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06/02/2024 19:54

SALON DE L'AGRICULTURE : «C'est le salon d'une confiance qu'il faut retisser», estime Marc Fesneau

Les débats lors du mouvement social des agriculteurs se prolongent jusque dans les préparatifs du premier événement de France où 600.000 visiteurs sont attendus. Ce mardi 6 février, le ministre de l'Agriculture a rappelé les mesures étant «déjà sur la table».
La 60ème édition du Salon international de l'agriculture se prépare dans un contexte social particulier alors que couvent encore les braises de la mobilisation des agriculteurs.

Du 24 févriers au 3 mars, portes de Versailles, à Paris, les organisateurs comptent bien accueillir environ 600.000 visiteurs souhaitant «voir de quoi est faite l'agriculture française».

Ce mardi 6 février 2024, les grandes lignes du premier événement de France ont été présentées par Jean-Luc Poulain, président du Salon, Valérie Le Roy, directrice, en présent de Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture, et Dominique Reynié, politologue.


«Quand je me suis installé, on m'a dit qu'il fallait produire plus», se souvient Jean-Luc Poulain


Président du Salon de l'agriculture depuis 2008, Jean-Luc Poulain passera la main l'année prochaine. «Une crise secoue l'agriculture, une crise qui a démarré il y a 30 ans avec la perte de reconnaissance du monde agricole et la perte de valeurs», analyse ce fils de paysan. «Quand je me suis installé, on m'a dit qu'il fallait produire plus ; aujourd'hui, on me dire qu'il ne fallait pas faire ce qu'on m'avait dit de faire.»

«Le monde agricole est un grand pourvoyeur de bonheur, trois fois par jour au moment des repas», préfère envisager Jean-Luc Poulain, «l'agriculture n'est faite que de gens résilients, passionnés, convertis depuis longtemps à l'adaptation et au changement. Nous sommes un immense pont entre des chemins qui s'éloignent, agriculture et société.»

Des mesures gouvernementales sont «déjà sur la table»


«C'est le salon d'une confiance qu'il faut retisser. (…) Il y a des sujets avant et après salon», signale Marc Fesneau, «notamment sur la simplification, des sujets peuvent être posés tout de suite». Le ministre de l'Agriculture sait que les militants syndicaux ont posé le Salon comme jalon pour obtenir des avancées concernant leurs revendications.

«Il y a ce qui est déjà sur la table», insiste-t-il. Et d'évoquer GNR et avance de trésorerie, plan d'urgence pour la viticulture accompagné d'un plan structurel, mesures pour le bio, fonds d'urgence sur les conséquences de la maladie hémorragique épizootique des bovins et délai de recours raccourci sur les projets eau et élevage.

«À l'Europe de faire aussi son chemin sur la politique agricole», postule Marc Fesneau


«La loi d'orientation viendra poser les principes sur la souveraineté, la transmission, la simplification», rappelle le membre du gouvernement.

«Il y a un besoin de dire que c'est un marché unique, c'est L'Europe. À l'Europe de faire aussi son chemin sur la politique agricole», martèle le ministre de l'Agriculture.

La difficile réduction des produits phytosanitaires de synthèse


Concernant la réduction d'usage des produits phytosanitaires de synthèse, «il faut se caler sur des calendriers européens», assure Marc Fesneau alors que le plan Écophyto qui réglemente cette réduction a été mis «en pause» par le Premier ministre Gabriel Attal.

«On a besoin de trouver des alternatives pour les molécules CMR1 et CMR2 pour lesquelles la toxicité est avérée», avance le ministre de l'Agriculture. Concernant les néonicotinoïdes, «l'Union européenne est en train de sortir petit à petit ces molécules-là».

«La stratégie de réduction d'usage n'a pas été une surtransposition qui soit de nature à obérer grandement la productivité française», se défend Marc Fesneau, «il faut qu'on assume une trajectoire coordonnée avec les autres pays européens».

«Il y a des cas où est dans des impasses», concède-t-il, «on doit aller chercher à grande vitesse des alternatives».

«Si vous n'êtes pas dans les mêmes conditions de production que les autres, il vous faut de sérieux avantages», réagit Jean-Luc Poulain, «on a la chance d'avoir un climat propice, une qualité des sols que beaucoup de pays nous envie, une formation des agriculteurs bonne voire très bonne». «L'agriculture française a de beaux jours devant elle !»

