«Une sale affaire». C’est ainsi que des habitants d’Avallon qualifiaient, mardi dans Le Parisien, le placement en garde-à-vue de leur Maire, Jamilah Habsaoui, dans le cadre d’une affaire de trafic de stupéfiants.
Ce mercredi, Jamilah Habsaoui, a été mise en examen et placée en détention provisoire. La Présidente de Région Marie-Guite Dufay a réagi par voie de communiqué. Pour d’abord appeler au respect de la présomption d’innocence, pour annoncer la suspension de sa délégation et pour acter sa mise en retrait de son groupe politique, à savoir celui de la majorité de gauche.

Dans son communiqué, Marie-Guite Dufay a également appelé, concernant Jamilah Habsaoui, au «respect de sa personne, qui fait l’objet d’une campagne haineuse sur les réseaux sociaux ces derniers jours, souvent basée sur ses origines».
Nous ne pouvons qu’approuver ces dénonciations de ce que l’on peut trouver sur ce que certains appellent, dans le langage courant, des réseaux sociaux, mais qui sont trop souvent les réseaux de la haine.
On le sait, il est facile sur son téléphone, sur le clavier de son ordinateurs, oui facile de proférer des propos haineux, que l’on peut d’ailleurs parfois trouver dans des commentaires d’articles sur des médias où, trop souvent, ceux qui sont appelés les modérateurs, ont des indignations à géométrie très très variables.
Nous l’écrivons d’autant plus facilement que nos médias ne sont pas ouverts aux commentaires non régulés et donc ouverts à toutes les dérives, avec des flots de haine.
Que Madame Dufay, aujourd’hui, dénonce une campagne haineuse sur les réseaux sociaux», c’est très bien. Nous ne pouvons qu’approuver. Mais Madame Dufay, il ne faut pas que votre indignation soit celle d’un jour et de circonstance. Ces réseaux véhiculent de la haine, de la violence, des fake news (fausses informations) non pas à longue de journée, mais au fil des secondes et des minutes qui passent. Alors soyez cohérente Madame Dufay. Arrêtez de financer ces réseaux où trop régulièrement on trouve des publicités du Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté où de ses satellites comme par exemple MOBIGO.
Madame Dufay où ne peut pas dénoncer les propos haineux et financer ceux qui vivent de ces propos haineux. Il faut de la cohérence. Et encore plus quand on sait que ces entreprises, appelées les GAFA, ne paient pour ainsi dire pas d’impôts, ni de charges en France.
On sait bien que nombre d’élues et d’élus ont le sentiment d’être ainsi des directeurs de rédaction, quand ils se laissent aller. Peut être sont-elles ou sont-ils frustrés de ne pas pouvoir décider de ce qui est ou sera publié dans les médias. Dans notre démocratie, la presse est libre. Peut-être pas autant que certains le voudraient,  mais libre quand même.
La liberté, notre liberté, c’est de pouvoir écrire cet EDITO dont on sait qu’il ne fera pas plaisir à tout le monde. Soyez heureuse Madame Dufay, mesdames et messieurs les élus, de lire cet EDITO. Nous défendons le pluralisme. Nous défendons les expressions libres tant qu’elles sont dans le respect de la loi.
Chez nous, dans nos médias, nous n’avons pas proféré de propos haineux, nous n’avons pas laissé passer de propos haineux ou diffamants contre vous-même Madame Dufay, contre Madame Jamilah Habsaoui, ni contre d’autres élus. Et si parfois des propos peuvent être tendancieux ou mal perçus ou donnent à réagir, les réactions sont mises en ligne. C’est cela la démocratie. Mais la démocratie ce n’est pas la haine. Et en tout cas, nous ne laisserons jamais, absolument jamais, la haine aveugle, sournoise, dégueulasse, s’installer dans nos médias. Car le pluralisme, la démocratie, la liberté de la presse, ce n’est pas cela.
Vous le savez très bien, quand dans votre hémicycle des comportements, ou des déclarations doivent être dénoncés noir sur blanc, nous n’avons pas peur de monter au front. Nous l’avons prouvé à plusieurs reprises en étant en première ligne.
Nous le répétons, oui nous approuvons la dénonciation, votre dénonciation, des propos haineux qu’ils visent Madame Jamilah Habsaoui ou d’autres. Raison de plus pour que  vous preniez pleinement conscience que vous n’avez rien à gagner, que la démocratie n’a rien à gagner à vous voir continuer à vous voir alimenter les machines à cash que sont les réseaux dits sociaux et qui sont des miroirs aux alouettes. «Réseau, ô mon beau réseau, dis-moi que je suis la meilleure, que je suis le meilleur»… «Oui et encore plus si tu payes !»
Vous pouvez croire en notre conviction autant que notre détermination.

Alain BOLLERY