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16/02/2024 19:03

AGRICULTURE : «La souveraineté alimentaire, c'est de soutenir la production», revendique François Sauvadet

La deuxième édition du Forum des opportunités pour les agriculteurs s'est tenue, ce vendredi 16 février, à Talant. «On arrive au bout d'un modèle agricole», a constaté François Sauvadet lors de l'inauguration.
Un salon pour aider les agriculteurs à se diversifier : le Forum des opportunités. La deuxième édition s'est déroulée, ce vendredi 16 février 2024, à Talant, avec pour thème «Semez la diversité, récoltez la stabilité».

«Ce rendez-vous a pour but de proposer aux agriculteurs un panel d'opportunités concrètes de diversification pour qu'ils puissent mettre en place de nouvelles dynamiques sur leur exploitation et renforcer leur revenu», explique le conseil départemental de la Côte-d'Or, organisateur de ce salon en partenariat avec la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or et Agronov.


Une centaine d'agriculteurs attendus


Le salon rassemblait 43 exposants proposant des opportunités allant des nouvelles cultures aux ateliers d’élevage en passant par des services de diversification ou encore la production d'énergie. Les stands étaient répartis en quatre pôles : filières, diversification d'activités, énergies ainsi qu'alimentation de proximité et logistique.

Les organisateurs tablaient sur la venue d'une centaine d'agriculteurs sur toute la journée. S'ajoutent aussi des conseillers et techniciens agricoles ainsi que des élus.

L'inauguration a été conduite en fin de matinée par François Sauvadet (UDI), président du conseil départemental de la Côte-d'Or, qui, accompagné par de nombreux élus de la majorité départementale, a échangé avec les différents exposants avant les discours officiels.

Le maire de Talant tacle la Région Bourgogne-Franche-Comté


Très en verve, Fabian Ruinet (LR), maire de Talant, débute l'exercice en délivrant un message critique envers l'administration du secteur agricole, en écho au récent mouvement social des agriculteurs.

«On a des préoccupations de mieux manger et de faire en sorte que vos revenus – et éventuellement vos revenus complémentaires – puissent être traités ici lors de ce Forum des opportunités», introduit le maire de Talant.

«Je tiens à préciser que le monde agricole a un soutien très important des maires, globalement, du Département, surtout. Vous avez à mes côtés un très bon VRP qui participe très largement au développement et au maintien de l'activité agricole sur le territoire côte-d'orien», déclare-t-il en faisant référence explicitement à François Sauvadet, présent à ses côtés.

«S'il fallait faire un comparatif avec une autre collectivité, beaucoup plus grande, qui n'est même pas capable gérer des aides pour de jeunes agriculteurs pour qu'ils puissent s'implanter chez nous, c'est grave !», glisse-t-il en référence implicite à la Région Bourgogne-Franche-Comté, collectivité compétente en matière d'agriculture en général et concernant la gestion des fonds européens destinés à cofinancer les investissements de jeunes agriculteurs en particulier, gestion qui a été marquée par une accumulation de retards à l'automne 2023 (lire notre article).

Fabian Ruinet pointe «le nombre de fonctionnaires par agriculteur»


«La difficulté, c'est ce qui se passe au-dessus, c'est le poids de l'administration, le poids des normes, le poids de l'Europe», poursuit l'élu des Républicains, parti dont les députés européens siègent dans le groupe du Parti populaire européen (PPE), plus important groupe du Parlement européen. «Je vais vous donner un chiffre qui montre le drame de l'agriculture en France, c'est le nombre de fonctionnaires par agriculteur. Toutes administrations confondues, en France, il y a 18.000 fonctionnaires pour 360.000 espaces agricoles. Bien entendu, nous, maires, quand on demande des moyens supplémentaires, on nous dit ''c'est pas possible !''. Je crois qu'il y a des lieux où on peut réduire et être nettement meilleur. (…) En même temps, il y a des policiers de l'environnement. Là, pour vérifier la hauteur de la haie, les sujets d'application des normes, là, il y a du monde : 3.000 qui sont armés.»

Le premier magistrat de Talant fait ainsi sienne la revendication du syndicat agricole de la FNSEA demandant à désarmer les fonctionnaires de l'Office français de la biodiversité chargés notamment de missions de police de l'environnement, ce qui inclut la lutte contre le braconnage, d'où leur armement.

«L'enjeu que nous avons ensemble, c'est celui de vous aider à améliorer vos revenus, c'est l'objectif de ce forum, et de faire en sorte que l'on puisse construire quelque chose de beaucoup plus intéressant, bio et naturel. Il n'est pas incompatible de faire de l'agriculture et de s'intéresser à la transition écologique», assure Fabian Ruinet avant de conclure en paraphrasant Georges Pompidou : «qu'on arrête d'emmerder ceux qui travaillent !»

Agronov accompagne la «troisième révolution agricole»


Implantée à Bretenière, Agronov compte 130 adhérents. Son président Frédéric Imbert rappelle que la mission de l'association est d'«accélérer le transfert de l'innovation agricole pour s'adapter à tout changement pour les trois grandes productions régionales – grandes cultures, viticulture, élevage – et les productions diversifiées».

«Le monde agricole est un des secteurs économiques les plus connectés», assure Frédéric Imbert, en référence au temps accordé par les exploitants agricoles à gérer les demandes administratives. Des startups travaillent notamment à faciliter les démarches.

