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12/04/2024 20:02

TRANSITION ÉCOLOGIQUE : La Région Bourgogne-Franche-Comté souhaite «accélérer la décarbonation» de cinq aéroports

Ce jeudi 11 avril, à Dijon, le débat sur la stratégie aéroportuaire de la Région Bourgogne-Franche-Comté s'est transformé en référendum sur le financement de l'aéroport Dole-Jura. À distance, François Rebsamen a tenté un coup de pression destiné à Marie-Guite Dufay.
L'aéroport Dole-Jura est sur la sellette et c'est toute la stratégie aéroportuaire du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté qui bat de l'aile. Ayant prévu de sortir les aérofreins devant «l'échec» du modèle économique centré sur les vols low cost, la présidente Marie-Guite Dufay (PS) a demandé aux élus régionaux de voter la dite stratégie comprenant la fin de la subvention destiné à l'équipement jurassien.

Cependant, à l’instigation de François Rebsamen (PS, FP), six passagers ne se sont pas présentés à l'embarquement, ce qui a provoqué un trou d'air au moment le plus crucial. Cinq écologistes refusant de soutenir la pilote, Marie-Guite Dufay a évité de peu le crash en bout de piste.


Une «dissension» actée avec le groupe écologiste


Sur le plan politique, en préambule aux débats sur la révision de la stratégie aéroportuaire régionale, Marie-Guite Dufay assume la «dissension» entre le principal groupe de la majorité et le groupe des Écologistes et solidaires.

Cela avait d'ailleurs conduit à ce que le sujet soit identifié comme une exception à l'alliance des deux listes lors des élections régionales de 2021. Autrement dit, les membres des Écologistes et solidaires sont dispensés de discipline de vote sur ce sujet.

La Région souhaite «accélérer la décarbonation» de cinq aéroports


Présentant le rapport, Michel Neugnot (PS), premier vice-président chargé notamment des mobilités, signale que «cette actualisation ne modifie aucunement le nombre de plateformes aéroportuaires et leur activité».

Sur la trentaine d'équipements en lien avec l'aviation, allant de l'aéroclub à l'aéroport, la collectivité participe à cinq syndicats mixtes de gestion à Auxerre-Branches, Besançon-La-Vèze, Dijon-Longvic, Montbéliard-Courcelles et Nevers

Elle intervient indirectement auprès de l'aéroport de Dole-Jura qui fonctionnement en s'appuyant principalement sur des vols low cost, de l'aéroport de Saint-Yan qui accueille des formation en lien avec l’École nationale d'aviation civile, ainsi qu'auprès de Chalon-Champforgeuil et de l'aérodrome de Dijon-Darois qui sont tous les deux gérées directement par des collectivités locales.

«La Région confirme sa présence dans les différents syndicats mixtes et, donc, dans la gouvernance et le financement», expose Michel Neugnot, «elle souhaite peser pour accélérer la décarbonation avec, a minima, des économies d'énergétiques des bâtiments».

La collectivité envisage d'aborder avec plus d'attention que par le passé les renouvellements de délégation de service public ainsi que les enjeux en lien avec le foncier.

Fin de la subvention de fonctionnement pour l'aéroport Dole-Jura 


Concernant les interventions indirectes, la collectivité souhaite maintenir son action au sein de l'aéroport de Saint-Yan mais revoir le financement de l'aéroport Dole-Jura.

«Depuis 2008, je dis la même chose, cet aéroport n'a pas de modèle économique», martèle la présidente de la Région. Après avoir un temps soutenu le conseil départemental du Jura, par «solidarité» territoriale après le transfert de l'aéroport par l’État, Marie-Guite Dufay sort les aérofreins.

Cela sonne la fin de la subvention de fonctionnement après un travail infructueux pour trouver des lignes aériennes permettant à des touristes de venir en Bourgogne par cette plateforme.

Qui plus est, depuis 2008, la perception du changement climatique a évolué alors que le secteur des transports est un émetteur important de gaz à effet de serre. «Avec, maintenant, les contraintes écologiques : là où le TGV peut faire, on ne va pas prendre l'avion», ajoute Marie-Guite Dufay.

En revanche, la présidente de Région maintien son engagement de participer au financement de la réfection de la piste en mobilisant 1,5 millions d'euros.

Parallèlement, le Grand Dole, Dijon Métropole, le Département de la Côte-d'Or et le Département de la Saône-et-Loire se sont engagés à se joindre au Département du Jura pour financer le fonctionnement de l'infrastructure (lire notre article).

«C'est un rendez-vous manqué depuis 2004», pointe Jean-Marie Sermier


Les débats se focalisent sur l'aéroport de Dole-Jura et débutent sans surprise. Populistes, conservateurs, libéraux et sociaux-libéraux sont hostiles à cette actualisation, ciblant tout autant la présidente de l'exécutif que les élus du groupe Écologistes et solidaires.

«Pourquoi n'aurions-nous pas d'aéroport international ?» demande Jacques Ricciardetti (RN). «C'est un cadeau offert à vos amis écologistes», proteste Julien Odoul (RN), «cet abandon est un crime contre l'attractivité de notre région».

