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09/04/2024 17:08

TRANSITION ÉCOLOGIQUE : La mobilité électrique fait le show au circuit de Dijon-Prenois

Ce mardi 9 avril, 70 véhicules électriques et hybrides rechargeables étaient présentés lors d'une journée professionnelle. «Le sujet, c'est l'équité des territoires sur l'itinérance», a relevé l'élu de la Région Bourgogne-Franche-Comté Michel Neugnot à propos des bornes de recharge en milieu rural.
Durant une journée, organisée par l'association Bourgogne-Franche-Comté Mobilité électrique, le circuit automobile Dijon-Prenois a accueilli 32 exposants – dont 18 marques automobiles – présentant 70 véhicules électriques et hybrides rechargeables dont 40 étaient disponibles à l'essai.

Pour cette troisième édition de l'e-Day, ou journée professionnelle de la mobilité électriques, trois nouveaux pôles ont fait leur apparition : transports poids lourds, rétrofit et engins viticoles.

Une conférence plénière a rassemblé des experts régionaux et nationaux, complétée par sept ateliers débats dont trois sessions d'information dans le cadre du programme Advenir Formations.


«Une croissance fulgurante» des véhicules électrifiés en 2023


L'association Bourgogne-Franche-Comté Mobilité électrique (BFCME) fédère une cinquantaine d'acteurs de l'écosystème régional. Elle est coprésidée par Thierry Brossier et Thomas Fraioli.

Les représentants de BFCME se réjouissent devant «les chiffres exceptionnels et une croissance fulgurante» constatés en 2023. En France, plus de 100.000 bornes de recharge sont ouvertes au public et l'on recense plus d'un million de véhicules électriques en circulation.

En Bourgogne-Franche-Comté, en 2023, concernant les véhicules électriques, on a dénombré 9.476 nouvelles immatriculations pour les particuliers et 668 pour des utilitaires (soit une augmentation globale de 133,66% par rapport à 2022). Concernant les véhicules hybrides rechargeables, il y a eu 4.654 nouvelles immatriculations. Concernant la recharge, on a compté 4.700 nouveaux points de charge et 1.650 nouvelles stations de recharge.

Dans le secteur du transport routier, la transition s'appuiera «sur les biocarburants, le biogaz et l'électricité»


Président de la Fédération national des transports routiers Bourgogne, Sylvain Baudry signale que «les transporteurs sont très volontaires pour aller dans la transition énergétique» tout en s'interrogeant sur le «tempo» auquel peut se mener cette transition.

Pour le représentant des transporteurs routiers bourguignons, passer «du gazole au tout électrique» se fera à des rythmes différents selon les entreprises au cours d'une période de transition qui s'appuiera «sur les biocarburants, le biogaz et l'électricité».

«Les matériels avancent», se félicite-t-il, «en permanence, on gagne en efficacité, on gagne en confort» sans pour autant pouvoir indiquer le nombre de camions à moteur électrique dont disposent les transporteurs routiers bourguignons à ce jour.

Le président de la FNTR Bourgogne insiste sur le fait que les camions à moteur Diesel s'amortissent en 3 à 5 ans quand les camions électriques s'amortissent en 8 à 10 ans.

«La course au suréquipement n'est pas pertinente», analyse-t-on chez Renault Trucks


Manager énergies alternatives pour Renault Trucks France, filiale du groupe AB Volvo, Baptiste Sohier envisage «100% de ventes décarbonées en 2050» : «l'électrique est l'énergie qui va nous permettre d'atteindre le plus rapidement possible nos objectifs».

Le représentant du constructeur assure que «la gamme s'étoffe» avec des véhicules allant du vélo cargo jusqu'au tracteur de semi-remorque, une gamme permettant de transporter de 650 kg à 44 tonnes.

«La course au suréquipement n'est pas pertinente», analyse Baptiste Sohier qui incite les entreprise à ne pas reculer le moment de s'équiper : «si un camion répond à un usage, l'évolution qui aura lieu dans 3-4 ans n'a pas lieu à être considérée».

Des débats dans le cadre de la «COP régionale»


Directeur de la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement de Bourgogne-Franche-Comté, Olivier David souligne les enjeux d'«aligner des véhicules disponibles, fonctionnels, avec des prix en baisse, d'avoir les infrastructures de recharge qui sont disponibles et de répondre aux besoins des usagers et des professionnels».

Dans le cadre de la «COP régionale», lancée le 13 décembre dernier (lire notre article), les acteurs locaux participeront aux réflexion concernant les sujets de la logistique et du déplacement.

Lors d'une première phase de consultation des collectivités territoriales, la DREAL a relevé 2.400 réponses où a été particulièrement souligné «le besoin de développer le réseau de bornes, en particulier en milieu rural où la borne de recharge ne trouvera pas son modèle économique mais où la borne est indispensable». Autrement dit, le financement des bornes de recharge en milieu rural est en question.

Des débats thématiques se dérouleront de fin avril à septembre en étant piloté par deux élus régionaux – le socialiste Michel Neugnot et la communiste Muriel Ternant – et le préfet de la Saône-et-Loire.

Sera ensuite remise à l’État une feuille de route qui guidera l'ensemble des actions dans la région pour atteindre les objectifs.

«Le sujet, c'est l'équité des territoires sur l'itinérance», relève Michel Neugnot


Premier vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, notamment chargé des mobilités, Michel Neugnot appelle à «une approche décentralisée» allant à l'échelle du département car, «le sujet, c'est l'équité des territoires sur l'itinérance».

«Si on n'a pas un modèle qui permet d'équilibrer les choses entre le rural et l'urbain, au bout du compte, c'est les pouvoirs publics qui seront amenés à financer», explique le vice-président de la Région, collectivité qui cherche à «convaincre les syndicats d'énergie» de participer.

