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28/02/2024 17:25

SALON DE L'AGRICULTURE : «Pourquoi importer des produits que l'on peut produire en France ?»

Ce mardi 27 février, à Paris, deux éleveurs laitiers ont porté plusieurs revendications bien que non syndiqués. Ils appellent à une «transparence» de la grande distribution sur les prix et à «imposer l'origine des produits dans les plats préparés» au grand dam des industriels de l'agroalimentaire.
Quelques semaines après le mouvement social des agriculteurs, le feu du mécontentement couve encore. Les éleveurs notamment se sont rendus au Salon international de l'agriculture pour exposer leurs animaux, participer au concours général, évoquer leur savoir-faire et distiller quelques messages aux visiteurs mais aussi aux responsables politiques.

Ce mardi 27 février 2024, Gilles Platret (LR), maire de Chalon-sur-Saône et conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, président du groupe d'opposition du Rassemblement des républicains, droite, centre et écologistes indépendants, a déambulé dans les allées du Salon (lire notre article). Il a notamment échangé avec deux éleveurs de montbéliardes de la filière de production du comté, non syndiqués.


Le lait à comté ou l'«Astérix et Obélix» de l'élevage laitier


«Il faut soutenir les agriculteurs», a déclaré Julien Negri, chef d'exploitation à Ouvans, commune du Doubs au nord-est de Valdahon, interrogé par Infos Dijon. «Ce n'est pas parce qu'on est en comté qu'il ne faut pas soutenir les autres.»

«On dit souvent que le lait à comté, c'est le ''Astérix et Obélix'' du prix du lait en France», a rappelé l'éleveur à propos de cette filière structurée et bénéficiant d'une valorisation spécifique au comté, premier fromage à avoir décroché une appellation d'origine protégée en France. «Est-ce que c'est nous qui sommes trop hautement payés ou les autres qui ne sont pas assez payés ? Je pense que c'est la normalité de vivre de son travail.»

«Il faut organiser les filières autrement», a revendiqué Florian Boucard, chef d'exploitation à La Chaux-de-Gilley, commune du Doubs proche de la frontière avec la Suisse, appelant à s'inspirer de l'exemple de la filière du comté.

Néanmoins, les deux éleveurs ont repoussé le principe de labellisation dans un contexte de crise de production de certains produits commercialisés sous signes officiels d'origine et de qualité.

«Ça soutient quelques niches mais pas l'ensemble [des agriculteurs]», a analysé Julien Negri.

«Il faut montrer le prix payé à l'agriculteur, la marge que la distribution se fait pour que le consommateur comprenne», a poursuivi Julien Negri, revendiquant «la transparence du prix des produits».

«Il faut qu'on arrête d'importer des produits de moindre qualité»


«On sait produire des produits de qualité en France», revendique l'éleveur qui critique sévèrement les accords de libre-échange de l'Union européenne comme. «Il faut que l'on puisse vivre de nos produits français et qu'on arrête d'importer des produits de moindre qualité», ajoute Florian Boucard. «Pourquoi importer des produits que l'on peut produire en France ?»

Le projet d'accord le plus critiqué concerne le Mercosur, négocié en 2019 avec des pays d'Amérique du sud qui ont ensuite refusé de s'engager sur de nouvelles exigences environnementales et commerciales demandées par l'Union européenne en 2023. L'exemption de droits de douane liés à l'importation de poulets ukrainiens cristallise également les mécontentements.

En particulier, Julien Negri souligne l'enjeu du «bilan carbone» et s'interroge sur le principe commercial poussant à «vendre du blé aux États-Unis pour ensuite importer du blé».

La responsabilité de l'Union européenne a été mise en cause par les deux éleveurs : «c'est l'Europe qui décide quasiment tout maintenant».

«Il faudrait imposer l'origine des produits dans les plats préparés»


Prolongeant la réflexion sur les importations, Julien Negri signale le recours de l'industrie agroalimentaire aux matières premières agricoles importées qui entrent souvent dans la composition de plats cuisinés.

Si la balance française du commerce extérieur agroalimentaire reste très favorable – la France exporte bien plus de produits alimentaires qu'elle n'en importe -, l'excédent a fortement diminué en 2023 par rapport aux années précédentes du fait d'une baisse en volume des vins et spiritueux exportés – les vins des vignobles de Bourgogne-Franche-Comté prenant pourtant leur part – et d'une hausse des importations.

«Il faudrait imposer l'origine des produits dans les plats préparés», a revendiqué Julien Negri, comptant alors sur «un changement des habitudes alimentaires» des consommateurs en faveur des agriculteurs français. «Les produits de très bonne qualité, on peut les trouver aux mêmes prix si les distributeurs ne se prenaient pas de telles marges.»

La difficile information des consommateurs


Selon le ministère de l’Économie, depuis le 1er avril 2020, «lorsque l'étiquetage fait apparaître l'origine d'une denrée alimentaire et que celle-ci diffère de celle de son ingrédient primaire, l'indication de l'origine de l'ingrédient en question devient obligatoire».

Ainsi, si l'étiquetage d'un gâteau revendique une origine française alors que la farine mise en œuvre dans sa fabrication et composant plus de 50% du produit ne serait pas produite en France alors le fabricant doit renseigner le consommateur sur l'origine de la farine.

Pour l'ensemble des produits transformés, de 2017 à 2021, la France a mené une expérimentation unique en Europe d'étiquetage de l'origine des laits et viandes pour informer le consommateur, cela faisant suite au scandale des lasagnes à la viande de cheval.

L'expérimentation a dû cesser suite à une action juridique de Lactalis qui a pu argumenter que le décret en question était contraire au droit européen.

Le gouvernement envisage un «Origine-score»


Aujourd'hui, le gouvernement compte réactiver une telle démarche, cette fois sous la forme d'un «Origine-score», comme annoncé, le 22 février dernier, par la ministre de la Consommation.

Dans un premier temps, cet indicateur serait facultatif, le gouvernement envisageant une démarche au niveau européen lors de la révision en 2025 du règlement INCO sur l'information sur les denrées alimentaires pour aller vers un affichage obligatoire.

Jean-Christophe Tardivon

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