«C'est un rendez-vous manqué depuis 2004», pointe Jean-Marie Sermier qui rappelle que «la Franche-Comté» a été alors la seule Région à dire «non» à la reprise d'un aéroport transféré par l’État, d'où la prise de compétence par le Département du Jura. «Un jour, une majorité bénéficiera de cet aéroport quand l'avion sera zéro carbone.»

«On est en train de remettre en cause une invention exceptionnelle pour de mauvaises raisons», estime Denis Thuriot (REN), «le nouvel avion proposé par Airbus consomme 30 à 40% de moins que les autres». «Comme les véhicules, c'est en train de muter.»

«L'aéroport de Dole-Tavaux est largement fréquenté par des personnes à faible revenu», analyse François-Xavier Dugourd (LR). L'élu de la Côte-d'Or cite une étude de la CFDT qui estime que la suppression des vols de Ryanair induirait 6 millions de kilomètres par an en voiture pour rejoindre d'autres plateformes, équivalent à 4 millions d'euros et 600 tonnes de CO2.

«Les vols décarbonés sont loin d'être matures», considère Stéphanie Modde


Des radicaux de gauche aux communistes, en passant évidemment par les écologistes, la majorité semble unanime.

«Nous sommes la seule région française à disposer de quatre aéroports internationaux d'excellent niveau sans souffrir des nuisances nécessaires qui existent lorsqu'on a un aéroport sur son territoire», constate Patrick Molinoz (PRG) en référence aux infrastructures de Roissy, Orly, Lyon et Bâle-Mulhouse. Et d'inciter à «rouvrir le chantier de la ligne à grande vitesse qui pourrait relier Dijon à Lyon-Saint-Exupéry».

«Les vols décarbonés sont loin d'être matures», considère Stéphanie Modde (EELV). «Les programmes de rupture utilisant d'autres énergies, comme l'hydrogène ou l'électricité, ne rentreront pas en production avant 2035 voire 2045 pour les gros porteurs.»

«Depuis 2015, la stratégie du conseil départemental [du Jura] pour exploiter cet aéroport est un échec», déplore Willy Bourgeois (PS). L'élu du Jura critique l'approche du RN et des LR qui soutiennent ainsi «un système délétère», soulignant que 37 millions d'euros d'argent public ont été mobilisés, depuis 2010, pour soutenir cet aéroport et accompagner finalement une compagnie aérienne étrangère qui «pratique du dumping fiscal, du dumping social contre les travailleurs français».

«Il nous semble primordial de souligner l'impérieuse nécessite de développer les mobilités afin de permettre à nos concitoyens et concitoyennes de pouvoir mieux voyager», avance Matthieu Guinebert (PCF). «Nous n'avons pas vocation à financer (…) des groupes qui mènent une politique de casse sociale permanente.»
 

Le coup de pression de François Rebsamen visant Marie-Guite Dufay


Unanime ? Pas tout à fait. Autour d'une exploitation de vote, Françoise Tenenbaum (PS, FP) lâche que «les cinq élus de Dijon Métropole ne prendront pas part au vote».

«Dijon Métropole travaille quotidiennement à l'attractivité de la région et, pour cela, un aéroport régional est indispensable», assure celle qui est élue à la Région et à la Métropole, reprenant là un argumentaire de François Rebsamen, président de Dijon Métropole.

En privant la majorité de ces cinq voix, c'est un bien un coup de pression visant Marie-Guite Dufay qu'opère François Rebsamen à distance. Depuis que ce dernier a constaté que la Région réservait la même somme par habitant qu'à Besançon, malgré la nette différence de population de leurs aires urbaines respectives (lire notre article), des tensions se font jour entre les deux responsables de collectivité. Sans oublier que l'une s'oppose à Emmanuel Macron tandis que l'autre le soutient.

Alain Joyandet sermonne Gilles Platret


Constatant cela, Gilles Platret et Denis Thuriot s'accordent rapidement pour demander un scrutin public de façon à obtenir un vote nominatif.

Au détour de cette alliance de circonstance, un autre coup politique fratricide surgit. Après avoir regretté l'achoppement du Grand Canal Rhin-Rhône et l'absence d'une autoroute supplémentaire dans le nord Franche-Comté, de Langres à Belfort, Alain Joyandet (LR) en vient à régler ses comptes avec Gilles Platret (LR) au cours d'une explication de vote tout en le sermonnant (lire notre article).

45 pour, 43 contre


Avec six élus ne participant pas au vote et cinq élus écologistes qui s'abstiennent, l'actualisation de la stratégie aéroportuaire régionale est adoptée à une courte majorité de deux voix : 45 pour et 43 voix contre.

À noter que Jamilaj Habsaoui, placée en détention provisoire après sa mise en examen pour «trafic de stupéfiants», n'a pas donné de pouvoir. Ce sont donc 99 conseillers régionaux qui se sont exprimés, la majorité comptant 57 membres.

Même si le suspense a été de mise, Marie-Guite Dufay est restée flegmatique durant le scrutin, elle qui a géré une majorité d'une voix durant toute la précédente mandature.

Jean-Christophe Tardivon

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