteur», témoigne effectivement la professeure d'anglais qui attend cependant «avec impatience» le jugement pour sa «reconstruction».

Représentant ses collègues, un policier témoigne sous couvert d'anonymat  : «on patrouillait devant le collège, on a été requis par du personnel comme quoi un élève menaçait sa prof d'anglais et la directrice avec un couteau, on s'est mis en colonne, on est entré, on a fouillé les espaces, les professeurs et les élèves s'étaient verrouillé à l'intérieur des classes». «Le premier collègue avait un Taser, mon deuxième collègue avait sorti son arme de service, j'étais équipe d'un fusil d'assaut. On est rapidement tombé sur l'individu qui courait avec un couteau à la main, poursuivant un personnel du collège. On lui a fait les sommations d'usage, il a commencé à faire un pas et il a lâché son couteau. Il n'y avait pas nécessité d'ouvrir le feu. On a récupéré le couteau très rapidement et on a procédé à son interpellation et on l'a extrait de l'établissement. Il était très froid, très détaché mais on le sentait déterminé.»

Les trois policiers considèrent la distinction reçue des mains du ministre de l'Intérieur comme «un immense honneur».

Jean-Christophe Tardivon

«La drogue à la papa, ça n'existe plus», alerte Gérald Darmanin


Selon le Docteur Nicolas Prisse, «être capable de dire non» permet de lutter contre «les éventuelles futures addictions des adolescents»


Plusieurs centaines de policiers et de gendarmes participent à une opération «place nette XXL» dans la métropole dijonnaise


Avec les policiers et gendarmes de l'opération «place nette XXL» dans la métropole dijonnaise


Opération de contrôle des armes blanches dans un lycée à Dijon


La résidentialisation des logements sociaux à l'épreuve du trafic de drogue


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À la recherche de drogue à l'intérieur de la maison d'arrêt de Dijon


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«''Place nette'' aura un effet durable sur la délinquance à Dijon», assure le préfet Franck Robine au moment du bilan



















































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