«Le monde agricole a toujours su s'adapter depuis très longtemps avec toutes les évolutions agricoles que l'on a connues. (…) On parle aujourd'hui de troisième révolution agricole à travers les nouveaux modes de production qui émergent», signale le président d'Agronov. «L'agriculture doit encore s'adapter beaucoup plus vite avec une accélération du changement du climat, qui est le premier facteur de production, il faut s'adapter aux aléas de températures et de précipitations. (…) Le deuxième changement, c'est les attentes sociétales. (…) Il faut se reconnecter avec le consommateur, c'est un axe que l'on travaille pour faire des transitions agricoles : la réduction des intrants, l'utilisation du digital. (…) Le territoire est très en avance.»

Vincent Lavier demande que «chacun soit mis devant ses responsabilités dans son acte de consommation»


Président de la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or, Vincent Lavier remercie à son tour François Sauvadet pour «le soutien sans faille affiché à notre profession».

«Au-delà de toutes les revendications qui sont légitimes et justifiées, le principal sujet de fond que l'on a aujourd'hui avec l'agriculture, c'est vraiment un problème identitaire», résume le militant syndical de la FDSEA de la Côte-d'Or, lui aussi en écho au mouvement social des agriculteurs.

«Le président Macron parle souvent de souveraineté alimentaire. Sachez qu'on a jamais autant été en train de la perdre qu'en ce moment et ça va à une vitesse folle», alerte-t-il. «On continue globalement de supprimer des moyens qui permettraient d'inverser la tendance.»

Le président de la chambre consulaire revient également sur les sirènes de «la montée en gamme de la production française» : «on n'a jamais autant importé de produits de première gamme». La crise de la consommation de produits bio en est un exemple flagrant.

«Faire en sorte que ce que dit le citoyen ce soit aussi ce que fait le consommateur» devient un sujet de préoccupation, selon Vincent Lavier qui demande à ce que «chacun soit mis devant ses responsabilités dans son acte de consommation».

«On arrive au bout d'un modèle agricole», analyse François Sauvadet


«Il faut redonner confiance à nos jeunes», déclare d'emblée François Sauvadet (UDI) qui s'accorde sur la «crise de sens» traversée par les agriculteurs au moment où se présente un «défi alimentaire» pour les populations occidentales en lien avec «un changement climatique concentré sur plusieurs dizaines d'années».

«L'agriculture, c'est fait pour produire une alimentation», martèle le centriste, «les aspirations de la population, c'est de s'assurer que les conditions dans lesquelles nous produisons respectent l'environnement, la nature». «Les agriculteurs ont aboslument été les premiers à être sensibilisés parce que les impacts du changement climatique et des modes culturaux ont été réels sur les productions. La spécialisation des productions, (…) on arrive au bout d'un modèle [agricole]. (…) L'agrandissement, on est au bout du système.»

Le «100% Côte-d'Or» ou «la réponse d'un centième de la France au défi de souveraineté alimentaire»


Pour «redonner espoir et confiance dans la population agricole», François Sauvadet appelle à «considérer le monde agricole» et incite «chacun à assumer ses responsabilités».

Premier concerné : le président de la République. «Il faut que l'on apporte une réponse concrète pour garantir cette souveraineté alimentaire», revendique le président du Département. «L’État doit fixer le cap. La souveraineté alimentaire, c'est de soutenir la production.»

Suivent les acteurs locaux et les consommateurs. «L'acte de consommation est un acte citoyen, un acte d'engagement», plaide François Sauvadet qui défend le principe d'une transformation des denrées agricoles «au plus près des lieux de production» plutôt qu'auprès des lieux de consommation, de façon à favoriser «l'emploi agricole».

D'où la création de la marque territoriale Savoir-faire 100% Côte-d'Or : «c'est notre réponse d'un centième de la France au défi de souveraineté alimentaire».

Fin 2023, près de 50% des approvisionnements des cantines des collèges de la Côte-d'Or étaient constitués de produits locaux.

François Sauvadet espère que le «100% Côte-d'Or» sera «modélisé pour l'agriculture nationale et européenne»


Plus globalement, celui qui est également président de l'Assemblée des Départements de France apporte son «soutien» aux éleveurs de poulet et de porc : «il faudra que l'on produise davantage de volaille sinon il faudra s'acheminer [vers] des importations dont nous ne savons même pas les conditions dans elles sont produites alors que nous imposons des règles insupportables à nos propres producteurs. (…) Il faudra des élevages de porc ; on va faire attention et pas les mettre près des populations».

«Il faut proposer un chemin au pays», résume François Sauvadet, «ce chemin, nous l'avons proposé avec vous, pour l'agriculture côte-d'orienne». «J'espère qu'il sera modélisé pour l'agriculture nationale et européenne : la responsabilité de chaque citoyen, la considération de notre agriculture comme étant une ressource essentielle parce que ça participe de notre alimentation et la reconnaissance qu'on doit avoir à l'égard de tous ceux qui travaillent la terre.»

Jean-Christophe Tardivon

«Si l'on veut pouvoir continuer à produire, il faut se diversifier», estime Vincent Lavier


François Sauvadet annonce un événement «100% Côte-d'Or» à la Tour Eiffel lors du Salon de l'Agriculture


François Sauvadet entend «préserver le modèle d'une agriculture familiale»


«Il y a une rencontre évidente entre les Jeux olympiques et Alésia», selon François Sauvadet


































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