Le processus de démocratie interne de l'université de Bourgogne est quasiment terminé. À la suite des élections aux conseils centraux des 30 et 31 janvier derniers, le conseil d'administration s'est réuni le 11 mars et, par 24 voix contre 4, a reconduit Vincent Thomas à la tête de l'université de Bourgogne. Il reste deux vice-présidences de commission à valider fin avril.

Ce vendredi 15 mars 2024, à la Maison des sciences de l'Homme, à Dijon, Vincent Thomas a présenté la nouvelle équipe de gouvernance au grand complet. Cinq universitaires ont quitté le conseil d'administration –  Karen Fiorentino, Alexandre Fournier, Sophie Morlaix, Pascal Neige et Emmanuelle Pucéat – et cinq font leur entrée – Carine Michel, Nadine Millot, Sandrine Rousseaux, Vanessa Vaizant et François Weckerle.

Le champ de certaines vice-présidences a été revu

Avec 35.000 étudiants sur six campus territoriaux et 3.000 personnels, «l'université est un acteur de la société qui doit pleinement jouer son rôle citoyen en étant engagée au-delà des missions qui lui sont confiées par le ministère», déclare Vincent Thomas. D'où une ouverture à de nouvelles thématiques.

Deux vice-présidences ont été créées : une au développement durable, en étant associé à la responsabilité sociétale des entreprises, une autre aux solidarités, complété par le handicap et l'inclusion.

Le périmètre de certaines vice-présidences a été revu : pilotage et budget ont été regroupés dans une même délégation tandis que la cybersécurité et l'intelligence artificielle s'ajoutent à la stratégie numérique.

Une succession de crises de 2020 à 2023

Durant le mandat précédent, la gouvernance de l'université de Bourgogne a dû faire face à plusieurs crises successives : l'épidémie de la Covid-19 au début de laquelle a été mis en place une université à distance, les conséquences de la guerre en Ukraine sur les prix de l'énergie et les tensions au sein de l'université fédérale de Bourgogne-Franche-Comté qui ont débouché sur la mise en route de deux établissements publics expérimentaux.

Malgré ce contexte, Vincent Thomas revendique de «nombreuses avancées» en faveur des étudiants et des personnels de l'université de Bourgogne au gré d'une politique d'ajustement des primes des personnels non-enseignants, une politique de ressources humaines «très dynamique» visant à renouveler les emplois vacances et à créer «plusieurs dizaines d'emplois», de la création d'une délégation à la qualité de vie au travail, la refonte de la charte des personnels contractuels de façon à dessiner «des perspectives de carrière» ainsi que la mise en place de la commission de la solidarité étudiante.

«L'université de Bourgogne se transforme»

Concernant son environnement, l'université de Bourgogne a renforcé ses liens avec les organismes nationaux de recherche,avec le tissu associatif et les acteurs publics territoriaux ainsi qu'avec des organismes internationaux au travers notamment de 350 conventions passées dans le monde entier

«L'université de Bourgogne se transforme», rappelle Vincent Thomas alors l'institution a prévu d'évoluer dans le cadre d'un établissement public expérimental dénommé Université Bourgogne Europe qui sera créé le 1er janvier 2025.

Dans le cadre d'«un projet au service des étudiants, du territoire, de la connaissance, de la formation, de la société», il s'agit de «construire un site universitaire d'avenir qui affiche son ambition européenne et internationale» sans pour autant écarter des collaborations avec les établissements de Franche-Comté «dès lors que ça se justifie».

Dix autres établissements de l'enseignement supérieur ou structures pratiquant une activité de recherche vont intégrer l'Université Bourgogne Europe : l’École supérieure de musique Bourgogne-Franche-Comté, l’École nationale supérieure d'art de Dijon, l'Ecole supérieure d'arts appliqués de Bourgogne, Burgundy School of Business, le CHU Dijon Bourgogne, le centre anti-cancer Georges-François Leclerc, l'antenne dijonnaise de Sciences Po Paris ainsi que les écoles d'ingénieurs CESI, ESTP et ESEO. Le CROUS Bourgogne-Franche-Comté, s'occupant des questions de vie étudiants participe également à la démarche.

La transition écologique au sein de l'institution et dans les formations

Alors que l'université de Bourgogne déploie depuis 2012 une politique de développement durable, l'équipe de gouvernance envisage désormais de faire de la transition écologique «une question majeure à toutes les étapes de formation des jeunes».