«On trouvera une solution publique qui ne se fera pas par le marché», analyse le socialiste car, sinon, «on va avoir des territoires à deux vitesses».

«Ce n'est pas l'idéal d'aller sur l'autoroute pour faire une recharge rapide», prend-il comme exemple pour un visiteur d'un site touristique qui ne trouverait pas de borne de recharge à proximité.

Le président de Mobilians demande au gouvernement d'«arrêter de changer de stratégie tous les trois mois»


Francis Bartholomé, président de Mobilians (ex-Conseil national des professionnels de l'automobile), compte sur le coût relativement plus faible des voitures électriques chinoises pour tirer les prix vers le bas.

Le représentant de l'ensemble des concessionnaires espère que le gouvernement maintienne les aides à l'achat de véhicule électrique : «en Allemagne, l’État a arrêté de donner des aides, le marché a plongé en deux mois».

Par ailleurs, Francis Bartholomé alerte sur la fin de cycle des véhicules pour lesquels les usagers ont contracté une location de longue durée : «si les prix s'effondre, que faire des millions de voitures résiduelles ?»

En résumé, le président de Mobilians a un message pour le gouvernement : «arrêtez de changer de stratégie tous les trois mois !»

L'AVERE défend un temps de charge fractionné


Vice-président d'AVERE France, association professionnelle nationale qui fédère l'écosystème de la mobilité électrique et qui est l'interlocutrice du gouvernement, Bernard Guillarme assure que «les gens qui sont passés à l'électrique ne reviennent plus au thermique». «Un véhicule électrique va répondre au besoin des kilomètres dans 90% des cas.»

«Passer à un véhicule électrique, on ne perd rien, on va gagner en qualité», enchaîne Michel Neugnot qui signale que «les Renault Zoé en troisième vie commencent à arriver sur le marché de l'occasion».

«Le véhicule électrique est particulièrement adapté au milieu rural, beaucoup plus qu'au milieu urbain», rebondit Olivier David, «il est plus cher à l'achat mais le coût de possession plus faible».

Alors que «la problématique de la recharge concernent majoritairement les urbains», Bernard Guillarme évoque la possibilité fractionner les recharges donne comme exemple de «prendre 10-15 km» le temps d'aller chez le coiffeur ou de faire ses courses.

Pour sa part, Pierre de Firmas, directeur de la mobilité électrique chez Enedis, ne constate pas de fléchissement dans la dynamique de raccordements de points de charge au réseau électrique.

«Un des freins au développement de la mobilité électrique, à part le pouvoir d'achat, c'est la peur de la panne sèche», estime-t-il tout en insistant sur «un un saut qualitatif sur les deux dernières années» en la matière.

L'AVERE rappelle le «droit à la prise» en copropriété


Concernant l'installation d'un point de charge en habitat collectif, le «droit à la prise» permet de trouver des solutions préfinancées.

«On s'attend à un volume d'équipement croissant», signale Pierre de Frimas qui établit un parallèle avec le ballon d'eau chaude qui se déclenche en heures creuses. Un tel dispositif appliqué aux recharges de véhicules représenterait l'économie de 10 GW sur les pics de production hivernaux.

Bernard Guillarme compte donc sur le maintien des aides gouvernementales pour ces installations en copropriété avec la mobilisation du programme Advenir (Aide au développement du véhicule électrique grâce à de nouvelles infrastructures de recharge) que l’État a abondé de 200 millions d'euros fin 2023.

Expérimentation du pilotage de la décharge de véhicules électriques


À ce sujet Robert Poggi, directeur à l'action régionale d'EDF en Bourgogne-Franche-Comté, signale l'expérimentation vehicule-to-grid menée dans la capitale régionale avec le bailleur social Grand Dijon Habitat.

Des bornes de recharge installées sur un parking fonctionne dans les deux sens : les batteries des véhicules peuvent contribuer à ajuster l' équilibre production-consommation du système électrique français faisant des propriétaires des véhicules «des citoyens pour la transition écologique».

Une rivalité semble poindre entre hydrogène et mobilité électrique


L'hydrogène n'a pas la cote chez les défenseurs des véhicules électriques, sauf chez Michel Neugnot, alors que la Région soutient massivement le développement de la filière de ce vecteur énergétique.

Ainsi, Sylvain Baudry pointe l'enjeu de «stress hydrique» potentiellement à venir. À savoir, devra-t-on ajouter la production d'hydrogène parmi les usages de l'eau ? Toutefois, le président de la FNTR Bourgogne reconnaît que cet enjeu vaut également pour la production d'agrocarburants.

Pierre de Firmas alerte sur «la distribution d'hydrogène» tandis qu'il se veut rassurant sur la capacité du réseau de distribution d'électricité de répondre à la demande.

«Il faut que ces modèles se challengent les uns les autres», proteste Michel Neugnot qui rappelle le choix de la Région Bourgogne-Franche-Comté : «avoir une production près des lieux de consommation, près d'Auxerre, où il y a un embranchement direct sur les réseau ferroviaire». Et de signaler que les intercommunalités de Dijon et de Belfort ont une approche similaire pour alimenter leur future flotte de bus ayant recours à l'hydrogène.

Le vice-président de la Région insiste donc sur l'innovation en la matière, le recours à la combustion directe de l'hydrogène – comme Toyota notamment l'expérimente déjà sans passer par une pile à combustible – étant un espoir afin d'atteindre un prix d'usage moindre que celui lié à la combustion d'hydrocarbures.

Jean-Christophe Tardivon

Le dossier de Bourgogne-Franche-Comté Mobilité électrique sur l'e-Day 2024






































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