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19/02/2024 20:47

INNOVATION : Le travail de recherche de Lab to Field sur la flore intestinale

Spécialiste de la relation entre l'alimentation et la santé, ayant une notoriété mondiale, l'entreprise implantée près de Pouilly-en-Auxois participe à la transition écologique en visant la réduction des médicaments. Marie-Guite Dufay a découvert les différentes activités de la biotech, ce mercredi 14 février.
Entre ferme expérimentale et laboratoire de recherche, un écosystème sur les micro-organismes du tube digestif est en plein développement au cœur de l'Auxois. Ingénieur agronome s'intéressant à la relation entre l'alimentation et la santé, Samy Julliand a créé l'entreprise Lab to Field pour produire de la connaissance sur les fonctionnalités des microbiotes intestinaux de différents animaux et de l'homme.

Ayant besoin d'une ferme pour conduire ses recherches, l'entrepreneur s'est installé en 2012 auprès du pôle de l'Auxois sud de la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or à la jonction entre l'A38 et l'A6, à Créancey, près de Pouilly-en-Auxois.


Proposant des prestations de services à des acteurs français ou internationaux, Lab to Field ne cesse de croître au point de devoir pousser les murs. Quinze personnes sont employées entre le site de Créancey et celui du campus dijonnais de l'université de Bourgogne.

Présentation des activités à la présidente de la Région


Ce mercredi 14 février, le directeur de Lab to Field a présenté les activités de l'entreprise à Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Étaient présents notamment Charline Desbois, maire de Créancey, et Yves Courtot, président de la communauté de communes de Pouilly-en-Auxois-Bligny-sur-Ouche.

Transfert de connaissances liées à la relation alimentation-santé


La croissance de l'activité – 40% en moyenne chaque année – a entraîné la création de trois entreprises au total. Lab to Field a été fondée en 2012, puis Biossan en 2016 et enfin la Plateforme nutrition-santé-performance (PNSP) en 2018, devenue la maison-mère du groupe ainsi constitué.

«Lab to Field fait de la recherche sur l'animal pour la filière agroalimentaire animal ou vétérinaire. Biossan a vocation à travailler pour la santé humaine exclusivement», précise le directeur. En particulier, les deux entreprises font le lien entre «la recherche fondamentale et les utilisateurs de connaissances dans la relation alimentation-santé».

Parmi les activités, il s'agit notamment de tester l'impact d'un nouveau probiotique, les effets d'une source de protéine comparé à un tourteau de soja ou encore ceux d'une huile produite localement comparée à une huile de palme.

En alimentation animale notamment, Lab to Field compte parmi ses clients Cargill, Nestlé, ou encore Solvay.

France relance a soutenu l'agrandissement des locaux


Par le passé, la plateforme de zootechnie d'Agrosup Dijon était implantée dans ces locaux, là où la propre mère de Samy Julliand, vétérinaire référente, a travaillé. En 2019, PNSP a repris la plateforme et l'a agrandie, de 2021 à 2023, tout en continuant de partager la ferme du pôle agricole de la chambre consulaire.

Le projet d'agrandissement nécessitant un investissement de 1,7 million d'euros a reçu le soutien du plan France relance à hauteur de 500.000 euros et une aide du plan régional de relance à hauteur de 50.000 euros.

Une dizaine de salariés habitent sur le territoire même de la communauté de communes Pouilly-en-Auxois-Bligny-sur-Ouche. Ils ont acquis des logements et ont inscrit leurs enfants à la crèche ou à l'école voisine. Des recrutements sont envisagés d'ici trois ans.

«Une ferme dédiée à la recherche»


«Le centre permet d'avoir des conditions contrôlées», explique Samy Juliand en montrant notamment des rations individuelles pour les chevaux, «c'est une ferme dédiée à la recherche, (…) on essaie de contrôler la majorité des paramètres».

«On vient nous chercher du monde entier pour travailler sur des projets de recherche ici. (…) Les infrastructures ont été pensées pour conduire des projets de recherche de la manière la plus propre possible», revendique-t-il au gré de la visite des locaux.

«Avec six chevaux conduits en situation contrôlée, on a autant de probabilités de voir quelque chose bouger qu'avec plusieurs centaines sur le terrain où on ne contrôlerait pas l'alimentation», précise le directeur.

La ferme comprend des vaches, des chevaux, des petits ruminants et des porcs.

Objectif démédication


«En 1970, il y avait 20% de mortalité avant le sevrage dans la filière porcine. En 2024, il y a toujours 20% de mortalité parce que la conduite n'a pas évolué. On produit plus parce que les mères ont été sélectionnées génétiquement pour faire plus de petits», expose Samy Julliand. «L'alimentation peut largement aider puisqu'une grande partie de la mortalité vient de l'écosystème microbien, du microbiote, qui s'implante mal et qui crée des diarrhées mortelles chez les petits.»

«On est leader sur ces thématiques-là donc on est très sollicité pour accompagner des projets de recherche autour de la démédication notamment», poursuit le directeur, «comment on fait pour moins amener d'antibiotiques et d'antiparasitaire non plus en tuant des agents pathogènes mais en renforçant l'organisme». «C'est une approche nouvelle qui s'inscrit dans le One Health au niveau mondial [NDLR : selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), l'approche d'une seule santé inclue «la santé des animaux, des végétaux et des êtres humains, ainsi que les perturbations de l'environnement générées par l'activité humaine].»

Lab to Field a reçu plusieurs aides européennes et régionales. Un projet sur la réduction des antimicrobiens de 785.000 euros a été financé à hauteur de 357.000 euros. Un projet mené en partenariat avec le Centre des sciences du goût et de l’alimentation (CSGA) sur la réduction de l'aversion à l'amertume de 249.000 euros vise une aide de 146.000 euros.

En ce qui concerne la santé humaine, pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens, l'Union européenne s'est engagée à réduire la consommation humaine d'antibiotiques de 20% en 2030, par rapport au niveau de 2019.

De la microbiologie aux Jeux olympiques


«On publie dans les meilleurs journaux mondiaux en médecine vétérinaire ou en physiologie de l'exercice», revendique Samy Julliand.

En effet, l'étude de la microbiologie peut avoir des débouchés dans le domaine de la performance sportive. Biossan accueille ainsi un doctorant de l'UFR Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) de l'université de Bourgogne.

«Quand on change l'alimentation, on change les substrats énergétiques à disposition pour que les cellules musculaires tournent», précise Samy Julliand. «On accompagne des équipes olympiques.»

Cet aspect a permis à Biossan de développer un lien avec les microtechniques – notamment sur les dosages de molécules intradermaux – et donc d'adhérer au Pôle de compétitivité des microtechniques.

La Région soutient l'innovation


«L'alimentation, c'est fondamental», commente Marie-Guite Dufay. «C'est un des rôles et une fierté de la Région de pouvoir accompagner de tels projets», ajoute-t-elle.

Par ailleurs, concernant l'alimentation animale, la Région Bourgogne-Franche-Comté soutient une innovation amenant «les céréaliers à alimenter les élevages à lait».

Jean-Christophe Tardivon

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