Concernant le fonctionnement de l'institution, le plan de sobriété énergétique produit ses effets avec une baisse de 2% de la consommation d'électricité en 2023 par rapport à l'année précédente et de 19% de la consommation d'eau.

À court terme, l'université de Bourgogne vise à obtenir en 2025 le label Développement durable & Responsabilité sociétale (DD&RS) propre à l'enseignement supérieur. Dans ce cadre, sera rédigé en 2024 un schéma directeur du développement durable et de la transition énergétique et écologique.

De futures résidences étudiantes à énergie positive à Dijon

À moyen terme, des ombrières avec panneaux solaires photovoltaïques sont prévues sur le campus dijonnais.

À plus long terme, l'université de Bourgogne envisage un partenariat avec Elithis pour développer la construction de logements étudiants à énergie positive de façon à «répondre aux besoins» à l'échelle de la métropole dijonnaise.

«S'imprégner des évolutions de la société»

«L'université n'est pas une tour d'ivoire ; elle est, par nature, un espace qui est ouvert sur l'extérieur», indique Vincent Thomas. «Cet esprit d'ouverture est absolument indispensable pour s'imprégner des évolutions de la société», ajoute-t-il alors que les étudiants accueillis sont renouvelés en moyenne tous les quatre ans, apportant avec eux de nouveaux codes sociétaux.

Le président vante «un état d'esprit qui permet de mieux transmettre, de mieux apprendre avec d'autres, d'être au service de la société dans son intégralité».

Un référent pour «faire respecter le droit de la laïcité»

Concernant les atteintes à la laïcité et aux valeurs républicaines, Vincent Thomas relève trois situations en quatre ans, deux relevant d'étudiants affichant «des signes extérieurs qui ne sont pas compatibles avec le bon déroulement d'un examen» et une relevant d'affichage de signes religieux de la part d'un agent contractuel.

Dans ce dernier cas, «une intervention respectueuse en rappelant la règle sur le devoir de neutralité absolue durant les heures de service» a permis de résoudre la situation.

Pour «faire respecter le droit de la laïcité», l'université de Bourgogne a instauré un référent laïcité, un professeur de philosophie, qui «mène sa mission avec discrétion, avec tact et aussi avec détermination».

Par ailleurs, Vincent Thomas est référent laïcité de France Universités et a participé à la rédaction du guide de la laïcité publié en 2023 par l'association rassemblant les dirigeants d'universités.

«La laïcité est intégrée dans la stratégie de l'établissement dans une perspective de résolution des questions qui se posent dans le respect des règles qui dicte le fonctionnement du service public et de l'ordre public», indique Vincent Thomas. «Les manifestations religieuses qui prendraient la forme d'un certain prosélytisme ne peuvent pas être tolérées dans notre établissement.»

Le 16 octobre, une journée dédiée à la laïcité et à la tolérance

La communauté universitaire a été marquée par les morts de Samuel Paty et de Dominique Bernard, respectivement assassinés par des terroristes islamistes les 16 octobre 2020 et 13 octobre 2023.

Conformément à un engagement de campagne en vue des dernières élections universitaires, Vincent Thomas a décidé de rendre hommage à «deux collègues de l'enseignement secondaire, des hussards de la République, qui portaient des valeurs d'ouverture, d'esprit critique, de connaissance et de laïcité, assassinés de manière odieuse pour les valeurs qu'ils représentaient».

«À notre échelle, modeste, nous allons promouvoir la laïcité pour assurer la paix sociale», annonce le président de l'université de Bourgogne. Comme il y a, le 8 mars, une journée de réflexion collective sur les droits des femmes, sera instaurée, le 16 octobre, une journée dédiée à la laïcité et à la tolérance.

«Le terme de tolérance a beaucoup disparu du vocabulaire courant», déplore Vincent Thomas. «Cette tolérance nous devons l'avoir à l'égard du phénomène religieux et le phénomène religieux doit également l'avoir à l'égard de la laïcité et des valeurs de la République».

Le dossier de l'université de Bourgogne sur la nouvelle gouvernance

Le dossier sur l'établissement public expérimental Université Bourgogne Europe

«La solidarité étudiante est véritablement institutionnalisée dans l'université de Bourgogne», souligne Vincent Thomas