Aux Pays-Bas, un «clivage» entre les métropoles et le reste du pays


«L'agriculture n'est pas un secteur comme les autres», analyse Dominique Reynié, «l'agriculture, c'est au fondement de nos cités, c'est l'origine des États». Lors de la crise sanitaire, «les gens ont refait l'expérience du caractère vital de l'agriculture», poursuit le politologue.

«Quand on sent que l'agriculture est ébranlée, l'essentiel semble faire défaut, c'est ce que les Français ressentent. ''Pas de pays, sans paysan'' : sans l'agriculture, il n'y a pas de puissance publique, il n'y a pas de communauté. L'idée que ce secteur-là puisse être affecté génère des inquiétudes qu'on va voir revenir dans la politique», alerte-t-il.

«Les élections législatives aux Pays-Bas ont complètement bouleversé le paysage politique hollandais», note-t-il, «le mouvement des tracteurs a trouvé son moment». «La géographie électorale des résultats montre qu'il y a un clivage radical entre le comportement des métropoles et tout le reste du pays.»

En France, les métropoles accueillent 13% des électeurs, «tout le reste est beaucoup plus en contact avec le monde agricole que nous le pensons».

Dominique Reynié met en avant «l'édition du génome»


Pour «réconcilier écologie et agriculture», Dominique Reynié incite à «introduire d'autres termes du débat» comme «la compétition» et à «introduire plus massivement la recherche et l'innovation notamment dans l'édition du génome».

Le système de biologie moléculaire CRISPR/Cas9 de découpe de l'ADN a été inventé par la chercheuse française Emmanuelle Charpentier avec l'aide de l'Américaine Jennifer Doudna, à l'université de Californie à Berkeley, pour lequel elles ont obtenu le prix Nobel de chimie en 2020.

Aujourd'hui, «42% des brevets en édition du génome sont américains, 42% sont chinois», note Dominique Reynié. «Nous avons des solutions pour réduire les intrants, pour passer le stress hydrique, on ne s'en sort pas pour des raisons idéologiques».

«On a besoin de faire recours à la science et aux technologies», rebondit Marc Fesneau, «on ne peut pas être le seul continent qui se prive – y compris quand on cherche un chemin raisonnable – de ces techniques-là».

«On ne peut pas commander la nature à partir des bureaux», proteste Jean-Luc Poulain


«On nous dit ''il faut moins de vaches, il faut plus d'herbe'', comment on fait ?», réagit Jean-Luc Poulain en donnant ainsi un exemple d'«injonctions contradictoires de la société».

«On ne peut pas commander la nature à partir des bureaux», poursuit le président du Salon de l'agriculture, «on a vu l'exemple avec la soviétisation de l'Ukraine, de grenier à blé, ils sont devenus importateurs».

«4 degrés, pour l'agriculture française, c'est la mort», alerte Marc Fesneau


«4 degrés, pour l'agriculture française, c'est la mort», alerte cependant Marc Fesneau, «c'est Perpignan à Orléans». «C'est Monsieur Poutine qui sera content. (…) Le sujet climatique est un défi terrible pour l'agriculture».

Une élévation de 4°C des températures moyennes en France d'ici 2100 par rapport à l'ère préindustrielle correspond à l'un des scénarios de travail du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Si l'Accord de Paris se fixe comme référence une élévation de 1,5°C, la température moyenne entre 2013 et 2022 a déjà été constatée comme supérieure de 1,14°C aux valeurs de référence.

Carrefour a «retiré sa présence»


«Les agriculteurs ont montré lors des dernières actions syndicales qu'ils savaient être responsables», note Jean-Luc Poulain qui ne semble pas s'attendre à des expressions de colère à l'intérieur de la porte de Versailles. «Il faut que le débat se poursuive, le salon est là pour ça.»

En revanche, le président du Salon note «une diminution» de la présence des enseignes de la grande distribution. Si Lidl a maintenu son stand, Carrefour a «retiré sa présence», comme le signalent les organisateurs.

Jean-Christophe Tardivon

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«L'Ukraine est la bienvenue dès lors qu'on en fait un allié et pas un concurrent», déclare Marc Fesneau


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